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Concours de nouvelles - Polgara

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Concours de nouvelles - Polgara Empty Concours de nouvelles - Polgara

Message  Saisei Mer 30 Juin - 11:37

Je m’empresse de coucher sur le parchemin cette partie de ma vie tant elle me marqua. Ceci n’est pas destiné à être lu par une autre personne que moi-même mais sait-on jamais. Rappelles-toi Polgara Acoma comment tu as failli mourir lors cette aventure confiée par ta marraine Fiona. Plusieurs fois même. Si une morale devait être tirée de mon histoire, je dirais « qui veut voyager loin ménage sa monture ». Je sais, ce n’est pas de moi mais elle colle assez bien.
Mes nouveaux talents en poche, propulsée par magie sur les terres gelées de Caer Givris, je ruminais. Je n’avais pas dit au revoir à John mais au bout du compte cela valait mieux. Je n’aurais pas supporté de nouvelles larmes. Trop sensible, je l’étais oui.
Des jours durant sous mon manteau d’invisibilité, j’espionnais les habitants de Caer Givris. Je voulais cette fois être prête avant de réapparaître. Le soir venu je me réfugiais dans une petite demeure condamnée par précaution. Une soudaine recrudescence d’insectes nuisibles y était apparue et ils ne semblaient pas vouloir quitter les lieux. Les autorités l’avaient donc fermée en espérant que les cafards ne s’en échappent pas. Bien sur, ils n’y avaient ni nuisibles ni insectes ni même insalubrité. J’étais assez fière de mon sortilège, je l’ai appelé symphonie des pattes.
A l’intérieur, j’avais écris la prophétie à même le mur.
« Un jour, une femme se présentera à vous sous un visage qui n'est pas le sien,
Elle cherchera à connaître nos paroles pour vous faire croire qu'elle est de bien,
Sans réponse, elle s'en ira pour préparer un retour qui ne sera pas rien,
Des reines elle veut la place pour sans crainte leur subtiliser le lien,
L'esprit embrumé, homme et animal, enfant et piédestal, tous ne seront plus mien,
Si dès son apparition, la menace n'est pas éliminée, nul ne sait ce que de vous il advient.
Si le lien qui est mien devient sien, rien de bien n'advient."

Je la lisais et relisais et après des heures d’interprétation j’en vins à la conclusion qu’il s’agissait là d’une mauvaise prophétie de bas étage.
« Attention, un méchant arrive et il va tous vous tuer. »
Les habitants soumit à un rythme éreintant de travail ne trouvait ni la force ni l’envie de se rebeller. L’idée même de se battre n’effleurait pas leur esprit. J’admirais le travail effectué par la Reine ou ses prédécesseurs afin d’instaurer une paix parfaite dans un royaume de glace pas si parfait. On occulte la liberté de penser, on ligature la liberté de mouvement, cela s’appelle du despotisme même si le résultat peut être plaisant aux premiers abords.
A ma première visite, je ne m’étais pas focalisé sur l’absence de couleur, de vie, d’art. Trop concentrée, la peur justifiée d’échouer, m’avaient fait louper nombre détails importants.
Après une minutieuse enquête j’appris que l’art était contrôlé par la Reine. C’est elle qui décidait qui et quoi devait être représenté en tableau ou sculpture et surtout comment ces œuvres devaient être réalisées. Mornes, ternes et trop souvent à son effigie, je trouvais dans ces représentations une ambiance malsaine d’égocentrisme.
Les ours, prêtres de la Reine, étaient quant à eux de grands inquisiteurs et sous leur air de prêcheurs de bonne parole, ils contrôlaient la populace. Si un esprit devenait rebelle ou trop curieux, cela se savait vite et un des ours le faisait venir et s’en débarrassait, tout simplement. L’excuse pour sa disparition ? On prétendait qu’il avait été élu par la Reine et avait rejoint sa garde privée. Un grand honneur, mon cul oui !
Le rassemblement des informations me prit plus d’un mois, un long mois où je faillis plusieurs fois me faire surprendre. Oubli de réactivation de mon sortilège, maladresse bruyante ; toutes ces erreurs ont fini au final par me rendre plus silencieuse qu’une carpe et ce, même sans magie. Pas feutrés, gestes contrôlés, je pouvais rester des heures dans une pièce sans que même les chats n’entendent ma respiration.
Le reste du temps, dans ma demeure à pièce unique, je m’entrainais à la sorcellerie. La théorie s’est bien, la pratique c’est mieux. C’est à ce moment, je crois que je me forgeais une carapace contre la misère. A travers les carreaux des fenêtres je voyais des enfants pauvres mourant de faim, des estropiés peinant à marcher. Ce beau système avait des failles. Mais je ne pouvais pas agir et si les larmes baignaient trop souvent mes joues, mon cœur se durcissait. Ces visions finirent par ne plus me déranger même si je savais qu’au fond de moi elles étaient autant de coups de couteau dans mon âme. Renforcée dans mes convictions, j’étais bien décidée à conquérir ce lieux et à rendre à ces gens une vie descente et non pas d’esclavage déguisé. Fiona n’importait plus. Savait-elle que je réagirais ainsi ? Surement.
Par où commencer ? Devais-me travestir ? Je connaissais alors leurs principales us et coutumes, je pensais pouvoir parfaire mon accent. Je saurais passer inaperçue sans invisibilité. Mais ce n’était pas la voie que je voulais emprunter.
Je suis Polgara Acoma et pas une autre personne. Je laissais donc les déguisements aux traîtres et espions pour sortir à visage découvert. Enfin, pas de suite, le souvenir d’une gorge ouverte déversant votre fluide vital vous rappelle vite à l’ordre.

