A la frontière d'Arden (Darla, Sance)

**Maitre de Jeu** Ven 27 Nov - 15:45

Sance traverse l'atout, se retrouvant en plaine, sur une route menant d'un côté vers une grande forêt et de l'autre vers une ville à flanc de coline.

Darla Ven 27 Nov - 16:01

Je regarde Sance, scrute son visage comme si je le regardais pour la première fois. Il n'a pas changé... Ses traits qui me sont familiers, ce sourire qui éclaire ma vie depuis quelques temps. Et le mensonge qui était derrière, tout ce temps. A ce moment, une pensée prend jour - douloureuse : je l'aime. Qu'il garde ses secrets s'il le souhaite. Et qu'il me garde, moi.

Je souris, lâche la main que j'ai tenue quelques secondes de plus que nécessaire.

- Arden est là, dis-je en pointant la forêt du doigt. Tu trouveras Julian dans la caserne que tu peux voir d'ici.

Sance Ven 27 Nov - 20:26

Je réponds au sourire de Darla en souhaitant que sa main ne quitte jamais la mienne. Et par nos paumes unies, je perçois les émotions intenses de la femme qui me regarde à présent, des émotions qui sont aussi les miennes...

Si j'observe un instant la forêt où Julian doit se trouver, je me retourne bien vite pour murmurer:

- Merci, Darla.

Et d'un ton plus incertain:

- Mais comment es-tu parvenue jusqu'ici, jusqu'aux portes..." J'étais sur le point de prononcer le mot d'Ambre, mais je m'arrête, ne sachant comment Darla va réagir à ce nom."... aux portes d'Arden ?"

Darla Ven 27 Nov - 21:05

Parler... parler pour ne plus penser, et prolonger le moment. Moi, d'ordinaire si peu loquace, ai envie de raconter un roman... que ça dure toujours... Mais ce que j'ai à raconter me revient soudain en mémoire - mes yeux se voilent. Les nouvelles ne sont pas bonnes...

- Quand nous nous sommes séparés, je suis partie à la recherche de ma mère - mais elle n'était pas chez moi, ni chez Bérice. Je suis donc retournée là où nous nous étions retrouvés : devant la cathédrale.

Mes yeux s'agrandissent tandis que je revois la scène, et mes poings se serrent, haineux.

- Le Serpent... Le Serpent lui-même était là. Il a pris deux boules noires, et a propagé un sentiment de victoire et de vengeance. Moi-même, un instant, ait été prise de folie meurtrière... Les prêtres ont alors repris la parole. Ils ont fortifié la haine contre les Ambriens, et ont commencé par épurer leurs rangs. Tous les partisans d'Ambre ont été tué, Sance. Tous... Grice s'en est sortie en désignant du doigt d'autres personnes, et elle a laissé mourir ses propres enfants. Zork, absent, s'en est sorti aussi. Moi aussi... Pourtant... pourtant j'ai voulu les arrêter quand ils ont pris ma mère ! J'ai voulu... mais je ne pouvais pas. Ils étaient si nombreux, et l'autel était trop loin. je n'ai pas pu voir... pas pu voir...

Pour la première fois, j'en parle, je pose les mots sur l'horreur de la scène. Mais ils manquent pour dire mes ressentis. Ma haine. Mon chagrin. Les larmes coulent, que j'essuie d'un geste rageur. Cela fait un moment que je ne regarde plus mon interlocuteur, les yeux tournés vers ce passé si proche mais que j'occulte de mon mieux. Je continue mon récit, fixant un point à l'horizon, lointain - toujours pour y voir mes souvenirs.

- Zork m'a rejoint, et m'a emmenée loin. Grâce au Logrus, nous avons facilement atteint la frontière entre les Ombres du Chaos et d'Ambre. Nous avons décidé d'aller vers Ambre - là, même si le Logrus serait moins efficace, nous aurions été aussi plus à l'abri des recherches qui ne manqueront pas d'être faites contre nous. Nous voulions retrouver Merlin pour nous battre à ses côtés, ou sous ses ordres, mais où aurions-nous pu le trouver ? Méréas m'a parlé de la marelle de leur père - oui, j'ai croisé Méréas.. Il y a tant de choses à dire ! Méréas m'a parlé de la Marelle de Corwin, donc, mais à ce moment je n'y pensais guère. Comme tu le sais, les affaires d'Ambre ne m'ont guère intéressées...

