Voyage, Voyage (Darla)

- Et bien j'ai toujours pensé que le fait que vous menaciez Sance et moi-même d'une arme de poing valait à une mise en congé en bonne et due forme, dis-je avec une pointe d'ironie dans la voix.

Je secoue la tête nonchalamment.

- Je l'ai surtout suivi dans l'urgence.

Je me demande ce que Sance aurait fait à ma place. Il aurait composé, joué sur les mots qu'elle propose. j'ai envie d'y aller en force, mais est-ce bien judicieux ? Peut-être un truc entre les deux ne serait pas trop mal ?

- Pour ce qui est de la manière dont vous devez considérer mon retour, disons que cela répondra des réponses que vous aurez à me donner... Cela pourrait aussi bien être un retour sous vos ordres le temps de poser un démission, que la visite d'un émissaire des Cours du Chaos qui cherche à éclaircir une situation des plus étranges, et agir en fonction des éléments qu'il trouvera.

Quand je prononce "Cours du Chaos", j'épie sa réaction. Est-elle surprise ? Sait-elle de quoi il s'agit ?

Tu sautes, gênée par la table et ne pouvant aller trop haut avec ce plafond. Mais alors que tu plonges sur ta proie, la Capitaine jette sur toi le contenu de sa tasse, suivi de son contenant. Le liquide brûlant te touche au visage, te forçant à fermer les yeux pour te protéger, tandis que la tasse rebondit sur ton front.

Lors de ton arrivée au sol, ton adversaire n'est plus là où elle se trouvait, s'étant déplacée fort judicieusement afin de se retrouver dans ton dos.

"J'aurais préféré ne pas en arriver jusque là." dit-elle, tandis qu'elle libère l'énergie de son pisto-laser. La douleur est forte et aurait sans doute sonné une personne normale, mais tu n'es pas ce genre de personne, gardant ton esprit entier, ton corps ayant absorbé une bonne part du coup.

Au moins, tu constates qu'elle n'a pas tiré pour blesser, mais bien en mode tranquilisant. Une délicatesse face à une personne ayant tenté de se jeter sur elle.

*Quelle conne ! Ah ces humains...*

Je me retourne pour me retrouver face à elle et la balayer d'un coup de pied.

- Ai-je encore besoin de prouver mon inutilité ?

A qui je dis ça, je n'en sais rien, même pas à moi-même, sans doute.

Je suis seule dans le multivers où je n'ai jamais su trouver ma place. La trouverai-je un jour ?

Aurais-je dû épouser Sance ? Renoncer à ce que je suis ?

Mais que suis-je qui vaille la peine d'être vécu ?

Si le multivers veut de moi, qu'il me fasse signe, je ne veux plus de lui.

Et je reste là, allongée, immobile. Vide et inconsistante. Sans espoir - si j'en ai jamais eu.

Tu n'attends pas longtemps une réponse du multivers, un petit être bleu, haut comme une poire, sort de l'eau, à peine mouillé et se dirige vers toi.

"Cela n'a pas l'air d'aller fort." dit-il dans un thari fort scolaire.

- On ne peut rien te cacher, dis-je avec un sourire ironique.

Je reste allongée, après avoir jeté un regard sur l'être qui vient ainsi troubler ma dépression profonde.

Je le laisse faire, indifférente.

- L'espoir c'est avoir envie de voir demain, dis-je laconiquement, après un temps de réflexion.

*Super, en plus je tombe sur un demeuré. Fallait plus que ça. Et pourquoi je lui parle, au fait ? bah, pourquoi pas...*

"Ha." dit-il simplement tandis qu'il te contemple au milieu de ton torse, appuyé sur un sein sans que tu ne le sente vraiment par son physique de liliputien.

"C'est une étrange idée, car qu'on le veuille ou pas, demain est toujours là.

C'est une mauvaise chose que de penser qu'on a une influence sur le passage du temps. Il faut s'en accomoder et le construire pour en gagner."

"Wow wow wowww..." fait-il en glissant de ton corps, se retrouvant à genoux au sol.

Il se relève en s'époussettant, sans hâte.

"La position ventrale permet-elle de mieux concevoir les choses dans la race géante ?"

Il fait le tour pour s'asseoir les jambes croisées juste devant ton nez, t'obligeant à loucher pour le voir avec netteté.

Certes. Mais...

- Un seul être nous manque, et tout est dépeuplé, dis-je en poussant un soupir.