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Les règles du jeu -Partie II

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Message  Tuvok Mar 25 Jan - 15:12

Les règles du jeu (Partie II)

*WOOOOOOOOOOOOOOOOOOOHHHAAAAAAAAAAAAAAAAA*

Une épaisse couche de béton n'arrivait pas à isoler les joueurs des vivas du stade chauffé à blanc. La résonance des chants des tifosi faisait vibrer les murs et les entrailles noués des stompballers. Leurs muscles étaient chauds. Les esprits aussi.

« Fais-toi au moins remplacer à la moitié du deuxième tiers-temps, juste dix minutes ! »
suppliait Fortuné.

« Suce moi » eut pour toute réponse l'autre grand black de l'équipe, assis sur un banc, le dos contre un casier en biberonnant nonchalamment une boisson énergétique.

« Déjà fait non ? »
ironisa Eddie pour calmer l'ambiance. Il échoua en grande partie.

« Sérieusement, Tuv'. Depuis le début de la compétition, t'as fait tous les matchs jusqu'au bout. On a falli manger notre demi-finale à cause de ça. T'as pas eu le temps de récupérer, c'est pas possible. Même toi ! Tu vas finir sur les rotules et tu vas nous mettre dedans. Alors qu'on peut gagner à l'aise si tu passes la main cinq petites minutes, bordel de merde ! »


Fortuné tenta de mettre une main sur l'épaule du numéro 1 mais celle-ci fut renvoyée d'une baffe rapide.

« Touche à ton cul, Fortu ! J'suis capitaine alors tu fermes ta gueule et tu joues à ton poste, point barre ! ».

Faisant de grands non de la tête, le défenseur alla se rasseoir, dépité. Leur groupe avait souvent une cohérence étrange : basée sur les orgies dans les douches avec les éphèbes qui les adulaient, les victoires, le sport et... pas beaucoup d'autres choses à vrai dire. Le moral n'était pas au top, et la magie d'avoir le seul joueur de l'histoire capable de tenir un match en entier s'était complètement estompée. Tuvo n'avait rien d'un capitaine, si ce n'est l'autorité et un bon jeu. Un foutu prodige découvert il y a un an, venu de nulle part, mais le pire coéquipier du monde. Le numéro 1 se lève, signalant qu'il va bientôt falloir rentrer sur le terrain.

« Oh les mecs, ça va aller, hein. Ils ont mis une nana dans leur équipe. Une foutue gonzesse, vous craignez quoi, sérieusement ? »

Etrangement, cette remarque redonna confiance aux joueurs : l'inconscient collectif s'activait. Femme : outil de reproduction, faible physiquement, instable émotionnellement, sous-classe sociale nécessaire.

Les portes s'ouvrirent, et les cris des supporters se firent encore plus pressants. L'entraîneur, sorti un moment suite aux refus catégoriques de Tuvo, donna tout de même ses dernières consignes.

« Ok les gars, on attaque tranquille : on prend les exterieurs en 2/1, et on combine des qu’un flux léger se rapproche du centre. Fortuné, tu pousses comme d'habitude vers les flux lourds mais mollo.
T'intensifies au premier changement. Eddie et Tuvo, vous me refaites pas d’isolement sur un joueur comme hier sinon on va encore prendre deux points de relève pour rien en contre. »


Le capitaine écoutait par intermittence, semblant s’être focalisé sur un autre enjeu.

Enfin, les équipes entrent en ligne dans l'immense stade circulaire, des paillettes argentées jetées des gradins tombent sur les joueurs alors qu’ils se répartissent de part et d'autre de la glisse, jusqu'à rejoindre leur banc. Les maillots roses de Mina face aux turquoises de Samsha. Les hymnes démarrent et les robots cameraman flottent lentement autour des joueurs pour les gros plans usuels. Comme d'habitude, le Capitaine ne chante pas, faute de connaître les paroles. Eddie ne peut qu'imaginer les commentateurs sportifs deviser sur l'exceptionnalité de son petit copain « régulier », son habileté et son endurance hors normes... En vérité, ils se sont focalisés sur la première femme à jouer dans une finale de stompball. Darina Drake, jamais vue sur le terrain. Alors que les deux speakers la descendent sans finasseries, la joueuse fixe son vis-à-vis avec un sourire confiant. Tuvo soutient le regard de défi. Son « qu'est-ce tu veux radasse ?» est noyé sous les traditionnels chants d'ouverture des afficionados.