Dans tous pays, dans tout endroit, une tyrannie voit toujours naître une résistance. Aussi vigilants soient les ours, il ne peut pas ne pas exister un groupuscule ennemi du pouvoir. Et je finis par le trouver, non sans mal. Je suivis de nombreuses pistes, la plupart fausses. Je commençais bien sur par les pauvres, les ‘laisser pour compte’. Mais ce fut ma première erreur. Bien sur la résistance pleurait ces miséreux mais elle ne pouvait rien pour eux. Une erreur et ils étaient découverts et un pauvre, un affamé, un malheureux est trop aisément corruptible. Ils les aidaient du mieux qu’ils pouvaient mais toujours anonymement. Je perdis des jours à le découvrir.

Parfois les plus grands exploits sont dus à des accidents, des hasards de la vie ou des coïncidences. Dans mon cas, non.
Ma recherche avait éveillé des soupçons. La grande majorité du temps, je voyageais sous le couvert de l’invisibilité mais certaines questions devaient être posées. Aussi je finis par rencontrer des gens que je choisissais scrupuleusement. Un simple contact et ils étaient plus enclins à me parler et surtout à oublier le fâcheux événement qui me fit hélas trop connaitre.
Je n’aimais pas influer ainsi de braves gens mais à l’usage, je finis par me convaincre du bien fondé de la chose. Après tout je ne changeais en rien leur vie. Mais leur changement de comportement, même anodin avait, comme je l’ai mentionné, éveillé des soupçons. Et c’est pourquoi un jour alors que j’entreprenais un contact de ce genre, j’entendis un refrain dans la tête de mon interlocuteur. Lui paraissait normal tenant des propos cohérents mais dans son esprit se faisait entendre une phrase bouclant sans cesse.
« Rendez vous à la fourche glacée un soir sans ciel. Ce message s’autodétruira une fois entendu. »
Je lâchais instinctivement mon hôte qui s’étonna de ma réaction. Prétextant un étourdissement passager, je repris le contact, plus de phrase, plus rien.
Combien de personnes avaient été « programmées » pour que j’aie la chance de découvrir le message ? Sans doute un certain nombre et je ne doutais pas que mon mystérieux interlocuteur s’occuperait de tout effacer en temps et en heure. Rassurée de voir que l’esprit programmé ne souffrait pas de l’autodestruction du message, je me mis en tête de résoudre l’énigme. Ce fut aisé. La fourché glacée est le nom donné à une sculpture qui siège à l’intersection de deux routes marchandes à quelques heures de la ville. Grande de dix huit mètres elle représentait un trident, l’arme d’hast de prédilection des gardes de la Reine. Elle était taillée dans un énorme bloc de glace. Voilà pour le lieu. La nuit sans ciel était la référence à ces nuits de mauvais temps où les nuages obscurcissaient totalement le ciel ne laissant aucune étoile percer. Je levais la tête et contemplais le magnifique soleil qui siégeait dans un ciel sans nuage. Pas pour ce soir. Je passais le temps à continuer mes recherches et tombais pendant les deux jours qui suivirent sur trois fois le même message. Après quoi, plus rien. J’en traduisais que le commanditaire avait su que sa missive avait été délivrée. La première nuit propice arriva après plus de huit jours de beau temps. J’étais au rendez-vous invisible. J’attendis frigorifiée dans la neige ; j’avais pris soin de ne laisser aucune trace. Personne ne vint. La seconde nuit, le lendemain, idem. Ce n’est qu’au matin que je me suis rendu compte combien j’étais stupide. L’autre camp devait sans nul doute être plus que discret, nous étions au même rendez vous sans nous voir.
La troisième nuit, les étoiles sont parvenues à percer le voile nuageux, pas de rencontre. La quatrième fut la bonne. Je sortis de chez moi, mais sans camouflage cette fois. Je me dirigeais vers la fourche persuadée que j’étais suivie. Après m’être assuré que l’endroit était désert, je me tenais au pied du trident de glace. Moins d’une heure plus tard, une silhouette se détacha des pénombres. Un homme, gros, pas très beau, s’approcha. Un large sourire sur son visage, une dague à la main. Mentalement, mon sort d’arrêt cardiaque était prêt à partir. Il portait de chauds vêtements de mauvaise facture et sentait le bouc. Pas très discret. Ce ne pouvait être lui, aussi lorsqu’il s’effondra, raide mort, j’entendis un sifflement. Un autre homme, arc à la main, sans flèche encochée, sortit d’un buisson de ronces un peu en surplomb à ma position. Il me fit signe. J’approchais, un autre sort prêt à fuser. Certes une déflagration de flammes risquait d’être vue, mais je ne pensais pas utiliser mon arrêt cardiaque aussi tôt.

«- Bien joué, fit-il. Il vous avait suivi depuis votre sortie de la ville. Un voleur de bas étage connu sous le nom de gras double. Il sourit.
- Pas très agile comme voleur, fis-je, histoire d’engager la conversation sous de bons hospices.
- Ne vous y fiez pas, son air débonnaire en a trompé plus d’un qui connurent trop tard son habilité au couteau. J’étais près à intervenir mais je voulais m’assurer que j’avais à faire à la bonne personne. Il montra son arc.
- Il n’embêtera plus personne. J’étais soulagée que mon intuition avait vu juste. Il avait du attendre lui aussi que personne ne nous dérangerait alors qu’il commettrait son méfait.
- Comment savez vous que je suis la bonne personne ? Continuais-je ?
- Question d’intuition,
fit il, un sourire toutes dents dehors. Suivez-moi.
Et nous partîmes pour une marche de plusieurs heures, sans un mot. Parfois il s’arrêta, attentif, parfois il accélérait le pas. Nous revenions sur nos pas ou changions subitement de direction. Sans être experte, je devinais qu’il s’assurait que nous n’étions pas suivis. Je lui proposais un sort d’invisibilité mais il déclina me répondant :

- Evitez la magie, sorcière. La Reine sent ces choses là. Elle pourra vous localiser facilement. Si vous avez pu lui échapper jusque là, c’est parce que vous étiez en périphérie de Caer Givris, trop saturée elle-même des effets magiques de la Reine. Vos sorts passaient inaperçus. Mais ici en rase campagne, pas la même chose. La discrétion sera notre survie.

