Ambre
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Mhyn - Chapitre X

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Message  Méréas Mer 2 Déc - 16:36

Il arrive un moment dans chaque vie où une personne ouvre les yeux. Lorsque cela se produit, cette personne est potentiellement maître du monde, elle voit tout, elle comprend tout, elle devine tout. A cet instant elle est omnipotente. Le cerveau s’éclaire de lui-même à la compréhension universelle, les fondements même de l’univers n’ont plus de secret. Cet état d’éveil dure selon l’individu entre quelques microsecondes et quelques millisecondes. Hélas bien trop peu pour que la personne puisse en tirer profit. Parfois en de très rares occasions, il reste des brides, des fragments de ce savoir absolu. Sur Terre on appelle ça l’illumination. Généralement ces personnes tombent dans la folie la plus pure et de nouveau ne peuvent exploiter ce potentiel. Encore plus rares sont les individus qui ne deviennent pas fous. On distingue alors deux catégories ; ceux qui prennent conscience de leur nouvel état et les autres. Pour ces derniers c’est vite réglé, ils meurent sans jamais comprendre pourquoi un jour ils devinaient les pensées des gens, pourquoi ils sont soudainement devenus bons en maths, pourquoi ils avaient l’impression que leur monde ne tournait pas rond. Pour les autres, l’infime pourcentage qui suite à cette expérience conservèrent leur santé mentale et qui de surcroit avaient conscience de ce changement, cela se complique suivant leur environnement. Ajoutez à cela une infime probabilité que ces gens croisent une réelle source de pouvoirs et vous obtenez un être potentiellement dangereux. Je les appelle les Ombriens avec un O majuscule.

Je suis princesse d’Ambre et de fait je fais naturellement partie de la caste des puissants. Je possède en moi le pouvoir de la Marelle, artefact faiseur de mondes, et puis par ma simple volonté voyager à travers les mondes ou les modeler à ma convenance. Je fais partie d’une famille de puissants qui pensent être le centre des univers connus et inconnus. Et pourtant pendant des mois je fus prisonnière d’une ombre dont je ne pouvais m’échapper et ne dois le salut qu’à une espèce de nabot à demi aliéné. A quoi sert le pouvoir s’il ne peut être exercé ?

Freud disait « Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort ! »
Je n’ai pris réellement conscience de ce qu’il disait qu’au moment où je goutais à ma nouvelle liberté. Je pensais, à tort, pouvoir affronter la mort. J’ai combattu, j’ai été blessée mais toujours avec l’intime conviction de survivre. Je n’affrontais pas la mort, je l’évitais. Mais ma captivité m’a fait comprendre ce qu’était la mort et ce qui m’attendais au bout du compte.
Mais surtout, j’ai enfin compris que je ne suis pas toute puissante. La Marelle a ses limites, mes talents de combattantes ont leurs limites, mon esprit à sa limite. Immortelle ? Loin s’en faut, vaincre les âges n’est pas vaincre la mort. Au contraire, elle se joue de nous, nous faisant croire à l’éternité.

Ce qui me paraissait simple m’apparait aujourd’hui d’une complexité sans bornes. Mon père est puissant, ses frères et ses sœurs sont puissants, son père et son grand père le sont ou l’étaient encore plus, Obéron n’étant plus. Qui sommes-nous ? Nous, leurs enfants avec des siècles de vie en moins, des jouets entre leurs mains !

J’habite une ombre du nom de Jyogn depuis près de trois mois. Trois mois à me remettre de ma captivité, à me refaire une santé et une reprise d’entraînement intensive. L’ombre est sans intérêt mais plutôt isolée, ce qui me permet d’être tranquille surtout que les atouts semblent y être bloqués. La bouteille trône sur ma table de chevet et il ne s’y passe pas un soir sans que j’y plonge mon esprit.

Au début je ne savais pas comment m’y prendre mais à partir du moment où je m’imaginais dans la salle de la Marelle, celle-ci m’apparue plus nette sur les pourtours de la bouteille. Je parvins à la franchir, mentalement, rencontrant les voiles et les courbes jusqu’à son centre, le goulot. Bien qu’aucun résultat ne s’est réellement manifesté et que mes demandes de transports se sont vouées à l’échec je reste convaincu de l’importance de l’objet.

Les ombriens de Jyogn bien que forts sympathiques ne me sont d’aucune aide ni d’aucun intérêt particulier.
A force de vivre des siècles, on s'attend à raconter milles péripéties où que nous allions. Cette fois, il ne se passa rien d'extraordinaire. Rien ne vint troubler ma convalescence et c'est sans doute pour cela que je me dois de le mentionner. Car parfois l'ordinaire peut paraître anormal, inhabituel.

