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Goupil - Chapitre I

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Goupil - Chapitre I Empty Goupil - Chapitre I

Message  Méréas Dim 7 Oct - 15:25

Il est difficile pour moi d'écrire ces lignes tant la teneur de l'histoire qu'elles décrivent est aberrante.
Je m'appelle ... non, mon nom importe peu car ma vie est sur le point de s'éteindre et mon nom n'agrémenterait en rien le récit que je m'apprête à coucher sur le papier si les dieux m'en donnent la force.
Nous sommes en l'an 3 et la guerre s'est tut il y a maintenant 3 ans. Comme vous pouvez le deviner, un changement important de notre calendrier s'est produit à ce moment là.
Et pour cause, nous ne sommes qu'une poignée de survivants et pour marquer la fin de cette guerre millénaire nous avons décidé de repartir à zéro. Complétement à zéro.
Nous avons gagné et pourtant le goût amer de la défaite persiste dans notre bouche. Nous ne respirons que poussière et ne mangeons que poussière. Notre monde n'est que ruine et nous ne sommes qu'une poignée à avoir survécu.
L'ais-je déjà mentionné ? Oui, je crois mais pardonnez à une vieille cervelle fatiguée ses élucubrations et divagations.
Nous nous regardons dans le blanc des yeux et la même question tonne dans nos têtes : que faire maintenant ?
Nous ne sommes qu'une poignée à avoir survécu et nous devons repeupler notre monde.
Nous ne sommes qu'une poignée à avoir survécu et nous devons nous laisser mourir.
Le choix est maigre comme notre pitance et tandis que nous ramassons les armes désormais inutiles, gouttes d'eau dans l'océan, nous nous regardons dans le blanc des yeux : que faire maintenant ?
Nous devons repeupler notre monde, nous devons nous laisser mourir.
Je crois que Sarah, l'unique femelle est enceinte mais j'ignore de qui. Pas de moi en tout cas, elle a toujours refusé mes avances. Et pourtant les dieux savent combien elle est laide mais elle est la seule.
Je pense que Robert est le père ou alors Jacob. Ses trois là ne se quittent jamais.
Nous entassons les armes sur une montagne de détritus et construisons un abris de fortune.
Le soir venu, nous parlons et parlons encore comme pour exorciser cette maudite guerre ou au moins en expliquer la raison.
Trois années d'errance dans les vestiges d'un monde autrefois parait-il florissant. Le repas du soir est agrémenté par une trouvaille de Peter. Quelques conserves miraculeusement intactes.
Nous ne parvenons pas à identifier le contenu mais qu'importe, le festin est là.


"Vous vous souvenez de l'époque du feu ?" demande Jacob plein de nostalgie.

Si je m'en souviens. La belle époque. Les armes les plus terribles n'étaient qu'alors que des lances flammes d'une portée de douze à quinze pas. Au delà, on était sauf.
Il y avait bien quelques grenages incendiaires mais elles tombaient inertes plus souvent qu'elles n'explosaient. De plus leur instabilité les rendaient dangereuses même pour l'assaillant. Elles étaient peu usitées.
On se battait à coup de lances et torches, les pires batailles ne faisaient que quelques centaines de victimes et les plus malins arrivaient toujours à s'en sortir.
J'avais huit ans. L'époque du feu. L'époque de l'espoir de vie.


"Il parait, fit Peter, qu'avant il y avait une époque de pierre. On ne se jettait que des cailloux !

- On ne mène pas une guerre avec des cailloux,
railla Robert, c'est un conte pour gamins."

Gamins qui avaient disparus depuis bien longtemps. Sarah porte peut être l'ultime espoir de notre civilisation.
Encore faut-il qu'elle engendre une fille. Elle n'est plus toute jeune et je crains qu'elle ne survive à la mise au monde.
Et si elle survit, elle devra encore enfanter, aussi souvent qu'elle le pourra. Est-elle consciente de son status ?
Non, je ne pense pas, Sarah est stupide. Elle glousse, Jocab la tripote. Ils se lèvent et s'éloignent pour baiser, très délicat.
Tout compte fait, je suis heureux qu'elle ne m'ait pas voulu. Je n'aurais pas de descendance mais au moins je n'aurais pas des abrutis pour enfants.