Une sorcière désarmée, voilà ce que j’étais. Mais radar ou pas, il lui en cuirait si jamais il me menait à un traquenard.
Il me conduisit à une maison, petit et coquette ressemblant à une petite ferme mais sans bassecours et autre animal. Pas de champs, ni culture, une petite route de terre la rattachait au réseau routier. L’endroit était isolé et la vue dégagée couvrait des dizaines de kilomètres dans toutes les directions. Il entra, je le suivis.
La pièce principale était un salon au confort douillet. Chaises rembourrées, fauteuils de cuirs, cheminée approvisionnée, une table garnie, rien ne manquait. Deux vases avec de magnifiques fleurs me coupèrent le souffle. La première fois que je voyais d’aussi belles couleurs chatoyantes depuis que je séjournais ici. Je vis là la preuve que j’étais entre de bonnes mains. Je humais l’une d’entre elles, hélas le froid ambiant coupait toute volupté.

- Je vais faire du feu, décrivit l’homme comme si il devinait mes pensées. Il s’affaira devant la cheminée quelques minutes après quoi de joyeuses flammes crépitaient dans l’âtre.
- Cela deviendra vite agréable,
dit il tout en se mettant à l’aise.
- J’avais imaginé un lieu de rassemblement plus grand, plus sécurisé et plus secret avouais-je.
- Tout ce que recherche la Reine,
ajouta-t-il. Si nous avons survécu jusqu’à aujourd’hui c’est parce que nous déjouons les règles élémentaires de la résistance.
- Je vois.
- Vous êtes Polgara Acoma, la femme de la prophétie, celle par qui la Reine doit tomber.
- Oui mais je ne suis pas une prophète,
m’empressais-je d’ajouter.
- Nous le savons Polgara, ria-t-il.
- Qui y-a-t-il de si drôle ?
me vexais-je.
- Avez-vous demandé de quand datait cette prophétie ? Elle n’a même pas trois mois. Les ours se sont empressés de la diffuser quant la Reine a deviné qu’une sorcière avait pénétré son territoire. Elle a horreur de la concurrence.

Plusieurs réponses venaient de s’éclairer à mon esprit. Il continua.

- Dites aux gens que vous êtes leur seule attache à la vie et que quelqu’un veut couper cette attache et hop, vous obtenez un réseau d’informateurs et de chasseurs de primes des plus efficaces. La peur, voilà comment gouverne notre Reine.
- Mais qui êtes vous ?
dis-je.
- Moi ou ce que je représente ? Vous nous avez cherché, nous aussi, aussi fut-il normal que nos routes se croisent. Vous vous êtes fait beaucoup plus discrète qu’à votre première arrivée. Nous avions eu peur alors, les ragots vous donnant pour morte.

Ce n’était pas loin, pensais-je. Il poursuivit.

- Je m’appelle Georbert, je suis votre représentant de la résistance. Nous sommes une poignée et jamais nous nous réunissons. Les seules rencontres se font par deux et toujours à des endroits différents. Cette maison appartient à un riche fermier, il ne vient que très rarement avec ces conquêtes. Mais pour ce soir, je me suis assuré qu’il reste chez lui.
- Comment ?
- Disons que sa femme a découvert par hasard ses frasques et qu’il est en train de s’expliquer.
- Et elle saura le retenir ?
- Que savez-vous sur notre société ? Nous subissons un gouvernement matriarcal. Le pouvoir aux femmes.
- Mais les ours sont des hommes ?
- Pas tous, et pas vraiment, ce ne sont que des pantins.
- Je vois.
- Je ne crois pas non,
dit-il avec douceur. Depuis que notre monde est tel qu’il est, à savoir une calotte glacière, nous avons une Reine pour leader. Quelle âge a-t-elle ? Combien se sont succédé ? Impossible de le savoir mais une chose est sûre, elle a la main mise sur tout et toute chose. Aussi quant elle a perçue votre arrivée, vous avez été un cheveu dans la soupe.
Georbert s’installa sur un fauteuil à présent débarrassé des ses fourrures et armes. Je fis de même. La température commença à devenir agréable.