Mes yeux se posent de nouveau sur Sance, sans haine. Un petit sourire nait sur mes lèvres, comme si son visage pouvait conjurer les démons de passé.

- ... du moins jusqu'à présent. En fait, la solution à notre problème est venu d'un être insolite... Ygg, l'arbre de la frontière, s'est immiscé dans mon esprit. Omniscient, il me proposait de me mener jusqu'à Merlin à condition que je lui rende un service.

Je montre la branche que je tiens toujours dans ma main.

- Par cette branche, il a ouvert les ombres. Il nous a mené jusqu'à deux Chaosiens apparemment bien loin des préoccupations des Cours. Ils avaient en leur main un sceptre, que je devais détruire... Zork et moi avons dû attaquer. Le premier frère a disparu, emmenant Zork avec lui... Je voulais garder le second frère pour l'interroger quand un ange Igné est apparu. Le second frère a brusquement fui avec, à ses trousses, l'ange... J'étais seule, et Zork pris en otage par des êtres dont j'ignore tout. Je partais à leur recherche quand je suis arrivée en Arden à mon insu. C'est Julian qui m'a informée de l'endroit où j'étais, après avoir lâché ses chiens sur moi, et après avoir planté une flèche dans mon genou. Au final, rien d'important après tout le reste...

Je soupire, achève mon récit :

- C'est ainsi que j'ai appris que les Cours avaient déclaré la guerre à Ambre, et l'assiégeait. Là, j'ai rencontré Méréas, le botaniste du Voyager, fils de Corwin - et qui semblait bien connaître Julian. Il souhaitait vivement te voir - je lui ai dit que tu passerais sans doute à la caserne ce matin, mais je l'ai vu partir à travers les Ombres. C'est sa discussion avec lui qui m'a rappelé les circonstances de notre départ du Voyager... Les dangers de la plante... Pourquoi aurais-tu fui si tu n'avais pas eu un secret à cacher ?

Je souris tristement, sans rancune.

- J'ai été si bête, si aveugle... Mais cela, vois-tu, au regard de tous les évènements qui sont survenus ces derniers temps, n'a plus vraiment d'importance. Je dois retrouver Zork, et j'espère de tout cœur qu'il est encore en vie ! Je n'ai pas envie de perdre un être proche de plus...

Ces dernières paroles sont dites yeux dans les yeux. *Et, je ne veux pas te perdre non plus, Sance.*

Sance Sam 28 Nov - 19:35

Je m'attendais à retrouver Darla lointaine, enfermée dans son mutisme. Et je redoutais d'entendre les reproches qui avaient alourdi son regard lorsqu'enfin, j'avais consenti à ne plus lui mentir.

Et voilà que les mots affluent, affluent, sans retenue. Des mots de peine, des mots de souffrance, des mots d'angoisse, mais des mots qui me soulagent. Car ils sont la preuve que Darla me laisse encore une place à ses côtés, qu'elle m'accorde toujours sa confiance, sans même poser une question supplémentaire sur mon passé. Et je l'écoute, admiratif, moi, le Sance des rêves et des mystères, qui ne sait tracer une vérité qu'en l'ombrant d'artifices. Je l'avais sermonnée jadis, chez sa mère, parce qu'elle refusait de se comporter en femme d'exception. Mes reproches sont maintenant bien inutiles...

Je regarde les traits fins de son visage se durcir quand elle évoque le carnage mené par les prêtres du Serpent. Et lorsque des larmes coulent sur les joues de Darla au souvenir de sa mère, ma gorge se serre. Je m'approche lentement, insensiblement, attiré par la force de ses sentiments. J'hésite encore à étreindre Darla pour la consoler, mon corps touchant presque le sien...

Zork, Merlin, Méréas, Corwin, Ygg, Julian, les noms tourbillonnent, une interrogation chasse l'autre, et je sais que bientôt, bien trop tôt, il me faudra à nouveau partir en quête de réponses. Mais je ne désire pas briser le fil si vite, interrompre maintenant le flot des inflexions chantantes de Darla. Encore quelques moments où ces lèvres me souriront, ces yeux me fixeront de leur éclat intense. Je n'y vois aucune haine. Y aurait-il même... de l'amour ?