« En glisse ! » siffle l'arbitre.

Immédiatement, six joueurs montent leurs petites plates-formes métalliques, un son de clip se faisant entendre au niveau de leurs bottes en matière rigide. Tuvo est plus que bouillant, il est déchainé : il attaque immédiatement en se jetant au centre de la piste, point le plus exposé de la glisse et enchaîne les tirs. Ceux-ci ont essentiellement vocation à repérer les zones de gravités lourdes et légères et vont s’exploser sur le bouclier de protection entourant le terrain. Fortuné et Eddie n'ont d'autres choix que de suivre en naviguant sur le bord au plus près de leur coéquipier pour le couvrir.

Par chance, Tuvo tombe immédiatement sur une zone légère lui donnant un surplus de hauteur et de vitesse. En revanche, Fortuné prend en premier une zone lourde. Le temps qu'il s'en dégage, il est déjà la cible de tirs concentrés des turquoises, dans une méthode d'isolement classique. Eddie sait ce qu'il a à faire : il dégage, laissant Fortuné en défense dans une zone qui le fatiguera rapidement. C'est donc au bout de deux minutes que Mina prend son premier off-board, relayé par l'écran géant à grand renfort d'animation tandis que les supporters Shamsains exultent.

Tuvo est devenu fou, il mitraille la capitaine adverse qui esquive avec talent ses tirs pourtant dangereux. Sa dernière attaque est plus travaillée : Tuvo lance une boule vers le défenseur adverse qui entame une esquive, mais la trajectoire est fortement déviée par le frôlement d'une zone de gravité lourde. La boule fonce maintenant vers son partenaire turquoise ! Celui-ci, surpris, n'a d'autre choix que de contrer ce jet par une autre boule électromagnétique. Cette réaction arrache un sourire au grand noir encore debout sur le glisse : la boule offensive est déviée une nouvelle fois par un zone légère ce coup ci, fonçant désormais sur Darina. Le tir de défense quant à lui continue sa course sans rencontrer d’obstacle droit vers le défenseur en turquoise !

Ce sont ainsi deux joueurs de Samsha qui se trouvent assaillis : le défenseur ne peut esquiver, ni se stabiliser quand le tir allié lui touche l'épaule. 1 partout.

Darina quant à elle, inverse complètement la polarité de son speeder pour se retrouver tête en bas et écarte ses genoux pour laisser placer le tir, le tout dans un mouvement vrillé. Puis, elle se restabilise promptement.

Les commentateurs sont sans voix pendant longtemps avant de se joindre au « OOOOOOOHH » de déception des uns et aux acclamations des autres. Immédiatement, chaque équipe relève ses joueurs et Fortuné sort pour un changement.

Tuvo mène un premier tiers-temps hyper agressif contre sa vis-à-vis, forçant ses coéquipiers et lui-même à se fatiguer plus que de raison. Pour autant, elle ne flanche pas et démontre autant de talent dans l'esquive que dans l'attaque. A la fin des 30 minutes réglementaires, l'équipe rose est passablement fatiguée. L'entraîneur hurle, pourtant, ils mènent 6-4.

Le deuxième tiers-temps suit sur un rythme un peu moins soutenu, le tempo étant souvent donné par la capitaine turquoise qui ne lâche rien. A deux minutes de la fin, Tuvo et ses numéros 2 et 4 entament une attaque coordonnée : ils glissent en fil indienne sur le rail droit pour lancer à grande vitesse une salve de tirs concentrés sur un seul joueur. La manœuvre, si elle est somme toute classique, n’en reste pas moins difficile à contrer pour les Shamsains pris d’assaut. Darina, qui n’a toujours pas été remplacée, se dégage de la zone de danger avec quelques tirs de barrage. Ses partenaires en revanche tiennent le front pour tenter de recoller au score, confiant que la zone lourde entre eux et les trois Minanais leur permettra de tenir. C’est au moment où les trois lanceurs roses s’apprêtent à rentrer dans le champ de gravité supérieure que la tactique se révèle : le groupe éclate pour le contourner. Les numéros 2 et 4 bifurquent vers le centre avant de piquer à nouveau leur trajectoire vers l’extérieur de la piste tandis que Tuvo effectue purement et simplement un bond groupé depuis son speeder, laissant l'appareil s’encastrer dans la bulle à 5G qui ralentit immédiatement sa course.