C’est en pleine forme que je quitte Jyogn, Ombre que j'oublie rapidement jusqu'à son nom. Je n'y retournerais jamais. J'effectue un détour sur l'ombre Terre et séjourne quelques semaines dans mon appartement de Chicago. J'ignore pourquoi mais cette ombre semble être un pôle d'attraction universel pour les Ambriens. Ma tante Flora parait en connaître les moindres recoins au point où je me demande si une partie d'elle même n'est pas ancrée dans cette Ombre.
J'hésite à lui rendre une visite surprise : "Coucou tata, je suis ta nièce."

Mais les membres de la famille sont peu réputés pour leur sens de l'humour, je m'abstiens. L'hiver est là et les rues de la ville Américaine sont de blanc vêtues. La circulation peine à se mouvoir et retarde mon départ. Contrariée, le climat est la première chose que je modifie au volant de ma newbeetle. J'aurais préférée procéder différemment. Je suis dans une ombre désertique ressemblant au Nevada mais au ciel pourpre. Voilà quatre semaines que je voyage toujours empruntant une voie royale motorisée. Les motels confortables m'offrent des arrêts paisibles et les stations de carburant ne manquent pas. Je me félicite avec quelle facilité j'ai retrouvé mes reflexes de voyage en Ombre.

J'assimile cela à une drogue dont chaque prince ne peut se passer. Est-ce pour cela que si peu restent à Ambre même ? Mon emprisonnement n'est plus qu'un vague souvenir même si le pourquoi trotte constamment dans mon crâne.

Cataclop cataclop : pourquoi moi ?
cataclop cataclop : comment ?
cataclop cataclop : qui ?

Mon absence prolongée ayant du inquiétée mon père, je décide d'aller en Arden le rassurer. Bien vite le moteur s'essouffle, pouffe puis se tait. Je pousse la voiture dans un ravin et achète une monture au prochain relais après quelques kilomètres de marche pédestre. J'ai quitté la voix royale pour une marche plus rapide. Difficilement je parviens à accrocher quelques arbres d'Arden mais loin s'en faut pour en faire une forêt. Je reconnais là le signe de la fermeture de l'ombre de mon père. Que se passe-t-il pour qu'il ait décidé de claquer la porte d'Ambre ? Quelque chose de grave sans nul doute. Je me souviens alors de son mot.

« Mhyn,
Les derniers événements me font t’interdire Arden. Ne me cherche pas et ne reviens pas en arrière. Je te contacte à mon bon vouloir.
Ne crois pas que je cherche à te protéger car la tâche que j’ai à te confier n’en est pas moins dangereuse. Trouve ton ami !
A. J. »


Trouve ton ami. Méréas. Soit.

Je focalise mon esprit sur ma cible, je visualise ses traits, son esprit, son humeur, son odeur. Le moindre détail qui fait la différence entre lui et une de ses ombres. Nous avons tous nos ombres, nos copies imparfaites mais évitons de les croiser pour notre santé mentale. Il parait que mon oncle Caine a lui-même tué une de ses ombres, curieuse expérience. Pour ma part, je n’ai jamais souhaité me faire face. Après une longue descente aux enfers particulièrement éprouvante, je ne parviens toujours pas à accrocher Méréas. Pas la moindre bride. J’en déduis qu’il se trouve dans une ombre qui m’est interdite d’accès … ou pire. Je ne sais que faire désormais.

Curieux de voir comment en une seule génération le savoir et les ambitions des princes d’Ambre sont différents. Question d’âge surement. On ne lutte pas contre les siècles. Je décide de renouveler ma tentative, après tout Méréas peut être en mouvement et sortir de son ombre bloquée.

Je chevauche à toute allure, les arbres disparaissent, une mer apparait à ma droite. Une créature marine inconnue me salue, trop tard, la mer a disparue et fait place à une vaste plaine de rhododendrons. Une falaise, un volcan, un lac. Le lac s’élève et devient nuage. Les pierres flottent, je m’arrête. J’arrive à la limite des cours. Méréas serait-il chez l’ennemi ? Je reprends. Une pierre, un rocher, du sable rouge, un hanneton de feu. Minute, je connais ce paysage… la Vallée !
Ainsi mon ennemi tente de nouveau de m’emprisonner.