Mais à la fébrilité qui agite la voix de Darla, avant même que le nom de Zork ne soit à nouveau prononcé, je pressens que nous ne resterons pas longtemps ensemble. Le long discours s'achève dans un mélange de détermination et de détresse qui me bouleverse... Seule. La voici seule, plus seule que moi encore, et elle continue à se battre pour ses amis -- qu'ils lui aient été fidèles, ou qu'ils l'aient trahie.

Darla, silencieuse, a planté son regard dans le mien. Je sais qu'elle peut y lire tendresse, admiration... et désir. Oui, tout a bien changé. Je caresse de la main cette joue douce, encore humide de larmes, puis lentement, approche mes lèvres des siennes.

Un baiser que je n'aurais jamais cru possible, et qui me ravit à présent.

Un baiser long, sensuel, excitant, contre ces lèvres inconnues, tendres et salées.

Un baiser d'Ambre au Chaos, un baiser d'amour et de vie, un baiser d'espoir.

Darla Sam 28 Nov - 21:18

Encore prise dans le tourbillons d'émotions ressuscitées par mon récit, je ne vois pas Sance s'approcher - je sens juste une chaleur m'apaiser. Aussi, quand il pose sa main sur ma joue, c'est d'abord un regard de surprise qui l'accueille. Puis son regard, sans que je comprenne vraiment pourquoi, me fait rougir. Il me semble que mon cœur va exploser tant il bat fort et, tandis que ses lèvres s'approchent des miennes, j'ai envie de fuir à milles lieues.

Non pas que je n'en ai pas envie... Je l'ai tellement espéré, ce baiser... Mais le flot de sentiments qui me submerge me trouble, me fait peur, me tétanise, me laissant sans défense devant l'espace qui s'amenuise lentement entre son désir et mon attente.

Comment... comment aurais-je pu penser qu'un jour il pourrait accomplir ce geste envers moi, pour moi ? De tout homme, cela me paraissait improbable - et inintéressant. Alors de Sance... et pourtant, il est là... Pourquoi m'embrasse-t-il ? Se jouerait-il de moi ? Qu'importe...

Qu'importe car les questions cessent quand les lèvres se posent enfin. Des lèvres douces, infiniment tendres. Soudain, je n'existe plus, je suis toute entière annihilée par cette bouche qui m'embrasse avec tendresse. Mon corps, tout de coton, est aspiré par la lumière tandis que mes désirs, libres enfin d'exister, explosent dans un entrelacs de chaleur et de couleurs. Sans que je réalise vraiment, mes mains se sont agrippées à sa nuque dans un geste désespéré et c'est toute ma passion, brûlante et mal maitrisée, mal connue et maladroite, que j'essaie tant bien que mal d'offrir dans ce baiser - qui est pour nous le second, mais le premier qui soit un aveu.

Mais enfin, nos lèvres doivent se quitter, ce que je laisse faire à regret, me sentant soudain gauche - avec cette peur d'être rejetée plus que jamais ancrée en moi, oubliant un instant que c'est de lui que vient ce moment de pure sincérité.

Sance Lun 30 Nov - 9:57

Notre étreinte se relâche lentement. Le coeur battant, je contemple toujours le visage de Darla, embrumé de doutes et d'inquiétudes. Et l'amour que je ressens en cet instant m'apparaît pur, intense, presque douloureux. Je sais, je sens que Darla éprouve quelque chose de similaire, qui la submerge et l'affole.

Dans un geste d'apaisement, je caresse à nouveau sa joue et constate d'une voix douce, émue, que je ne reconnais guère:

- Voilà une chose que je voulais te dire, Darla...

* Si mes paroles mentent parfois, mes actes, eux, ne trahissent pas.*

Puis je prends la main de Darla dans la mienne, avec un sourire moins assuré:

- J'aurai des questions à te poser, mais tu en as, toi aussi, j'en suis sûr...

Darla Lun 30 Nov - 14:50

Le sourire qui répond à la première phrase de Sance est éclatant. Les doutes, soudain, se sont envolés, une blessure s'est refermée. Je suis en cet instant dans le moment présent, et comme ce moment, je suis sereine, heureuse. Cela ne dure qu'un battement de cil - car bientôt je me rappelle que Zork est, par ma faute, en danger. Mais ce moment n'est pas encore clos - alors autant en savourer chaque seconde...