"Nous devrions nous laisser mourir."Ma voix est neutre et posée ce qui ne manquent pas de surprendre les autres. José, qui s'est tut jusque là, me répond avec la même voix.

"Je comprends ton amertume. Nous étions des milliards et aujourd'hui, c'est à peine si nous sommes une douzaine.
Les cadavres forment une seconde couche à notre terre et les animaux ont depuis longtemps disparus. L'espoir est nul et Sarah reste la seule capable à perpetuer notre espèce.
Mais nous avons gagné ! Nous méritons une seconde chance.

- Comment oses-tu dire ça,
fit Gérald a mon intention, la guerre ne t'a pas suffit, tu veux d'autres morts sur ta conscience ?

- Non juste la mienne. Et non, nous ne méritons pas une seconde chance. Quatorze milliards de morts en trente ans. Plus de quatre cents soixante six millions par an, quatorze morts par seconde.
Et surtout aucune naissance, les femmes à la guerre.
Non, je ne penses pas que nous ayons droit à une seconde chance.


Je me lève et m'éloigne du camps de fortune. Voilà trois ans que nous trainons dans les débris et la saleté tentant, je ne sais pourquoi, de nettoyer une parcelle de terre.
Voilà trois ans que j'ai moi même tué le dernier des Arcaniens, nos ennemis jurés.
Combien étions nous au tout début de cette guerre ? je l'ignore, elle faisait rage depuis des siècles quant je suis né. Un des derniers enfants avant que les femmes ne soient envoyées au combat.
Sans elles nous aurions perdu depuis longtemps mais sans elles nous nous sommes condamnés. Sarah est la dernière et pas la meilleure.
Devons nous reconstruire une civilisation sur des bases aussi médiocre ? Non, je préfère me laisser mourir ce qui ne tardera pas.

Les progrès ont toujours connus des bonds lors des conflits. Rapidité et nécéssité d'armements, regroupement des génies sous le joug militaire, tous les moyens sont bons pour être plus fort que l'ennemi.
Quant à nous, rapidité est un euphémisme. En trente ans seulement nous sommes passé du feu au laser.
Je regarde mon pistolet accroché à ceinture. Je sais que si j'appuis sur le senseur à la base du canon, un faiseau destructeur d'une portée de cent pas jaillera et cramera tout ce qui se trouve sur sa route.
Mais j'en ignore le fonctionnement interne, je ne sais même pas comment on doit le recharger ou même encore si il le faut. Il a toujours fonctionné.
Petit, nous nous déplacions à cheval ou encore en voiture à vapeur. Aujourd'hui nous pourrions voler sur les aéronefs s'ils étaient encore en état.
Quelque chose me dit que notre monde ne tourne pas rond et les autres ne le voient pas.
Survivre, voilà la seule chose qui les importe. Mais à quel prix ?

Mes pas m'ont mené plus loin que je ne l'aurais pensé et je crains de m'être perdu. L'obscurité règne à présent et si je veux retrouver les autres, il va me falloir attendre le matin.
Mes nuits sont depuis toujours accaparées par des cauchemars dont je n'arrive pas à en comprendre la teneur. Souvent je rêve d'une plage immense avec de curieux arbres.
Des femmes et des hommes à l'allure étrange dansent et mangent autour d'un feu de joie. Je m'approche. Le sable est de plus en plus meuble et mes pas s'enfoncent de plus en plus.
Enfoui jusqu'à la taille, j'arrive à leur hauteur, ils ne me remarquent pas.
Je hurle, je crie jusqu'à ce qu'un homme, un seul se retourne. Il me regarde. Il ne ressemble pas aux autres, grand, musclé, il porte une espère d'armure de peau travaillé et à sa taille pend une longue épée argentée dont la lame reflète la lumière de la lune haute dans le ciel obscur.
Son regard est profond et remplit de tristesse, il me tend la main, je la saisie. Il me sort du sable comme il souleverait un bébé.
Je devine qu'il est un dieu et que je lui dois obeissance.
Ce rêve, je le fais sans cesse avec des variantes, parfois l'individu est une femme, parfois il porte un marteau. Le sable change de couleur ou les arbres de forme.
Mais dans l'essentiel, c'est cette version qui revient le plus souvent.

A mon reveil, je m'aperçois que je me suis endormis longtemps, il est presque midi. J'entends des bruits au loin. Les autres ont du reprendre leur travail de déblaiement.