Je ralentis l’allure, une fleur derrière l’arbre mort. Oui elle est là, son emprise n’est pas encore total mais il est là, quelque part. Mes sens en éveil je fais une pause et fais mine de monter un campement. Il va devoir attendre ou alors profiter de mon sommeil s’il perd patience.

Je m’enveloppe dans un sac de couchage en peau de zèbre de Kynogala après un léger souper. Je m’endors. Combien de temps avant l’attaque ?

Une heure, douze minutes, quinze seconde. Je le sais, j’attendais, les yeux fermés mais l’esprit vigilant. Sa lame ripe sur Gindler. Pari risqué mais j’ai foi en l’armure de chimère blanche. Toelena lui traverse le ventre. C’est un homme, petit et difforme, il a des pattes de démon et une paire d’ailes à la batman. Ses cheveux noir de jais sont parfaitement lissés et tenus en arrière par un chouchou barbelé. Les dents pointues, il esquisse un sourire qui se transforme vite en terreur.

« Toelena n’est pas une arme ordinaire » lui dis-je simplement. Il tombe, mort. Merde, je ne voulais pas le tuer, mon coup était loin d’être mortel mais je crois que j’ai misé un peu haut sur sa constitution. Les chaosiens ne sont pas aussi robustes que nous les ambriens et comptent un peu trop sur leur pouvoir de métamorphe. Toelena se moque de tout cela.

Les habits qu’il porte sont adaptés à sa forme démoniaque. Quelques poches mais rien de significatif. Une dent de je ne sais quelle bestiole. Quelques bijoux aux allures grotesques. Je vais pour l’abandonner et poursuivre ma route mais la question de savoir comment est-il venu ici me retient. Je fouille les environs et rapidement tombe sur ses affaires à deux cent mètres de mon campement. Une monture l’attend, une wyverne ou ce qui s’en rapproche le plus. Elle me regarde et pouffe, je vois dans yeux qu’elle ne m’aime pas. A mon approche elle tente de me mordre mais Toelena lui tranche la tête avant un deuxième essai. Un sac à dos et les restes d’un repas gisent au sol. Je fouille le sac. Des provisions intactes, deux bouteilles de vin, et un autre sac hermétique. Je l’ouvre, des papiers et un jeu de carte. Des atouts, je le sens à leur froideur et en reconnais tout de suite l’usage. Le dos montre une faux et un Morgenstern croisés. Connais pas. Stupéfaite, je constate que la première carte me représente. Comment l’artiste –a-t-il pu dessiner un atout de ma personne ? Je ne connais aucun chaosien et les rares Ambriens que j’ai rencontrés ne sont pas artistes des atouts. Mon père a bien fait faire un atout de moi par une connaissance mais je doute que cela soit la même personne. Le trait est grossier et manque d’élégance mais la magie est là, je la sens du bout des doigts. Le deuxième atout me coupe le souffle, Méréas. Sans prendre le temps de contempler le reste je tente le contact. L’atout est tiède au toucher, anormal. Je renforce ma concentration et retente, rien. Je conserve précieusement ces deux atouts dans la poche intérieure de Gindler. Je regarde les autres atouts, un homme élégant, au port altier, un serpent à son bras, il porte des habits royaux et présente un air de famille avec Méréas, ils ont le même nez. Je pense deviner qui il est, Merlin, roi des cours. Un autre homme, fier et grand, vêtu d’une longue robe noire, des sphères flottent autour de lui, je ne le connais pas. La carte suivante est encore un homme, vieux, petit, des excroissances démoniaques sortent de son corps d’un peu partout. La carte est chaude. Je passe. Un endroit ténébreux, des arbres morts aux branches reptiliennes forment une entrée. Des nuages sombres s’entredéchirent et des lambeaux de ciel tombent au sol craquelé laissant filtrer une lueur rougeoyante. Jamais mis les pieds mais je sais où cela même. Une passe du chaos, un de repaire d’une famille importante des cours. Sans doute celle de l’individu que je viens de tuer. La dernière carte m’intrigue, son dos est blanc comme la neige et rien ne vient l’entacher, pas même mes doigts crasseux. Sur sa face, le noir complet mais je crois deviner un dessin, presque imperceptible. Elle est glacée, bien plus froide que les autres. Je range ces atouts dans le sac et parcoure rapidement les parchemins. Ecrits en langue démoniaque, ils me sont inaccessibles. Il faudra que je les fasse traduire.

Je reprends ma route, plus rien ne me retient ici. J’ai déjoué le piège de la vallée et tué mon ennemi mais en faisant cela j’ai soulevé encore bien d’autres questions.
Méréas
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