- Vous n’avez jamais songé à renverser la Reine ?
- Bien sur que si, mais l’endoctrinement est tel que nous avons déjà du mal à recruter de nouveau membre. Et la Reine est puissamment entourée. Au fur et à mesure, elle s’est constituée une armée quasi invulnérable.
- Personne n’est invulnérable.
- C’est que vous n’avez jamais croisé un de ses gardes personnels. La Reine et ses fidèles suivantes ont une façon bien à elles de consommer une relation physique. Ce sont toutes des sorcières et non content d’envouter les mâles qu’elles convoitent, elles les dévorent après, comment dirais-je, utilisation.
- Dévorent ? Yerk, c’est infâme !
- J’ai peut être exagéré un peu, mais cela vaudrait peut être mieux que cela soit ainsi. Elles usent de leur pouvoir pour les vider de leur âme. Elles dévorent les souvenirs, le savoir, les secrets et ne laissent qu’une enveloppe charnelle vivante mais sans contrôle. A l’aide d’un rituel puissant elles en font des morts vivants, des guerriers implacables qui ne reculent ni devant la peur, ni devant la douleur. Ils sont insensibles aux sortilèges et aux illusions.
Voilà ce qu’est la garde de la Reine. Ils restent au château veillant à sa sécurité et ne sortent que très rarement, qu’en cas de conflit majeur. Et cela n’est pas arrivé depuis des décennies.
- Je comprends, et les ours alors ?
- Un de leur ancien amant, ou une des fidèles selon le besoin et la circonstance.
- Donc les fidèles de la Reine sont ses vrais bras droits.
- Et ses filles accessoirement, inutile de chercher à les corrompre.
- Elles sont combien, ses filles ?
- Aucune idée, mais nous en avons dénombré onze. Il doit y en avoir plus, la Reine a une longévité extraordinaire.
- Onzes sorcières en puissance en plus de la Reine. Pas gagné.
- Comme vous dites,
et il rit.
- Et votre organisation compte combien de membres ?
- Un certain nombre,
il sourit, suffisamment pour inquiéter la Reine, pas assez pour tenter un putsch. Certains se font prendre et se font dévorer leur savoir, et d’autres ainsi découverts suivent mais nous arrivons à enrayer rapidement les recherches de la Reine. Notre système fonctionne bien.
Je ne pouvais qu’apprécier l’intelligence de ce système.

- Mais alors, vous-même ne connaissez qu’une petite minorité de vos partenaires, comment arriver à vous faire confiance, les uns des autres. Vous n’avez pas peur des taupes ?
- Taupes ?
- Des espions, un terme argotique de chez moi.
- Oh non, nous avons un moyen sur de nous identifier. Notre mentor grave dans nos esprits une clef qui nous fait dire si oui ou non, nous faisons partie de la même organisation.
- Mentor ? Alors vous avez un leader, qui est-il ?
- Je n’en sais rien. Je l’ai rencontré une fois pour qu’il m’implante la clef mais il a prit soin d’effacer de ma mémoire les détails le concernant. Je sais juste qu’il existe et qu’il œuvre pour nous.

Cela compliquait mon enquête car ce mentor, il allait falloir le rencontrer.
Je priais Georbert de continuer.

- Il agit dans l’ombre, aidant les pauvres et les maltraités du mieux qu’il pouvait. Mais il se rendit vite compte que la seule solution était de se débarrasser de la Reine, aussi il fonda notre réseau. Lentement mais surement engageant un à un les membres après une sélection drastique.
- Et la Reine dans tout ça ?
- Au début elle ignorait tout de notre réseau mais aussi fiable soit il, notre système a des failles et la Reine de gros moyens. Elle finit par en avoir vent et elle n’a de cesse depuis à retrouver notre mentor pour le faire taire une fois pour toute.
- Que viens-je la dedans ?
- A vous de nous le dire,
il sourit, après tout, c’est vous qui vouliez nous rencontrer.
- C’est vrai et je crois que nos buts convergent, il me faut rencontrer votre guide.
- Je ne puis hélas pas vous aider mais je suis certain qu’il vous contactera rapidement. Il fera le premier pas. En attendant je vous conseille de rester avec moi. Si la Reine apprend votre retour elle retournera chaque pierre du pays pour vous retrouver. Et cela ne sera bon ni pour vous ni pour nous.

J’acquiesçais. Nous prîmes un peu de repos et avant l’aube nous reprenions la route, il avait prit soin de détruire à mon grand regret les fleurs.
Georbert était prévenant et les chemins qu’il emprunta étaient praticables et peu difficiles. Les jours qui suivirent, il m’expliqua au mieux l’histoire de son monde. La Reine possède un artefact puissant qui lui permet de contrôler le temps. Cela confirma ce que m’avait confié ma marraine. Depuis son accession au trône, elle enferma les habitants dans un mutisme général les fatiguant au labeur et ne leur laissant pas le temps aux rêveries. Georbert n’alla pas juste qu’à confier que les gens étaient malheureux, mais ils n’étaient pas heureux. On pourrait parler d’une déprime universelle latente.
Les déplacements permanents assuraient notre protection. Par deux fois nous rencontrâmes deux autres membres de l’organisation. Ils échangèrent quelques informations dont une primordiale. Un des ours allait être seul pendant plusieurs jours. Pourquoi ses gardes partaient, ils n’en avaient aucune idée, mais c’était là une occasion en or pour frapper. Sans trop savoir pourquoi je me proposais pour la mission.
Géorbert me regarda surprit :
«Pourquoi vous porter volontaire ?
- Voilà des jours que je vous suis et vous connaissez mon désir de rencontrer votre leader. J’espère que cette action et preuve de bonne foi me révélera à lui.
- Vous rendez vous compte qu’on parle de tuer une personne ?
- Oui, et je suis prête car ce n’est ni plus ni moins qu’une carcasse vide, un mort vivant, si je me souviens de vos paroles.
- Ou de l’une de ses filles, nous ignorons sa réelle nature.
- L’un ou l’autre, cet ours n’est qu’un serviteur de la Reine, sa mort ne me causera pas d’état d’âme.