Je grimpe une colline quant les bruits s'intensifient. Dieux que font-ils ?
Des cris ! Mais je m'étonne de l'ampleur des hurlements, nombreux. Pas normal.
Sans m'en apercevoir, mes mains frolent des hautes herbes grasses. Mes pieds manquent d'écraser un animal serpentin. Mon pistolet laser a disparu et mes vêtements ont changés de l'uniforme réglementaire pour une tenue drue en grosse laine.

Alors que j'atteins le haut du monticule. Un spectacle aberrant s'offre à moi. Je vous l'avais dis que cette histoire était absurde.

Deux armées s'affrontent. D'un coté, je les reconnais très bien, les Arcaniens. Grands, fins, le visage triangulaire et la peau verdâtre. Ils bougent avec aisance et célérité, armés de ... cailloux.
Des masses de pierres, des coutelas de silex, des frondes. Mon regard se porte immédiatement sur l'autre camps. Les miens, mais en nombre. Des milliers. Des centaines de milliers.
Je crois devenir fou.

C'est seulement alors que je remarque mon environnement. Herbes, arbres, nature. Plus de carcasses métalliques, plus de cadavres hormi les nouveaux qui se font sur le champs de bataille qui siège devant moi.
Je tombe à genoux et prends ma tête entre les mains. Je deviens fou. Ou alors je rêve. Oui, c'est cela, un rêve.

Je tombe à la renverse et dévale la colline avant de me meurtrir sur un rocher en contrebas. La douleur elle est bien réelle.
Je me relève péniblement.
Il me faut bien me rendre compte que je ne dors pas. Que se passe-t-il donc ? Où sont les autres ?
Prudemment, je fais le tour de la colline et marche jusqu'à un surplomb rocheux qui domine la bataille. La vue est imprenable. La bataille dure maintenant depuis plusieurs heures et le nombre de morts augmente à chaque minute.
Mais j'ai connu bien pire et le spectacle ne m'émeut pas pour un sou. Je peux même analyser la stratégie de chaque camps, parfaite pour chacun, ce qui offre une exemplaire égalité. Cela va se jouer à quelques hommes.
Je ne repère aucune femme pour le moment.

Oubliant l'extraordinaire événement qui m'a projeté ici, je définirais ici plus tard, je contemple les manoeuvres et les tactiques des différentes troupes en fonction. Certaines se font piétinées, d'autres massacrées mais cela cache toujours une manoeuvre soudjacente intelligente qui rétablit la balance et parfois même offre un léger avantage.
Me remémorant les batailles auxquelles j'ai participées, je ne peux qu'admettre qu'elles furent toutes menées avec la même maîtrise.
Les deux généraux sont d'habiles tacticiens ne souffrant ni de gaspillages de troupes ni de déplacements inutiles. A croire que l'ensemble même fait partie d'une seule et grande machinerie.
La journée passe, la nuit arrive et chaque camps effectue une retraite entendue, comme dans mon souvenir.
Rester immobile à contempler une guerre se dérouler sous vos yeux engendre une certaine fatigue. La faim n'arrangeant rien, je décide de dormir à même le sol. Demain je partirais à la recherche des autres, si ils ont survécus.

Encore ce même rêve.

Le matin est plutôt calme et si ils appliquent les stratégies identiques à mon enfance, je dirais qu'il s'agit là d'une journée de trêve pour que chaque camps soigne ses blessés et enterre ses morts.
Le va et vient silencieux sur le champs de bataille me fait penser à une fourmilière. J'ai du mal d'ici à distinguer qui est qui et je jurerais que tous sont du même côté tant le rappatriement se fait dans le calme et le silence.
Je profite de cette paix relative pour partir à la recherche de mes compagnons. non pas qu'ils me manquent mais au moins aurais-je un lien auquel me raccrocher, peut être même que José aurait une explication à tout cela.

J'ai du mal à reconnaitre les lieux, et bien sur je ne trouve personne, ni même de trace du campement. A croire que nous n'avons jamais bivouaqué ici. La matinée touche à sa fin et mon estomac crie famine. Je trouve quelques baies dans un buisson et prends le risque de les manger alors que j'en ignore l'identité et donc les effets éventuels indésirables.
Dans l'immédiat rien ne se passe si ce n'est une sensation bienvenue de saciété. Nous verrons dans les heures qui suivent.
Je complète ma cueillette que je mets dans un sac improvisé avec le tissu de ma veste, sait-on jamais.

