Darla pour Sance

**Maitre de Jeu** Mer 26 Mai - 10:40

Lorsque le contact s'ouvre, vous retrouvez chacun un amour trop longtemps éloigné. Sance est dos à un mur quelconque, alors que Darla se trouve à cheval dans une plaine herbeuse.

Sance a veilli au yeux de Darla, son visage est plus soucieux qu'à l'habitude.

Darla, elle a le regard dur, son appel faisant penser qu'elle a de lourds reproches à formuler, bien avant qu'elle ne parle. Elle n'est plus pareille que dans les souvenirs de Sance, son corps a quelque chose de plus ferme, plus rugueux. Le temps passé à attendre l'a peut-être endurcie.

Darla Mer 26 Mai - 10:55

Les lèvres pincées, le regard dur, je dis d'une voix aussi fraîche et agréable qu'une bise hivernale :

- Bonjour Sance.

Je marque une courte pause et enchaîne :

- Tu m'excuseras d'avoir enfreint la règle que tu m'avais fixée, mais je suis venu réclamer le paiement de mes services en tant que garde du corps sur le Voyager, et j'ai comme l'idée que, si j'attendais que TU renoues contact, je pourrais m'asseoir dessus. Or, ce n'est pas mon intention.

Sance Jeu 27 Mai - 0:39

Mes yeux avaient acquis un éclat particulier alors que la silhouette de Darla apparaissait, mais mon visage se crispe bien vite lorsque je perçois la tension et la dureté qui émane d'elle.

Quand les paroles jaillissent comme des blocs de glace tranchante prêts à me meurtrir, je reconnais les mots de la souffrance, ceux qu'on jette pour blesser aussi profondément qu'on l'a été soi-même.

De fines rides tristes ombrent mes lèvres. Qu'il semble loin soudain, ce baiser d'Arden qui ne cessait de revenir dans mes rêves et mes projets d'avenir... Plus rien ne resterait-il ?

* Et pourtant, c'est toi, Darla, qui me contacte pour me demander quelque chose. Aurais-tu agi de la sorte si tu me méprisais autant que tu veux le montrer ? Non, tu m'aurais oublié à tout jamais, en m'ignorant et en maudissant... *

J'attends quelques instants que le silence revienne, sentant la colère froide qui émane de Darla. Ma voix est douce et mesurée, un peu assourdie par une émotion intense et pourtant difficile à nommer.

- Bonjour Darla. Je suis heureux de te revoir. J'étais certain que tu saurais échapper à tes poursuivants, et que je te retrouverais saine et sauve...Tu n'as pas été la seule à souffrir de ce long silence, pourtant indispensable.

Une pensée traverse mon esprit, et mon visage s'assombrit lentement. Hanté par des souvenirs qui n'ont plus rien à voir avec les doux feuillages d'Arden, je la regarde longuement avant d'énoncer, sur le ton d'un constat un peu douloureux:

- Demander suffit pour être exaucée, Darla, sans avoir à parler de dû et de services. Je donne volontiers à ceux que j'aime, sans chercher de contrepartie, maintenant ou plus tard. Que désires-tu ?

Darla Jeu 27 Mai - 7:38

Mes yeux se plissent tandis que tout mon corps et tout mon coeur rejette la douceur des paroles de Sance.

*Monsieur l'Ambassadeur... Je l'aurais parié 10 contre 1. Plier pour ne pas rompre, laisser passer la tempête... Combien de fois vous ai-je vu réagir ainsi ? Combien de fois m'avez-vous donné cette leçon ? Et vous croyez aujourd'hui, par ces paroles trompeuses, assagir la bête enragée qui est devant vous... Dommage, la Bête comprend, et ne s'y laissera pas prendre.*

- J'ai besoin d'un atout d'Arden.

Et pourtant -oserais-je le nier ? - sa voix m'est douce, et ses lèvres appellent les miennes. Mais je n'ai pas vaincu les faiblesses de mon corps pour me laisser mener par ses désirs. Comme je le redoutais, l'épreuve est rude car chaque inflexion de sa voix, chaque nuance de son regard, me rappellent les rares moments vraiment heureux de mon existence. Mais je ne cèderai pas.

Sance Jeu 27 Mai - 9:27

Il ne m'est guère difficile de voir que Darla, entêtée et rageuse, lutte avec ses propres sentiments. Et un espoir renaît en moi, alors que je devine sous l'écorce rugueuse un tendre aubier.

Mais lorsque tombe le nom de la forêt de nos désirs passés, j'écarquille les yeux, laissant clairement passer de la surprise et de l'inquiétude:

- Tu veux retourner en Arden ?

* Par Vishan, pourquoi a-t-elle envie de retourner là-bas ? Ne voit-elle pas ce qu'elle risque ? *

Je secoue la tête avec anxiété, fronçant les sourcils:

- Arden est très dangereuse. Ambre est à deux pas, ravagée par une maladie qu'on attribue au Chaos et qui s'étend certainement au-delà de la ville.

* Et si ton chemin croisait l'un des malheureux que j'ai libérés de ce mouroir à ciel ouvert, et qui ont probablement transmis l'infection dans les terres qui entourent la cité, me le pardonnerai-je jamais ? *

- Je connais ces lieux, Darla, Je suis prince d'Ambre. Et pourtant, j'ai failli y mourir.

Je devine trop bien le sort qui t'attend si tu retournes en Arden.

Darla Jeu 27 Mai - 9:52

Tandis qu'il oppose un refus, je me referme encore plus.

*Quelque chose doit le déranger dans le fait que j'y aille. Il a peut-être peur que je ne vende ses secrets à sa famille. Pff.*

- Quelque soit le moyen que j'utiliserai, j'irai là-bas, Sance. Je t'ai demandé le paiement de mes bons et loyaux services, pas les conseils d'une maman poule. Crois-moi, je sais ce que je fais.