Du moins je l’espérais. Géorbert me confia un plan griffonné sur un parchemin. La grotte de l’Ours était l’une des plus isolées, située en haut d’un pic érodé. L’escalade ne devait pas me poser de problème. Une fois encore, il me conseilla de ne pas user de magie jusqu’à l’affrontement. Je le saluais et le remerciais de son aide. Parfois je me dis qu’il me laissa trop facilement partir mais sur le moment je n’y prêtai pas attention. Les premiers jours furent sans encombre. J’atteignis facilement le pied du mont rocheux. Alors que j’entamais la montée, une tempête se leva.
La neige n’avait de cesse de recouvrir mes pas et les flocons s’accrochaient à mes cheveux tels des décorations de noël sur les branches d’un sapin. Parfois un tourbillon venteux faisait soulever un nuage blanc et retombait aussitôt. Les bourrasques étaient aussi communes que violentes et les premières m’avaient surprise et fait trébucher.
Appuyée donc sur un lourd bâton taillé, j’avançais péniblement, me frayant un chemin dans la poudreuse qui arrivait maintenant à ma taille. Jetant de temps à autre un coup d’œil derrière, j’avais eu le plaisir de voir ma tranchée rebouchée quelques minutes seulement après mon passage. On la devinait certes mais l’irrégularité du terrain la faisait passer pour un ruisseau enfoui ou un chemin de traverse.
Ce n’est pas que je craignais d’être suivie mais cette fois je mettais la prudence de mon coté. La grotte n’était, selon mon plan, plus qu’à un ou deux kilomètres. Quelle idée d’habiter là bas. Maintes fois j’eusse été tentée de sortir de ma poche un sortilège de téléportation ou un lance flamme magique mais cela eu été révéler ma présence.
La neige s’estompa à mon arrivée au seuil de la caverne. Pas très grande, elle était néanmoins suffisamment haute pour que je n’eusse pas à me baisser. Je pénétrais dans un couloir éclairé par des lampes de suif qui laissaient de vilaines traces de graisses sur les parois sans parler de l’odeur. Je marchais prudemment et silencieusement, les sens aux aguets. Vais-je réussir ? C’est en forgeant qu’on devient forgeron mais devient-on assassin en tuant ?
Une fragrance de musque énerva mes narines. Je ne parvenais pas à déterminer si c’était une bête ou un homme. Le couloir tournait en colimaçon suivant une pente douce mais régulière et inlassablement je m’enfonçais sous terre. Quelques dessins muraux apparurent après la troisième boucle. De nature primitive, ils représentaient des scènes de la vie d’un chasseur et d’un guerrier. Je n’y aurais pas prêté attention si un détail ne m’avait pas interpellé. Tous ces dessins se déroulaient en été. Arbres feuillus, soleil, herbe jaunie, animaux gras, tout ce que je n’ai jamais rencontré depuis que je suis revenue.
Ainsi ce monde aurait vraiment connu autre chose que la neige et la glace.
La pente s’amenuisa et finit par revenir à niveau. La fin de la descente. Si mes calculs étaient exactes et ils l’étaient, je me trouvais a quarante cinq mètres sous terre. La grotte continuait plus en avant et s’élargissait pour devenir une grande salle. De nombreuses peaux de bêtes tapissaient les murs et le sol, des meubles, artisanaux, étaient disposés ça et là sans logique. Une vingtaine de lampes identiques à celles du couloir éclairaient l’ensemble de l’espace appuyées par quelques cierges sur les tables.
Mes mains étaient sorties des poches et mon esprit de sa torpeur. Je m’apprêtais à jeter un sort de confusion sur les gardes quant je m’aperçue, un air stupide sur la figure, qu’ils n’y en avaient pas ! Les informations des renégats étaient justes.
Mon regard se porta immédiatement vers l’énorme trône qui siégeait au centre de la pièce. On aurait dit qu’un grizzly s’y était vautré. La masse bougeait légèrement mais restait silencieuse. Un homme, gigantesque, recouvert d’une peau d’ours était assit et me regardait. Un large sourire aux lèvres laissait apparaître des dents d’une blancheur éclatante. Une pensée stupide sur une comparaison avec la blancheur de la neige me vint à l’esprit. Sa pilosité abondante était la raison de ma méprise première. Il m’avait vu, inutile de faire comme si je ne le savais pas. Je me redressais et ce faisant laissais tomber ma lourde cape de fourrure.

« Ours, fis-je, je suis Polgara Acoma et le règne de terreur de ta Reine touche à sa fin. Et cela commence par ta mort. »

Mon arrêt cardiaque fusa et l’homme ouvrit de grands yeux exorbités alors que son cœur cessa de battre. Comme ce fut facile. Je ramassais ma cape et la secouais faisant tomber la neige accumulée qui commençait à fondre. Je fis demi tour et sursauta quant j’entendis un râle. Je me retournais. L’Ours immobile ne donnait aucun signe de vie. Mon regard scruta la pièce sans rien déceler.
Encore un râle.
Cette fois, j’en fus sûre, il venait du mort. Je vis ses lèvres s’entrouvrir et le même sourire se dessiner. Ses pupilles bougèrent et me fixèrent. Un nouveau sortilège allait fuser. Pas le temps de faire dans la finesse, je m’apprêtais à tout cramer.

« Inutile, gronda-t-il, tu as suffisamment prouvé ta valeur. »

Il se leva, il devait mesurer bien deux mètres dix. Sa musculature impressionnante se devinait sous ses fourrures, c’est dire. Sa voix caverneuse sortait d’outre tombe. Elle me fit peur. Il n’avait rien d’un mort vivant et pourtant il devait entre être forcement un. Ils ne craignent pas les sortilèges avait dit Georbert. Stupide Polgara. Le feu saurait bien le faire disparaître. La dernière clef du sort se mettait en place.