Après avoir passer l'après midi à les chercher, j'en conclus que je ne reverrais plus jamais mes désormais ex-compagnons. La nuit va arriver et le matin marquera la reprise des hostilités.
Les jours passent et de mon abri de fortune que je me suis fabriqué, je contemple une guerre que j'ai déjà faite et qui se déroule selon mes previsions.
Evidemment, je ne peux pas dire que je n'ai pas été surpris ou encore effrayé par le phénomène mais n'y pouvant rien, je m'y suis fait et m'en amuses même aujourd'hui.

Mais je ne sais si mes souvenirs sont flous ou si le présent est différent, quoiqu'il en soit, je repère quelques changements de tactique, quelques variantes qui fondamentalement ne changent pas grand chose mais quant même.
Ma maison de fortune est bien dissimulée et mes aptitudes à la survie se sont nettement améliorées. Finies les baies, bonjour le petit gibier.
Je fais griller un lapin bien gras lorsque j'entends un raclement de gorge. La peur me saisit, je n'ai rien pour me défendre. Me retournant je découvre un homme vêtu simplement et ne montrant aucune arme.
Me ressaisissant, je le salue et l'invite à partager mon repas.


"Bien volontier." fait-il en s'installant en tailleur face à moi. Grand, musclé, il arbore une barbe courte bien taillée et sa main droite porte une bague de valeur à l'index. Son manteau est spéctaculairement brodé et ses bottes luisent à la clarté des étoiles et du feu qui danse. Ses cheveux ébourrifés montrent qu'il a chevauché sans doute une bonne partie de la journée.
Je le sais car ses bottes sont intactes alors que les pluies des derniers jours ont rendu le chemin particulierement boueux. Il est donc venu monté et a du laisser sa monture un peu plus en contrebas là ou le chemin de boue se transforme en chemin de rocailles.
Il n'a ni sac ni besace, peut être sur son cheval mais n'a donc pas prit la peine dans ce cas de les détacher. S'attendait-il à me trouver ou est-il tombé sur moi par hasard. Je dois avouer que je ne pretais pas une attention particulière à ma sécurité.

"Qui êtes vous, [i]lui demandè-je.


"On m'appelle Bénédict." J'ai l'impression qu'il me juge.

"Et bien, messire Bénédict, une cuisse ou un râble ?

- peu importe mais merci.
Je lui tends une cuisse, celle cuite à point.

- Vous êtes déserteur ?

- Non.
Ma question est légitime car je ne voyais pas quelle autre motivation pouvait amener un homme ici.

- Mais vous oui.

- Moi ?!

- Cela fait plusieurs jours que je vous ai repéré. D'ordinaire je tue les déserteurs, mais votre comportement m'a amené à venir vous voir.

Sa franchise directe me surprend mais me confirme ce qu'il dit, il a le pouvoir de me tuer, je n'ai nul besoin d'être intelligent pour le deviner.

- Je ... je ne suis pas déserteur, je suis un survivant." Et sans trop savoir pourquoi, je lui raconte mon histoire, ma vie. Je parle jusqu'à l'aube et il m'écoute sans dire un mot.
Au lever du soleil, il lève le regard au ciel.


"Hum, la première fois que je loupe un matin, votre faute."

Et chose surprenante, je n'entends pas les bruits du combat. Ont-ils décidé d'une paix plus longue ou ont-ils besoin d'une journée de plus pour leur macabre besogne. Je ne comprends pas.

"C'est ma foi assez inattendu mais pas surprenant pour autant."[i] Il se lève et contemple la plaine en contrebas où personne ne bouge. Le status quo.

"Et d'après vous que va-t-il se passer ?"

je me place à ses cotés et regarde. Je me remémore mes batailles et alors que j'ouvre la bouche pour expliquer la suite des opérations je me retiens. Puis après quelques secondes d'hesitation, j'emets une hypothèse, une nouvelle, une que j'invente.