Je serre fort la main de Sance comme pour graver dans ma chair son regard, son sourire, le goût de ses lèvres errant encore sur les miennes. Je le regarde tandis qu'il parle de nouveau et c'est à moi, cette fois, je le sens, de le rassurer. Je réponds d'un sourire :

- Je ne souhaite pas te poser de questions, mais je suis prête à écouter les réponses que tu voudras me donner, je l'avoue.

Sance Lun 30 Nov - 18:04

Je place la main de Darla entre les miennes, et regarde un instant au loin pour trouver l'inspiration. Par où commencer ?

"Tu as vu juste Darla. Si je tiens tant à me rendre là-bas..." -- je fais un bref mouvement de la tête en direction d'Arden -- "... c'est que dans mes veines coule le sang d'Ambre, alors que je n'y suis jamais allé.

J'ai appris l'art des atouts auprès de mon père, un homme remarquable. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela qu'il a quitté Ambre bien avant ma naissance, au point que plus personne là-bas ne doit se souvenir de son visage. Delwin est son nom.

J'ai grandi dans un lieu à l'écart des Ombres, loin d'Ambre et du Chaos -- un monde d'une grande beauté, tout aussi surprenant que les Cours que tu m'as fait visiter, et tout aussi difficile à décrire aussi. Je t'y emmènerai un jour, lorsque les astres seront plus propices.

Un jour, par lassitude et par goût de l'aventure, j'ai décidé de voyager à travers les Ombres -- et j'ai finalement croisé ta route. Je ne sais toujours pas pourquoi tant de rejetons du Serpent et de la Licorne se sont retrouvés dans le Voyager, mais ma présence là-haut n'était pas plus fortuite que la tienne. Mais une fois le déguisement de l'ambassadeur Sance adopté, il m'était bien difficile de le quitter."

Je regarde à nouveau Darla, souriant faiblement.

"T'en dire plus à l'heure actuelle serait te mettre en danger, Darla. Des puissances s'affrontent au-dessus de nous. Elles peuvent faire de nous leurs jouets, et nous écraser sans même y prêter attention. Je peux accepter de souffrir pour conserver mes secrets, mais je ne veux pas qu'on cherche à t'extorquer ce que tu aurais pu apprendre de moi. Je ne le supporterais pas."

Le sourire s'est évanoui de mon visage anxieux.

Darla Lun 30 Nov - 18:15

J'écoute avec attention Sance - frissonnant quand il glisse, tout naturellement, ma présence dans ses paroles. Mille questions me viennent, que j'hésite à poser... mais la curiosité est la plus forte. Je parle doucement, comme pour faire comprendre qu'il ne s'agit en rien d'une exigence, et que je peux comprendre ses silences.

- Je ne crains rien pour moi-même, mais je ne désire pas te forcer à dévoiler des choses que tu juges dangereuses. Pourtant, j'avoue que des questions me viennent à l'esprit - mais je comprendrais tout à fait que tu ne veuilles y répondre. Pourquoi retourner en Ambre maintenant ? Quel est le lien entre ton histoire et les Trois Trinités pour la connaissance desquelles nous sommes allés au Cours ?

Des questions dont j'aimerais avoir des réponses, des réponses que je n'espère qu'à demi, m'attendant à un refus de la part de Sance.

Sance Mar 1 Déc - 0:16

J'hésite le temps d'un soupir. J'aurais envie de tout raconter à Darla, depuis mes premiers rires auprès de mon père jusqu'à certaines douleurs solitaires encore bien vives... Mais Sand murmure à mon oreille la prudence -- et je dois acquiescer, en dépit de mes désirs.

- Les Trinités !" Je soupire doucement "Elles ont à voir avec moi, et moi avec elles, d'une manière qui reste obscure à mes yeux. Vois-le comme une part d'héritage que je n'ai pas encore réclamée. J'ignore si cette part est bonne ou mauvaise, mais elle existe. Si tu apprends quoi que ce soit à ce sujet...

Quant à Ambre..." Le mot roule et résonne dans ma poitrine de toute sa puissance magnétique, dangereuse. "... il y a longtemps que je souhaite m'y rendre. Mais les choses se sont un peu pressées. Je dois y retrouver un de tes compatriotes, un artiste d'atout qui a décelé des failles dans l'équilibre du jeu cosmique. Des failles susceptibles à terme de mettre en péril le fonctionnement de ces chères cartes -- et donc de ravaler mon art à de l'aimable barbouillage."