*Cependant, il ne dit pas que des mensonges, Méréas m'avait parlé de cette maladie. Mais comme tout un chacun, et mieux encore, il sait que le mensonge manipulateur n'est crédible que s'il ne repose que sur un fond de vérité. Cela ne justifie pas que je prenne la peine de me justifier. Moins il en saura, et mieux cela sera, désormais.*

J'ai cependant hâte que l'entretien se termine. Plus je durcis et plus je menace de casser d'un coup sec. Combien de temps pourrais-je retenir la crise de larme qui menace d'éclater, par frustration, dépit et colère ? Je donnerai tout pour croire son inquiétude vraie, pour renouer ce lien de confiance et de tendresse, et pourtant j'en suis incapable. Mieux, j'enfouis cette envie au plus profond de moi-même. Mais elle menace de tout faire sauter, comme le magma d'un volcan qui profite de la moindre faille pour se libérer, enfin, de la pression. Mais je ne céderai pas.

Ce n'est qu'après coup que l'écho de ses paroles m'amène ce qui est peut-être une vérité : "j'ai failli mourir". Je cille, mais ne relève pas. Il s'agit peut-être d'un mensonge.

Sance Ven 28 Mai - 8:40

* Ma mort la laisse donc indifférente. Et maintenant, elle me parle comme à un marchand, comme à un... client. Veut-elle donc salir nos souvenirs communs au-delà de tout retour ? *

Je regarde Darla avec une profonde tristesse. Je ne m'arrête même pas sur mes propres sentiments, qu'elle s'efforce pourtant d'écraser avec toute l'obstination dont elle est capable. Mais mon coeur se désole de voir cette femme tant aimée et redevenue si froide, si fermée aux autres, rejetant l'amour, l'amitié, la vie.

- Le silence n'est pas l'oubli, Darla. Je m'inquiète de ton futur, quand bien même le mien te laisserait indifférente.

Je soupire, avant de reprendre, le ton soudain plus dur:

- Tu es libre d'agir à ta guise. Et je t'ai promis de te donner ce que tu demandais.

Mais ne t'attends pas à ce que je t'applaudisse pour ce que je sais être une folie.

* Qui l'a poussée dans un projet pareil ? S'est-elle jetée dans les bras d'un autre ? Zork ? Et son mariage avec Mandor ? *

Je termine avec un sourire amer:

- Un croquis te suffira, j'imagine.

Darla Ven 28 Mai - 8:51

*"Le silence n'est pas l'oubli." Ah ! C'est facile de dire ça quand on a l'autre en face.*

- Un croquis ? Si c'est ainsi que tu estimes mes services rendus, et bien soit. Je n'aimerais pas être surpayée, c'est un fait. Je suis quelqu'un d'honnête.

*Moi*

Après quelques secondes de rumination, je lâche :

- Tu t'inquiètes ? Trop touchant. Tu sais, tu n'es pas obligé de me mentir à chaque fois que tu me parles, ce n'est plus nécessaire. Je ne tombe plus dans tes panneaux. Maintenant, j'ai à faire, vois-tu. Tu me rappelles quand tu as fini ton "croquis" ou dois-je encore attendre un an et quelques montagnes à gravir ?

Mentalement, je me mords les lèvres. Communiquer, même avec agressivité, c'est déjà céder. C'est accepter de donner un point de prise à l'autre. Seul le silence est fort. Rien ne m'obligeait à ouvrir la porte que j'avais vérouillée, sinon moi-même. Je hais ma faiblesse, et je l'adore en même temps. Mais déjà j'ai hâte de refermer l'interstice ainsi mis à découvert.

Sance Sam 29 Mai - 1:03

Le visage défait, je secoue la tête, refusant de croire les mots acides que j'entends. Peut-être suis-je simplement en train de me bercer d'illusions, peut-être suis-je trop optimiste, peut-être tout est-il déjà perdu. Mais en dépit de tout, cette rage à mon égard, n'est-ce pas aussi du dépit, de la jalousie, de la douleur, des sentiments qui existent parce qu'elle ne parvient pas à se détacher de moi ?

* Au moins est-elle prête à me revoir... Tant qu'elle ne refusera pas de me parler, tant qu'elle aura besoin de me parler, quel que soit la raison, ou le prétexte, rien n'est encore joué. *

Je plante à nouveau mon regard dans celui de Darla, et affirme, comme une évidence incontournable, inévitable:

- Tu peux penser ce que tu veux de mes paroles, Darla, mais mon coeur ne t'a jamais menti.

Je ne pouvais utiliser ton atout là où j'ai dû séjourner, bien plus longtemps que je ne l'imaginais. Mais ce temps est révolu. Je te contacterai très bientôt.

Et tandis que l'atout se brouille progressivement, mes lèvres prononcent en silence des mots que Darla n'entendra probablement pas.

* Je t'aime. Je t'aime, envers et contre toi. *

Darla Sam 29 Mai - 13:51

Alors que le contact se brouille peu à peu, mon sourire affiche un scepticisme teinté de cynisme. Mais mon regard, lui, ne ment pas. Il espére. Il veut y croire. Il demande la cessation du silence. Et peu à peu c'est lui qui se brouille, et je ne sais plus très bien si c'est la fin du contact qui me fait voir trouble, ou le filtre de mes larmes. Mais enfin l'image disparait et il ne reste plus que l'immensité de la solitude.

Plutôt que de pleurer, je pousse un hurlement de rage trop longtemps contenue. Je me hais, et je le hais. Je suis perdue, la rancune et l'amour se déchirent l'un l'autre en permanence et le théâtre de la lutte, mon coeur, s'en trouve lacéré.

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