"Les Arcaniens vont attaquer de front, cela se voit par la position de leur infanterie. Leur cavalerie essaiera de prendre en étau le peuple des hommes. Ces derniers devraient en toute logique reculer et renforcer leurs abords. ils auront des pertes mais relative.
Mais si j'étais leur commandant, je donnerais l'ordre d'attaquer de front aussi. Qu'ils tentent une percée dans les troupes adversaires. Ils sont bien meilleurs au corps à corps et dans la mélée, la cavalerie adversaire ne pourra pas agir sans risquer des pertes de leur camps.
De même pour les archers, les flèches auront autant de chance de toucher un ennemi qu'un allié."


L'homme me regarda d'un air nouveau.

"Et si la cavalerie fait volte face et s'interpose entre les deux infanteries ?

- Leur champs de manoeuvre est trop réduit pour qu'ils aient une vitesse suffisante pour être dangereux. Les chevaux seront à peine au petit trot lorsqu'ils atteindront l'infanterie des hommes et ils seront des cibles faciles.

- Admettons qu'ils se contentent d'attendre et que les archers fassent feu.

- Alors les archers des hommes feront feu aussi, un cavalier vaut bien plus qu'un piéton. Leurs pertes seront beaucoup plus lourdes."


L'homme que se dit s'appeler Benedict reste pensif un moment et montre le champs de bataille. A ma grande stupeur, les armées se remettent en branle.
L'armée des Arcaniens tente une attaque de front pendant que leur cavalerie se place de chaque coté. L'armée des hommes, immobile pendant ce qui me parait une éternité, entame elle aussi une charge, comme je l'avais proposé.
Les armes entrent en jeu et on peut voir déjà les premieres victimes tomber. La cavalerie arcanienne semble surprise du déroulement de la bataille et tente maladroitement de se faufiler entre les deux camps.
Cela arrange fortement les hommes qui d'une part s'occupe des cavaliers ainsi immobilisé, mais aussi de l'infanterie coincée derrière et devenue une cible vulnérable aux archers.
La victoire pour les hommes est totale.


"Bravo, fait Benedict.Très intéressant. Viens avec moi."

Et il part en avant. Ne demandant pas mon reste, je pars à sa suite ne sachant trop dans quoi je me lance.
Nous dévallons le surplomb rocheux, les pierres roulent en contrebas sous nos pieds pressés. En bas derrière un bosquet d'arbre nous attendent pas une mais bien deux montures. La première est un magnifique cheval à la robe blanche, légèrement grise. Il surpasse l'autre d'une tête et possède une musculature bien plus charpentée.
L'autre n'en est néanmoins pas moins splendide. D'une robe brune, elle est docile et lorsque je la chevauche, elle ne parait pas gênée par cette charge nouvelle.
Nous chevauchons quelques jours sans que mon compagnon ne prononce plus de trois mots. Les soirées se passent dans des auberges de qualité où deux chambres sont à chaque fois reservées. Je me dis que ce Benedict doit être quelque seigneur important.
Ce que j'ignore mais que j'apprendrais plus tard est que nous ne sommes plus en Gréorgy ni même en Arcania, mais bien dans un lieu complétement différent.

Nous finissons par arriver dans une large plaine où nous attend une armée. Mais pas n'importe laquelle mais bien la plus grande que je n'ai jamais vu. Des centaines de milliers d'hommes, de chevaux, d'animaux gigantesques armés et carapacés de métal. Tous attendent dans un calme absolu. Lorsque nous passons, chacun salue d'une révérence ou d'un salut militaire mon compagnon.
Il n'est pas seulement un seigneur mais aussi un chef de guerre.

Nous mettons pieds à terre devant une grande tente dans laquelle il m'invite à entrer.

A l'intérieur une table avec cartes et pions, quelques sièges dans un desquels est assit un homme barbu et trappu.
A notre entrée, il se lève et salut l'homme appelé Benedict.


"Général, nous n'attendions que vous. Nous sommes près.
Nos éclaireurs indiquent que les troupes ennemies ont longé le fleuve cette nuit et se sont séparées en deux factions. La première tient le col d'Harysbury, l'autre les berges du fleuve.
Tout se passe comme vous l'aviez prévu."


Bénédict regarde attentivement la carte et me fait signe d'approcher.

"Regarde bien et dis moi ce que tu en penses."