L'ironie de mes derniers propos révèle autant qu'elle masque mon anxiété devant cette possibilité. Que deviendrais-je privé de mes dessins ?

Mon regard oblique vers le bâton que tient Darla, comme un écho aux atouts défaillants qui m'inquiètent tant. Je tente de ne pas prêter attention à la crainte informulée qui agite le fond de mon esprit lorsque je demande:

- Il t'a donc amenée jusqu'ici ? Et que cherche-t-il exactement ?

Darla Mar 1 Déc - 1:02

Sance a écrit:
- Les Trinités !" Je soupire doucement "Elles ont à voir avec moi, et moi avec elles, d'une manière qui reste obscure à mes yeux. Vois-le comme une part d'héritage que je n'ai pas encore réclamée. J'ignore si cette part est bonne ou mauvaise, mais elle existe. Si tu apprends quoi que ce soit à ce sujet...

J'acquiesce silencieusement, ne souhaitant pas interrompre la voix chère.

Sance a écrit:Quant à Ambre..." Le mot roule et résonne dans ma poitrine de toute sa puissance magnétique, dangereuse. "... il y a longtemps que je souhaite m'y rendre. Mais les choses se sont un peu pressées. Je dois y retrouver un de tes compatriotes, un artiste d'atout qui a décelé des failles dans l'équilibre du jeu cosmique. Des failles susceptibles à terme de mettre en péril le fonctionnement de ces chères cartes -- et donc de ravaler mon art à de l'aimable barbouillage."

Je frissonne soudain, prise de froid. Je n'ose imaginer l'angoisse qui doit le saisir à cette idée. Que deviendrais-je sans mes poings ? Que serait-il sans ses atouts ? Certains de nos talents composent notre être, définissent nos choix, notre existence. Les perdre, c'est se perdre soi-même. Bien sûr, on peut toujours imaginer qu'il est possible de se reconstruire, mais ce ne serait toujours qu'un second choix, qu'un pâle reflet - dans le meilleur des cas - de ce que nous aurions voulu être... L'ancien enfant qui rêvait de devenir serveur, devenu paraplégique, pourra devenir un grand architecte, riche et respecté... il aura toujours en lui le regret de n'être pas ce qu'il avait choisi d'être, même s'il serait devenu cet architecte de toute façon, peut-être... Mais c'est ce peut-être qui est cruel, ce choix qui n'a pas été fait...

Je passe le bout de mes doigts dans le dos de Sance dans un frôlement ténu pour lui faire sentir ma présence - il n'est pas seul - sans m'imposer - je n'ai pas pitié.

Je ne peux m'empêcher de me sentir touchée de tout ce qu'il me dit, de son dévoilement. Bien sûr, j'avais fait le choix de ne peut-être rien savoir ; bien sûr, j'avais assumé le fait qu'il pourrait vouloir ne rien me dire... Mais je ne me ments pas : le doute aurait pu revenir à l'improviste, n'importe quand, abîmant ce nouveau bonheur d'une intolérable torture. Même s'il ne dit pas tout, il révèle déjà plus que tout ce que j'aurais pu espérer. Je sens une vague dé quiète gratitude m'envelopper...

Sance a écrit:- Il t'a donc amenée jusqu'ici ? Et que cherche-t-il exactement ?

Toujours, il faut retourner à la réalité, à l'urgence, aux blessures. S'il existait un seul moment qui puisse être déconnecté de son voisin d'avant et de celui d'après, je m'y enfermerais à double tour...

Je soupire.

- Je ne sais pas en fait. Il veut que je détruise un objet, mais je ne sais pas exactement de quoi il s'agit - c'est une sorte de sceptre magique, assez puissant. Pour tout dire, c'est désormais à la recherche de Zork que je suis : deux chaosiens, un ange Igné, un arbre omniscient... Ca me semble un peu trop pour une si petite chose - s'il n'y a rien d'autre ! Je ne crois pas que j'ai réellement envie d'être mêlée à tout cela...

Sance Mar 1 Déc - 11:53

La caresse légère de Darla au creux de mes épaules m'apaise et m'électrise tout à la fois. En écho me reviennent les paroles des prêtres de Vishan -- Kama, le désir, est une des voies vers l'illumination... Une voie que j'ai déjà empruntée, jadis, à Samadhi, pour mon bonheur, et mon malheur.