« Inutile, répéta-t-il. Je ne te veux aucun mal, je sais qui tu es Polgara Acoma. »

Et il brisa d’un mot de pouvoir mon sort qui n’émit qu’une vague fumée. Bien sûr je n’étais plus une sorcière débutante et si j’avais de nouveau commis une erreur en mal jugeant sa nature, j’avais encore des réserves. Mentalement, j’entrepris de lui confectionner un adversaire de glace. Mais ce sort complexe n’était pas prévu pour l’immédiat, il me fallait quelques minutes pour le terminer. Il veut parler, et bien parlons.

« Je viens de te dire que je voulais ta mort et toi tu ne me veux aucun mal ? Tes paroles sont aussi empoisonnées que celles que déversent ta Reine à son peuple.
- Tu gagnes du temps, mais cela m’arrange. Ton arrêt cardiaque était plus puissant et prompt que je ne m’y attendais. Je dois prendre sur moi. Ainsi tu veux me voir mort, je ne t’en blâme pas, les Ours ne sont qu’esclaves d’une despote.
- Tu te moques de moi ? Crois-tu vraiment pouvoir m’amadouer en te faisant passer pour ennemi de la Reine alors que tu n’es que son pantin ?
- Je me fais passer pour un Ours de la Reine et je suis réellement son ennemi. Cela ne t’as pas effleuré qu’il est été si simple d’arriver jusqu’à moi ?
- Qu’essais-tu de dire ?
- Que je suis celui que tu cherches.

Ainsi le fameux mentor ne serait ni plus ni moins qu’un des fidèles Ours de la Reine de Glace ? Je n’y croyais pas mais je laissais mon sortilège en suspend exécutant une défense magique à la place. Prudence est mère de sureté.

- Mieux.
- Vous êtes sorcier ? Je croyais que seules ses filles l’étaient ?
- Je ne suis pas sorcier mais je sais quant la magie s’en mêle. Assieds toi Polgara Acoma, nous avons à parler.
Je m’installais sur un tabouret que j’avais déplacé en face de lui. Un stratège en combat ne se serait jamais installé dos à l’entrée de la caverne, mais je ne le suis pas.
- Je m’appelle Remus, je suis l’Ours de la quatrième étoile de la Reine. Du moins en apparence car comme tu l’as deviné je suis également le mentor des rebelles. Je vais tâcher d’éclairer ta lanterne avant que tu ne m’assailles de questions.
Pourquoi t’ais-je fais venir ici ? Nous verrons cela après, je vais t’expliquer le comment. Je possède quelques talents psychiques qui me permettent dans une humble mesure de manipuler l’esprit des gens. Mais cela tu t’en es rendu compte. J’ai donc conduit Georbert jusqu’à toi et lui ais fourni l’information qui t’a fais mené ici. Bien sur, lui est convaincu qu’il faut me tuer, mais je protège mes partisans ainsi. Moins ils en savent sur moi, mieux cela vaut.
D’où me viennent ces talents ? Du sceptre de la Reine. Je n’étais qu’un de ses amants il y a bien longtemps et elle m’aspira l’âme comme elle le fait à chaque fois qu’elle se lasse. Je n’étais alors plus qu’une coquille vide, un être sans esprit obéissant à ses ordres. Mon physique hors norme en imposait aussi elle me fit Ours. On me craignait, on me respectait mais je l’ignorais n’étant qu’un vulgaire pion. Ce n’est qu’au cours d’une cérémonie officielle, une de celles où la Reine réunit tous ses Ours et ses filles pour accomplir un rituel de servitude sur de pauvres bougres choisis pour l’occasion, que tout se déclencha. Une maladresse et voilà le sceptre à terre. En bon serviteur, je le ramasse et le tend à la Reine qui me regarde alors d’un air courroucé. Nul n’est censé toucher l’artefact. J’ignore ce qu’il se passa mais en un éclair, je retrouvais mon âme, mes esprits, ma conscience et j’y gagnais bien plus, une certaine clarté, une meilleure compréhension des psychismes et même la faculté de les manipuler dans une certaine mesure. Bien sûr je pris soin de ne pas me dévoiler et suivit mon rôle d’Ours parfaitement. Ce que je fais encore aujourd’hui.
Les années qui suivirent j’appris à user de mes nouveaux talents et rapidement pris conscience de leur portée mais aussi de leur limite. J’ai fondé ce réseau clandestin afin d’aider au mieux les plus désœuvrés mais nos moyens d’actions sont maigres surtout depuis qu’Elle a apprit notre existence.

Remus arpenta de sa longue enjambée la caverne. Je restais pensive songeant à cet artefact. Contrôle du temps, contrôle des esprits et quoi d’autre ? Sa puissance n’était plus à prouver et je me demandais ce qu’il en adviendrait lorsque je le récupérerais. Je regardais Remus et jamais je n’aurais imaginé qu’une telle montagne de muscles cachait un esprit fin et puissant. Comme le voleur que j’ai tué au rendez vous de la fourche. Comme moi qui ne parait être qu’une frêle jeune femme et qui suis une sorcière. Les apparences sont toujours trompeuses.

