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Polgara - Acte III (Dans le cercle de pierres)

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Polgara - Acte III (Dans le cercle de pierres) Empty Polgara - Acte III (Dans le cercle de pierres)

Message  Sance Lun 2 Aoû - 15:36

Dans le cercle de pierres


Ici ! C'était ici ! Polgara hurla un ordre sec, impérieux qui immobilisa le traîneau en quelques secondes. Sans même attendre que leur maîtresse descendît, les chiens s'allongèrent sur la neige, langue pendante, épuisés par cette nouvelle journée de course effrénée à travers les Svarthöjd qui s'achevait. Les provisions allaient bientôt manquer. Depuis plusieurs semaines, Polgara sillonnait la région à une allure folle, sans quitter des yeux le collier bleuté à son cou. Elle avait eu bien du mal à persuader Wodan de lui laisser son talisman, mais il avait finalement consenti en lui conseillant de partir pour les Svarthöjd... "Parfois, la reine se rend là-bas. Et pour qu'elle se hasarde si loin de son palais, il faut que ce soit un problème très important à ses yeux."

Alors que Polgara gravissait la pente à pas lents, la lumière de son pendentif vacillait, hésitait à s'éteindre presque, avant de reprendre un instant, plus faible pourtant... Était-ce la fatigue de toutes ces journées ? l'effort sans cesse renouvelé de ses recherches ? ou plus simplement, la fin de cette journée ensoleillée, au début de la Saison des Arbres ? L'air semblait soudain plus doux, presque chaud, à Polgara, alors qu'elle atteignait le haut de la colline. Deux rochers gris dépassaient du sommet. Non, pas deux, trois... Quatre... Et ce n'étaient pas des rochers, mais des pierres... des pierres dressées. Au sommet, douze pierres levées de granite gris attendaient Polgara en silence. Hautes et minces sous une couche de glace luisante, elles formaient un cercle parfait d'une bonne trentaine de mètres de diamètre. Polgara s'approcha des pierres dressées, deux fois plus hautes qu'un homme, qui la dominaient de leur grandeur austère, et pourtant vaguement familière. Alors qu'elle s'apprêtait à franchir le bord du cercle, elle s'arrêta, le coeur battant, abasourdie. Qu'est-ce que c'était que çap ? Puis un sourire apparut lentement sur le visage de Polgara, elle qui était pourtant inquiète, et fatiguée, si fatiguée...

Tout était clair.

Il ne restait plus qu'à attendre.

Il fallait se préparer, et attendre.

.oOo.

Le soleil était suspendu au zénith, intense dans l'azur profond. A l'ombre des bouleaux aux feuilles vertes et jaunes, les rennes des Svarthöj entrechoquaient bruyamment leurs bois dans des parades nuptiales violentes et raffinées. Un lièvre à la fourrure grisonnante fouillait la neige fondante à la recherche de quelques pousses d'herbe sans se préoccuper des brames rauques. La Saison des Lumières, le temps de la douceur, les journées les plus longues de l'année, où la vie si longtemps endormie bruissait joyeusement dans toute Hibernia...

Un bruit au loin. Les rennes reniflèrent l'air presque chaud de la forêt avant de s'enfuir dans l'instant, suivis du lièvre encore interloqué par le spectacle dont il avait été le témoin en contrebas. Un premier traineau tiré par une douzaine de chiens glissait sur la neige humide, puis un deuxième, et un troisième encore. Suivait une haute troïka ornée de clous d'or et de chaînes d'argent, tirée par trois trois ours blancs qui couraient côte à côte en grognant. Puis encore deux autres traineaux suivaient encore, plus ordinaires. L'étrange convoi finit par s'arrêter au pied de la colline des pierres levées. Des traineaux descendit une vingtaine d'hommes, tous revêtus d'armures et de heaumes d'un noir profond. Ils encerclèrent la colline sans attendre. Une fois agenouillés dans la terre enneigée, ils commencèrent à régler les lourdes arbalètes qu'ils portaient sur l'épaule.

Les oiseaux avaient cessé de chanter depuis longtemps, quand finalement, une silhouette haute et mince sortit de la troïka d'or et d'argent. C'était une femme encore jeune, au teint pâle et aux cheveux si blonds qu'ils en paraissaient presque blancs, en harmonie parfaite avec sa tunique immaculée et sa cape d'hermine. La femme jeta un bref regard sur les ours de son attelage, puis elle embrassa le paysage alentour d'un regard bleu acier, sans afficher la moindre passion hormis une touche lointaine de dédain. Enfin, elle se mit en route, calme et hautaine. A son front brillait un diadème de saphirs et de diamants, irradiant d'une énergie qui dépassait, et de loin, le seul reflet des feux du soleil. La Reine des Glaces, la souveraine d'Hibernia, Jadis de Niflhel, se dirigeait seule, calme et hautaine, vers le sommet de la colline, sous la garde vigilante des Guerriers des Tempêtes.