Les commentateurs hurlent dans les micros tandis que la foule retient son souffle : le capitaine a complètement perdu la tête, il ne pourra lancer aucune salve de tirs s’il est déconnecté de son speeder ! Ni attaque, ni défense possible donc.

Les turquoises ne se le font pas dire deux fois et bourrinent autant que possible vers cette cible facile. Deux jets décollent vers le black volant… pour être contrés par ceux des numéros 2 et 4. Prouesse de précision et de travail d’équipe, Tuvo retombe en saut de l’aigle sur le défenseur adverse, l’éjectant de son speeder purement et simplement d’un coup de poing dans le plastron !

La manœuvre est parfaitement validée par l’arbitre qui siffle la fin du deuxième tiers-temps. Le banc rose exulte : le joueur off-board n’ayant été relevé à temps, leurs adversaires commenceront la dernière manche avec un joueur en moins. A 9-6, la victoire est quasiment acquise. Cependant, le capitaine Minanais est absolument crevé à la fin de cette manche. Suant à grosses gouttes, cherchant son souffle, les dix minutes de pause ne lui permettront pas de récupérer assez pour tenir encore une demi-heure, surtout que ce sera le moment de maintenir la pression ! Supplications, menaces, insultes, séductions,… tous les moyens sont utilisés pour lutter contre l’entêtement de l’homme du match. En vain. Tuvo ne fait que fixer Darina qui, bien que fatiguée, est largement plus fraîche que lui. Cette grognasse est en train de lui voler la vedette si ça se trouve. Damn, si seulement c’était elle qu’il avait pu éjecter.

La troisième reprise est engagée, la capitaine turquoise a le visage fermée et compte clairement batailler jusqu'au bout. C’est à la quinzième minute que Tuvo n’arrive vraiment plus à suivre le rythme des attaques/défenses, que ce soit de ses partenaires ou de ses adversaires. Il se contente de défendre, attaquant mollement et grossièrement. C’est donc un faux deux contre deux qui se joue, Darina passant alors à la vitesse supérieure : elle fonce vers le centre, simulant une fuite alors qu’Eddie et Fortuné entament une prise en tenaille sur le numéro 3 de Samsha. La capitaine se retourne alors subitement et écarte les bras pour lâcher simultanément deux boules qui prennent des directions vides de cible. Passant de part et d’autre d’une zone lourde, elles obliquent leur trajectoire l’une vers l’autre pour rentrer en collision, modifiant une fois de plus leur course : chacune vise finalement l’un des deux joueurs roses ! Trop occupés à mettre off-board le numéro 3, ils se font désarçonner peu après celui-ci.

10-8. Le off-board du chaos est à portée de main. L’entraîneur de Mina hurle à Tuvo de relever ses compagnons. Il n’y a que lui qui ait le droit de le faire. A trois contre un, ils sont sûrs de gagner, Darina ne pouvant se permettre de lâcher beaucoup plus de points en relève. Pourtant rien ne se passe.

Les capitaines se toisent. Le numéro 1 souffle comme un bœuf, toutes dents dehors.Ce sera un duel à mort, un point c’est tout.