»Venez , me dit-il cette odeur persistante m’incommode. »
Puis il se dirigea droit vers le mur du fond, il souleva une tenture et laissa apparaitre un passage à pleine plus large et haut que lui. Je le suivis. Nous marchons a peine une minute en silence quant nous débouchons sur une terrasse à l’extérieur. Nous sommes sur le flanc de la montagne, un large précipice en dessous. Le soleil donne et l’air est frais mais loin d’être glacial. Je ne comprenais pas. Censés être sous terre comment avons-nous pu émerger ici ? Je lui posais la question.
« Un des mystères de la Reine. Ou peut être est-ce plus ancien. Je n’ai jamais su où se situait cette terrasse. Le paysage qui s’étend devant nous n’est pas glacé et donc n’appartient pas à notre monde. »
Fin philosophe, il m’expliqua que certains mystères se devaient de rester secrets et que la sagesse était d’en user sans abuser. Les heures qui suivirent, il me parla de son organisation, des codes, des procédures et de cette fameuse clef mentale. Pourquoi il se confia autant ? J’imagine qu’il a vu en moi sa bouée de sauvetage. La Reine ne tarderait pas à la découvrir et tous ses efforts auraient été vains. J’eu la réponse quant au mystère de cette terrasse bien, bien plus tard. Nous avions traversé un tunnel d’Ombre. Un passage entre deux mondes. L’un se contentait d’être une terrasse suspendue, l’autre un monde glacé gouverné par une tyran.
Sur la terrasse une étrange statue en métal. Art moderne elle ne représentait rien de particulier, quelques tuyaux enchevêtrés de bonne taille. Une fois encore Remus ignorait ce qu’elle pouvait représentée et ni lui ni moi ne pouvions imaginer à ce moment qu’elle n’était pas une statue mais un système d’amarrage pour d’étranges créatures volantes.

»Et maintenant ? , fis-je.
- Maintenant ? nous allons tuer la Reine, une bonne fois pour toute.
- Comment ? Elle est puissamment protégée, sa garde personnelle, ses filles et le sceptre.
- Oui beaucoup d’obstacle mais avec de la méthode, nous devrions y parvenir.
- Nous ?
- Je vous accompagne, mon temps est compté.
- Vous êtes mourant ? Je suis guérisseuse, je peux peut être faire quelque chose.
- Non, ce n’est pas mon corps mais mon âme qui se meurt. Je crains que mes dons soient à double tranchant et je sens depuis quelques semaines un appel du sceptre. Je ne pourrais pas lui résister encore longtemps.
- Je vois, j’en suis désolé.
-Ne le soyez pas, vous êtes mon premier espoir depuis bien des lustres.

Nous avons débattu pendant deux jours sur la stratégie à mettre en place. Dans deux semaines, une cérémonie, comme celle qui a valu l’éveil de Remus, allait avoir lieu. Remus comme tous les Ours et les Filles de la Reine était conviés. J’allais l’accompagné, déguisée en garde. Après avoir émis un doute il me rassura en m’expliquant que près de la moitié des gardes étaient des femmes et qu’elles avaient toutes des postes hauts placés. Société matriarcale oblige. Il m’apprit à me grimer tout comme il le faisait lui-même, camouflé sa véritable odeur, falsifier sa voix. Décidemment, cette époque m’avait apprit beaucoup sur le contrôle de son propre corps. Une fois sur place, je devrais trouver un moyen de me retrouver seule à seule avec la Reine, lui occuperait tout gêneur. Après, Dieu fasse qu’elle tombe avant moi. Quel Dieu ? Peu importe.
Etait-ce inévitable ? Sans doute oui, mais nous finîmes par tomber dans les bras l’un de l’autre. Il était fort, attirant et charismatique et pourtant prévenant et doux. Ses mains broyaient les roches et ses bras étaient un nid douillet dans lesquels j’aimais me refugier. Nous savions tous les deux que cela ne durerait pas et sans doute est-ce pourquoi nous avons autant apprécié ces moments.
Le voyage vers Caer Givris, la cité et le château, ne posa évidemment aucun problème. Sa garde revenue et l’escortant, nous évitions toute intimité. Nous avons été accueillis par la garde rapprochée de la Reine, ces pantins de mort vivants. Le château était immense mais aussi vide. Les pièces contenaient le strict nécessaire, ma chambre, un lit. Remus était dans l’obligation de participer à des préparatifs privés avec la Reine et les autres.
Tout se déroula très vite. On vint me chercher dans la nuit, Remus m’ayant appelé. Je suivis les serviteurs qui me conduisirent dans une vaste chambre luxueuse. Au moins, la Reine respectait-elle ses plus fidèles suivants. Mais il n’en était rien. Je vis Rémus s’approcher de moi et m’enlacer. Je répondis à ses caresses mais son étreinte se fit plus forte, presque douloureuse. Interloquée j’allais le questionner quant je la vis, Elle, derrière son dos, apparaître avec un air malsain. Son visage était recouvert d’un voile bleuté des plus charmants et son corps était entièrement nu, insensible au froid. Elle avait le sceptre dans la main gauche. J’essayais de me débattre mais la force de Rémus m’empêcha tout mouvement.