Lorsque la reine atteint le centre du cercle formé par les pierres gelées, son visage, jusque-là impénétrable, se tordit soudain dans une grimace railleuse:
"Te voilà, ma belle. Toujours fidèle au rendez-vous."
Jadis s'adressait à la femme aux cheveux noirs et à la peau bleutée qui lui faisait face. Mais celle-ci aurait été bien en peine d'entendre la voix dure et méprisante de Jadis, et plus encore de lui répondre. La femme déjà âgée avait été emprisonnée à tout jamais dans un énorme bloc de glace, aussi haut que les pierres alentours. A travers la paroi translucide, on la voyait, immobilisée dans la posture d'une féroce incantation, les bras écartés, les yeux exorbités, la mâchoire tordue par l'effort. Jadis cracha, dégoûtée:
"Hela... Si seulement j'avais pu me débarrasser de toi autrement, pauvre folle !"
Les paroles qui résonnaient entre les pierres levées masquaient mal la nervosité de Jadis. Elle redoutait de devoir revenir ici, chaque année. Elle sentait bien que le cercle de pierre constituait l'exact opposé de son château à Caer Givris. Le lieu d'Hibernia où l'emprise des glaces était la moins ferme. D'ailleurs, n'était-ce pas justement pour cela qu'elle avait défié l'ancienne reine ici-même, là où ses pouvoirs étaient les plus faibles, afin de pouvoir prendre sa place ? Si seulement elle avait pu éviter cette visite, transformer cette crainte pérpétuelle en simple souvenir...

La Reine des Glaces soupira. A nouveau emplie de majesté, elle leva les paumes de main vers le ciel et psalmodia lentement les premières paroles d'un hymne oublié:
"Brunhilde et Viakanar, vous qui siégez au-dessus des hommes dans le ciel immense et sans chaleur, aidez celle qui règne sur Hibernia..." Une lueur bleutée de plus en plus intense irradiait de son diadème, la même qui enveloppait le bloc de glace face à la reine. "Neige et glace sont sa maison..."

Un reflet brillant courut à la surface du bloc de glace qui emprisonnait Hela. L'éclair toucha la main de Jadis avant de rebondir sur une des pierres gelées, la libérant de sa gangue de glace dans une explosion sonore. Un deuxième éclair s'en alla directement toucher la prison glacée d'Hela, ouvrant une large crevasse dans la paroi translucide avec un craquement assourdissant. Les traits ravagés par la douleur, Jadis se retourna, tendant sa paume brûlée devant elle dans un geste de protection:
"Qui a osé... ? Quoi !Toi ?"
Face à elle se tenait celle qui venait de l'attaquer. Car une troisième femme venait d'apparaître dans le cercle. Une jeune femme blonde, au visage élégant et sévère, qui frémissait de colère et... oui, de haine. Par ce premier sortilège, Polgara venait de lancer l'assaut contre Jadis et ses soldats, contre celle qui l'avait privée d'Halvor durant tous ces mois, qui l'avait peut-être même... On entendait en contrebas le sifflement de flèches enflammées et de carreaux d'arbalète qu'échangeaient les Guerriers des Tempêtes embusqués autour de la colline et les Trappeurs rendus invisibles et cachés dans les bois.

Sans attendre, Polgara lança deux mots en ouvrant le poing, doigts tendus vers Jadis. Des flammes surgirent du sol enneigé, entourant la Reine et son encombrant bloc de glace d'un rideau de feu. Jadis avait beau ricaner face à la fournaise, elle épiait en tous sens les flammes qui se rapprochaient à toute vitesse. Désemparée, elle finit par écarter les bras en baissant la tête, son diadème pulsant à un rythme de plus en plus rapide. Venu de nulle part, un vent insensé balaya la colline en soulevant neige et glace dans un effroyable blizzard. Quand enfin la tempête s'arrêta, elle avait tout emporté au loin, la neige au sol, la glace enserrant les pierres levées, et surtout, le rideau de flammes invoqué par Polgara.

Au centre du cercle, les trois femmes se faisaient toujours face, le visage convulsé dans la chaude après-midi du solstice. Des jurons de soldat résonnaient plus bas. Les Trappeurs étaient montés à l'assaut. La bataille avait commencé.


Dernière édition par Sance le Mar 24 Aoû - 21:41, édité 5 fois
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