La quête de Darla continue à me troubler, mais j'en sais encore trop peu sur ce que je cherche moi-même. Peut-être ne s'agit-il que d'une coïncidence ? Et quand bien même cela n'en serait pas une, que pourrais-je lui apprendre d'utile, sans trahir les miens ?

- Je crains qu'on ne t'ait déjà mêlée à tout cela malgré toi, Darla. Je ne sais pas où tes pas te guideront, mais je devine que tu vas au devant de bien des difficultés. Prends garde à toi. Le destin est souvent bien ironique et moqueur...

Je regarde le visage de Darla pour y retrouver les certitudes qui me fuient à présent.

- Et ne place pas une confiance excessive dans ce bâton. Il t'a déjà fait côtoyer bien des dangers -- je n'ai pas envie de te perdre pour satisfaire les lubies d'un arbre, fût-ce Ygg lui-même.

Tout en prononçant ces derniers mots, j'amène Darla à moi et l'enlace tendrement.

Darla Mar 1 Déc - 14:42

Je souris, incrédule, tandis que Sance se rapproche de moi :

- Mais tu t'inquiètes réellement pour ma vie ? Je ne crains pas la mort, Sance, parce qu'elle me parait bien lointaine. Je ne suis pas de sucre... Ne suis-je pas ton garde du corps ? Depuis quand les protégés s'inquiètent-ils pour leurs protecteurs ?

Je continue de sourire. Sentir le corps de Sance aussi prêt du mien me donne soudain très chaud. J'ai conscience d'avoir envie de quelque chose, sans savoir quoi exactement - mais bien vite le désir qui étreint mes reins me donne la réponse... En temps normal, je ferai un pas en arrière pour ne plus ressentir ça. Mais il me tient dans ses bras, et c'est la plus sûre des prisons... Je pose mes lèvres sur le cou de Sance, le remontant à coup de petits baisers. Sa peau est chaude, douce, elle semble appeler la mienne. Ce n'est ni le moment, ni le lieu de se laisser aller à son désir mais des images explicites défilent, difficiles à maitriser, me faisant perdre le cours de mes pensées. Il n'existe plus que Sance, sa chaleur, et ses main posées sur moi.

Sance Mer 2 Déc - 0:01

- Ils s'en inquiètent depuis que...

Ma réponse reste bloquée dans ma gorge. Je retiens un cri de surprise autant que de plaisir. La bouche de Darla le long de mon cou, ses mains qui m'enlacent résolument, et au-delà, ses sensations, ses désirs en cascade qui envahissent mon esprit enfiévré... Je reste immobile, la raison en suspens, mon corps absorbé dans la fébrilité de l'instant.

Sance le sage, le prêtre de Vishan, l'artiste délicat, tout cela s'évanouit sous les caresses de Darla. Elle me dépouille de tout mon être par la seule caresse de ses mains. Ne reste plus que la passion intense, presque sauvage, qui s'empare de moi à présent. Et le baiser qui unit à nouveau nos lèvres est bien plus audacieux, bien plus fort, bien plus assuré que le premier.

Dans mes yeux luit une interrogation muette, et ardente, lorsque je prends le bras de Darla pour l'inviter à me suivre dans les ombres protectrices de la forêt...

Darla Mer 2 Déc - 11:59

Le baiser de Sance m'enfièvre davantage encore, faisant naître un léger vertige. Mais...

Mais lorsque Sance veut m'attirer vers la forêt, quelque chose en moi se bloque. Une objection bête d'abord : Julian m'a interdit de remettre les pieds en Arden. Mais au fond, je le sens, il y a quelque chose de plus intense, une crainte secrète qui n'a jamais eu à se révèler, qui s'entremêle à mon désir comme le gui à une branche. Pourtant, malgré cette crainte profond, je m'apprête à le suivre, chaque fibre de mon corps appelant le sien sitôt que nos regards se croisent. Pas après pas, mon désir et mon appréhension augmentent, se mêlant étroitement, faisant de moi une sorte de zombie ivre de pure sensualité, souhaitant et redoutant tout à la fois le moment qui se profile...

Puis, soudain, je m'arrête net.

- Zork !