« Remus ?!
- Ton bien aimé est de nouveau mien,
fit la reine. Très satisfaite d’elle-même elle se rapprocha et posa sa main glacée sur ma joue. Une forte douleur me pénétra. Je sentis son esprit s’insinuer dans le mien mais pas pour en retirer des informations mais me torturer. Elle pressa, tortilla, déchira mon âme que j’en hurlais. Surprise je n’étais pas préparée à cela. Persuadée que j’allais encore une fois échouée, j’abandonnais toute résistance et elle se retira.
« Pas encore. Je souhaite savourer cette victoire. Ainsi cette garce de Fiona croyait pouvoir me reprendre le sceptre ?
- Vous connaissez Fiona ?
Ma curiosité piquée au vif m’avait incité à poser la question.
- Si je la connais ? Oh que oui.
Elle leva le voile et mon cœur s’arrêta un moment. Fiona. C’était Fiona.
- Ne te méprends pas, petite sotte. Je ne suis qu’une de ses ombres. Elle a cru bien faire en venant me chercher, en me propulsant sur cette ombre insipide, m’emprisonnant à jamais et tout ça pour quoi ? Pour prendre en son nom cet objet.
Elle brandit le sceptre.Mais je l'ai gardé. Je savais qu’elle allait envoyer quelqu’un faire le sale boulot à sa place. Elle a peur de moi, peur de ce que j’ai découvert à travers lui. Ici je suis la Reine et même elle ne peut rien contre moi. Emprisonnée je le suis à l’intérieur de cette ombre, mais elle, elle l’est à l’extérieur. Mais toi, qu’est-elle pour toi ?
- Ma marraine, mais cela importe peu car ce n’est plus à sa demande que je suis ici.
L’ombre de Fiona ? Ainsi elle le savait et me l’avait caché. Pourquoi ? Encore une fois il me fallait gagner du temps mais je savais que face à Elle, la magie n’avait aucune chance de l’emporter. J’entrepris une autre action.
- Ta marraine ? Etrange. Ou alors.. .Mais oui ! Ah ah ah.
Elle partit dans un fou rire démoniaque. Quelle ironie du sort. Je vais enfin pouvoir me venger. A travers toi.
- Je ne vous laisserais pas faire.
- Et que comptes-tu faire pauvre imbécile ? Tu ne peux bouger, tes sorts sont inutiles. Tu t’es même laissé piéger par ce brave Remus. Et oui, je savais qui il était depuis bien longtemps, depuis qu’il a touché le sceptre même. Mais je me doutais qu’il me servirait un jour, aussi je l’ai laissé faire. J’en bien donné l’illusion qu’il me gênait pour le change mais je connaissais ses moindres fais et gestes. Je savais que tu irais à lui, je savais que vous profiteriez de la cérémonie pour m’atteindre. Tu as échouée ma pauvre.
Elle rapprocha sa main de mon visage, je savais que je ne pourrais résister une seconde fois à son intrusion mentale. Mais mon visage arborait un sourire confiant, rassurant qui la fit hésiter une seconde.
-« Remus. »
Fis-je calmement. Le colosse me lâcha et promptement son bras fit un mouvement circulaire tandis que son corps se retournait. Sa main atteignit le visage de Fiona-ombre si vite qu’elle n’eut pas le temps d’enclencher une clef. Il lui brisa la nuque sur le coup. J’avais pendant des jours imaginé un duel de sorcellerie où le château lui-même terminerait en ruine. Mais parfois la tournure des événements font qu’une solution plus simple s’impose d’elle-même. Pendant son speech, j’avais introduit l’esprit de Rémus et débloquer l’emprise de Fiona-ombre. Effectuée rapidement elle n’avait pris aucune précaution et je n’eu aucun mal à l’en débarrasser. Je ramassais le sceptre tombé à terre. Rémus restait à l’écart, il n’y avait rien à dire pour le moment.
Je sentis les lignes de force de l’objet, nombreuses, puissantes. Je sentis les âmes emprisonnées à l’intérieur, nombreuses, impuissantes. Je les libérais et des centaines de corps tombèrent soudainement sans vie dans le château. La garde était finie. Je décelais les lignes qui reliaient le sceptre aux filles de Fiona-ombre. Ainsi elles n’étaient que des canalisateurs et puisaient leur pouvoir à travers le sceptre. Je coupais les liens. Elles n’étaient désormais plus que de simples femmes. Les plus intelligents sauront se faire pardonner et se fondre dans la population. Je sentais une autre force, plus discrète, une ligne puissante, mais cachée. Je tentais de la remonter et eux l’impression de parcourir les tréfonds de l’ombre. Je sentais tout et voyais tout, que le domaine de glace se terminait aux montagnes infranchissables, mais que par delà existait des mondes antagonistes. Le feu, l'eau, les marais et au centre de tout une tour immense, gardée par une statue de pierre. Je me doutais que Fiona-Ombre eu connaissance de ce lien car je le savais, instinctivement, de ce lien, dépendait l’ancrage du sceptre à l’Ombre. Je n’osais le toucher de peur des conséquences.
Les jours qui suivirent furent chaotiques. Le pouvoir était tombé et la Reine morte. Devais-je me faire nouvelle Reine ? C’était le souhait de Fiona, la vraie, mais à ce moment je me demandais dans quel but. Je ne savais rien des ombres avant d’arriver ici, mais l’étude du sceptre me révéla bon nombre de choses quant à leur nature. Et si je ne savais pas encore les manipuler, voyager à travers elle, je contrôlais Caer Givris. Cette ombre pouvait être mienne si je le souhaitais.
Et ce fut ainsi. Grâce au sceptre je me liais à cet endroit, à Rémus. Au début, j’imposais de grands changements, non naturel et la population en fut fortement affectée. Mais il le fallait. Le temps guérirait les blessures. Officiellement j’étais la Reine Polgara Acoma. Rémus devint mon principal conseiller. J’instaurais un gouvernement plus juste, avec des régents pour les différentes régions. Les Ours n’étaient plus. Je libérais l’art et les couleurs et en quelques semaines tout fut métamorphosé.
Il me fallut hélas sévir plusieurs fois pour éviter l’anarchie mais l’ensemble fini par atteindre un équilibre. Je n’écrirais pas ici ce qu’est aujourd’hui Caer Givris. Pour cela consulter les nouveaux ouvrages de nos historiens.
Voilà comment moi, la sorcière Polgara Acoma, ait vaincu la Reine des Glaces, sans magie.
Je regarde le sceptre dans ma main et me demande quant Fiona viendra le réclamer. Quelle sera ma réaction alors ? Nul ne peut le prédire.


Dernière édition par Saisei le Mer 4 Aoû - 14:39, édité 4 fois
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