Et c'est ce que je fais. La carte montre une vaste région au centre de laquelle siège un chateau, la cible sans nul doute.
Mais la configuration des plaines facilite de trop un siège qui se voudra rapide et meurtrier. Je comprends que l'ennemi prenne l'initiative en voulant prendre l'armée de Bénédict sur deux fronts. Mais contrairement à ce que j'entrevoyais au premier coup d'oeil, les deux positions sont défensives et non offensives.
Le col est la seule sortie des plaines ceindées de montagnes. Le fleuve est le seul obstacle entre l'armée de Benedict et le chateau.


"Cela n'a pas de sens, ils vous attendent mais vous coupent la retraite comme si il était évident que celle ci allait arriver.
Vous êtes largement supérieur en nombre et si un siège jouerait en leur défaveur, il leur permettrait néanmoins de resister plus longtemps et donc d'espérer d'éventuels renforts.
A moins que ces renforts ne soient déjà là.


Je regarde la carte et finit par pointer du doigt une petite forêt non loin de là, un peu à l'écart.

"Il est clair que si une armée attend pour vous surprendre c'est ici qu'elle le fera.

- Nos éclaireurs n'ont rien reperé dans le bois du Gris,
fait l'homme barbu.

- De quand date la dernière ronde,
demande Bénédict.

- Hier vers midi. Et nous n'avons vu aucun mouvement vers la forêt. Une poignée d'hommes auraient pu s'y glisser mais pas suffisemment pour nous inquieter en aucune façon."

Et Bénédict lance vers moi un regard interrogateur. Je lis dans ses yeux qu'il connait déjà la réponse mais il veut me tester.

"Les moyens sont multiples. Durant la bataille de Frean, nous avions percé un tunnel pour prendre nos ennemis à revers.

- Vous avez ... percé un tunnel pour toute armée ?
l'homme barbu paru étonné. Impossible en une nuit !

- Certes mais si le tunnel existe déjà depuis longtemps, un tunnel qui a été conçu pour s'échapper du chateau en cas d'attaque ? Une nuit suffirait à un tel tunnel aussi petit soit-il à faire passer une petite armée.

- Encore faut-il qu'il ait une armée à disposition dans le chateau.

- Toute forteresse ne possède-t-elle pas un minimum de protection ? Ils sont acculés et savent qu'ils sont perdus si ils ne tentent rien.
Je crois que c'est là un risque qu'ils peuvent se permettre. L'effet de surprise plus la prise en étau et même à un contre trois, ils peuvent gagner."


Bénédict esquisse ce qui s'avère un sourire, le seul que je lui connaitrais jamais. Puis il donne quelques ordres au barbu qui s'en va après un bref salut et un regard noir dans ma direction.
Il sort une bouteille de vin d'un coffre et deux verres, les remplit et m'en tend un.
Les heures s'écoulent jusqu'à un officier pénètre dans la tente. Il nous annonce simplement qu'effectivement une armée était tapie dans la forêt et qu'elle fut rapidement défaite.
La soumission des autres suit quasi immédiatement. Bénédict renvoit l'officier en le remerciant et me reverse une lampée de vin.


"Je suis Bénédict d'Ambre," dit-il," et toi, tu viens de gagner tes galons d'officier dans mon armée régulière."

Et sur ce, il m'explique d'où il vient et quels sont ses pouvoirs sans entrer dans les détails. Il me raconte que mon monde est à lui et qu'il s'en sert de terrain d'entrainement boulversant le cours des choses pour établir telle ou telle stratégie. Il me narre comment il à le pouvoir de tout reprendre à zéro afin de retoucher ses tactiques, voir leur impact.
Il me raconte brievement qui sont les membres de sa famille, j'aurais à en rencontrer quelques uns. Bref, il me prend sous son aile mais je sais que c'est la un grand honneur mais loin d'être un cadeau.
Pour finir il me présente les généraux présents de son armée et leur explique ma mission : consultant en terrain de bataille.
Je n'aurais pas à mener des troupes ou lancer des assauts mais il semble apprécier mon regard nouveau sur des situations établies.
Je suis certain qu'il avait repéré le piège du tunnel mais que je sois le seul de ses officiers à l'avoir également vu me rend précieux à ses yeux.
Il n'a pas le don d'ubiquité et je preterais mains fortes à ses généraux en son absence.

Je sais qu'au debut de mon récit mon nom importait peu, et c'est encore le cas, mais ce qui importe désormais est le nom qu'il me donne à présent : le goupil.

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