Je regarde Sance, à regret - maintenant que ma décision est prise, la crainte s'est envolée, et il ne reste plus que les lambeaux de désir qui s'envolent face à l'image de ce visage, envoyé par ma conscience, me demandant de l'aide.

- Je ne peux pas, Sance. Pas pendant qu'un ami à moi est en danger, par ma faute, qui plus est.

J'approche mon visage du sien tandis que je scrute son regard d'une manière intense, passionnée.

- Quand tout cela sera fini... Quand j'aurai retrouvé Zork et rendu à Ygg sa maudite branche, je te rejoindrai, où que tu sois, si tu veux bien de moi...

J'entrelace mes doigts aux siens. Je ne veux pas retenir de ce moment la tristesse, mais la joie et l'ivresse, le bonheur intense, miette grapillée à la table de la vie, bien frustre avec moi depuis mon retour aux Cours...

Sance Mer 2 Déc - 21:33

Zork ! Zork... Zork. Evidemment...

Il aura suffi d'un mot pour briser l'harmonie de l'instant -- une harmonie bien fugace, je le réalise à present.

Je frisonne encore alors que nos mains se joignent. Mon sourire légèrement crispé devient plus calme et plus compréhensif, tandis que Sance, le pur, le doux, le sage Sance, reprend ses droits sur l'homme qui faisait face à Darla. Ma voix est pourtant bien rauque lorsque je parviens à parler:

- Tu as raison. Je... je suis bien égoïste.

Je passe ma main avec lenteur dans la chevelure de Darla, avant de dessiner son cou et son épaule du bout de mes doigts... Je chasse des pensées confuses, partagées entre désir et respect, pour constater:

- Je t'attendrai, Darla.

Dans ma promesse résonnent l'espoir, l'inquiétude, mais surtout... l'amour.

Darla Mer 2 Déc - 21:58

Pour toute réponse, j'offre un nouveau baiser, un baiser brûlant de passion, et teinté de regrets. Un baiser d'au revoir. Je ne quitte ses lèvres que pour murmurer :

- Pourquoi faut-il toujours que nos séparations soient des déchirements ? Alors qu'elles pourraient être gaies des retrouvailles à venir... Je reviendrai. Vite. Maintenant que je sais que tu m'attends...

Sance Jeu 3 Déc - 1:08

Loin d'étancher mon désir, le dernier baiser de Darla ne fait que l'aviver. Mais je sais que nos deux chemins ont déjà commencé à se séparer.

* Et combien de temps faudra-t-il attendre pour qu'ils se croisent à nouveau et s'unissent enfin ? *

Les paroles de Darla me réjouissent et m'attristent à la fois, et c'est profondément ému que je conclus:

- Je serai fidèle à ma parole. Reprends à présent ta route pour me revenir dès que tu le pourras. A très bientôt, Darla !

... et à regret, je laisse nos doigts entrelacés lentement se desserrer, se séparer, s'éloigner...

Darla Jeu 3 Déc - 1:13

Un dernier regard, un dernier sourire.

J'attends de me retourner pour laisser une larme couler sur ma joue. Ce bonheur fut bien trop court. Déjà ses bras me manquent.

Un pas, puis un autre, jusqu'à la ville prochaine à l'orée de laquelle je poserai de nouveau la branche sur le sol.

Je ne me retourne pas. Je veux qui'l n'emporte de moi que mon sourire.

On se reverra. Bientôt. Je le jure à mon coeur qui pleure sa joie et sa douleur.

Bientôt...

Sance Jeu 3 Déc - 9:49

Une silhouette qui avance sur la route, toujours plus loin de moi.

Darla ne se retourne pas. C'est mieux ainsi. Sa tête légèrement penchée me laisse deviner une peine qu'il m'aurait été trop douloureux d'affronter.

La route fait un dernier virage à travers la forêt. Darla apparaît encore derrière un bosquet. Puis les arbres l'absorbent, définitivement.

Me voici seul, à la frontière d'Arden.

J'ai quasiment atteint Ambre. Je devrais bondir de joie, et pourtant mon coeur s'y refuse. Pour apaiser sa tristesse et sa colère, je lui rappelle la promesse de Darla, une promesse à laquelle je m'agrippe de toutes mes forces. Elle reviendra vite...

* Il faut continuer ton chemin, Sance. Tu as beaucoup à faire à présent. *

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