Darina se met face à lui, attendant qu’un couloir sans sphères gravitationnelles se crée. Ils restent ainsi pendant plusieurs dizaines de secondes. Puis le couloir apparaît et les deux capitaines s’élancent. La stompballeuse esquive les tirs tout en jetant des boules en l’air selon de lentes trajectoires en cloche, pourtant simples à éviter ! Alors que les deux ne sont plus qu’à une vingtaine de mètres, elle décide d’imiter la technique de son adversaire et saute de son speeder, rattrapant en l’air les boules qu’elle venait de lancer : c’est donc le grand noir qui se retrouve en position de défense, incapable d’empêcher la collision. Il n’aperçoit que trop tard la petite botte qui lui tombe sur le visage et le projette plusieurs mètres au loin, chutant inexorablement vers le sol de la glisse. Darina retombe sur son speeder à la volée. Tout est fini. Knock out. Le stade explose en cris et en larmes, les ralentis seront bientôt diffusés.




«… ‘nous nous sommes alors retrouvés chez moi, tous ensemble pour célébrer la défaite’,» acheva Schon d’un ton sec et médical. « C’est ce que vous m’avez raconté dans nos premiers entretiens, Eddie. Vous vous en rappellez ?»

L’ancien ailier était maintenant recroquevillé sur sa chaise, à moitié dans les bras d’Hogard, un capillaire de l’œil droit avait du éclater à un moment du récit. Le docteur poursuivait la lecture des notes sous son nez :

« ‘Tuvo était enragé, il buvait pour oublier, ce qui ne le rendait que plus excité. Nous avons eu une dispute. Il disait que notre relation était finie, qu’il allait partir, que de toute façon il s’était lassé de la facilité des hommes de cette société’… »

Eddie éclata :

« Il n’a pas dit société !!! Il a pas… pas dit ça comme ça. Il… » Schon leva les mains, paumes en avant.

« D’accord, d’accord, Eddie… ‘de la facilité des hommes. Qu’il faisait juste joujou avec son nouveau’ », une pause, un regard, « ‘son nouveau pouvoir et qu’il voulait simplement un peu d’entraînement physique et de plaisir. Qu’il nous avait choisi et qu’il était déçu. J’ai pleuré, Fortuné l’a vu et s’en est mêlé. Tout le monde avait beaucoup bu.

Ca s’est envenimé jusqu’à ce que… ’. Eddie, pensez-vous toujours qu’il s’est ‘transformé sous vos yeux en monstre à cornes, avec des ailes anguleuses, une peau carmine, des griffes grandes d’un mètre à la place des doigts ? Qu’il avait une queue crantée et qu’il était capable d’arracher la tête de Fortuné avec celle-ci ?»


Eddie pleurait par longues saccades, se bouchant les oreilles, hurlant ou chuchotant des « non » pour se faire entendre et mettre un terme à cette séance aussi rapidement que possible.

« Croyez-vous toujours qu’il a ‘exécuté tout le monde, en leurs arrachant des lambeaux de chaire comme du plastique ? Vous pensez toujours qu’il a réellement posé ses mains sur votre tête et vous a forcé à voir des images de monstres dans un décor irréel dans votre esprit ? Que ce démon couvert de sang a mis le feu aux meubles avant de faire des signes avec ses mains et de disparaître ? Qu’il vous a laissé vivant sous prétexte que vous étiez un bon coup ? »

Les mots s’étouffaient sous les cris d’Eddie en proie à d’importantes convulsions. Le doc s’était rapproché de son patient pour se mettre accroupi devant lui :

« Eddie. Vous vous êtes inventé cette histoire. Toute cette histoire. Après l’incendie qui a tué tous vos coéquipiers, y compris Tuvo Xie, vous avez développé un mécanisme de défense. Vous étiez très amoureux de lui et ce délire vous a permis de survivre jusque là, mais vous devez abandonner ce rêve. Vous savez que ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? »

Le stompballer fit oui de la tête sans tarir le flot de ses sanglots, articulant avec peine : « J’ai to…ouuut inventer ».

« Allez, tout va bien se passer. Ca va aller. » Il ne pourrait rien obtenir de mieux pour cette séance, aussi fit-il signe à Hogard de raccompagner le traumatisé. Il fallait simplement espérer que le lendemain, il s’en rappellerait. Schon se rassit devant son bureau et gribouilla quelques commentaires sur le carnet d’Eddie.

De minuscules néons bleus s'éteignent, d'autres s'allument.

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