Re: In Vinna Veritas (Darla, Sance)

Darla Mar 26 Oct - 10:41

Sance a écrit:
- Il est temps de t'expliquer pourquoi je me suis retrouvé dans un tel état. Peu de temps après t'avoir quittée en Arden, j'ai été appelé par mon père pour l'aider dans une mission tout à fait... originale, dans cette ombre des Cornouailles. Voilà qui devrait te faire comprendre la complexité du problème.

*Ah ! Enfin !*
J'ouvre grand mes oreilles et me retrouve plus concentrée que sur les rangs de l'école où on tentait, en vain, de m'endoctriner.

Sance a écrit:
Je pose sur la table, côte à côte, plusieurs feuilles, formant progressivement un vaste carré recouvert de multiples dessins, tel les vastes mandalas de Samadha illustrant les forces du monde, qui créent, agitent et détruisent les hommes et les dieux. Au centre, côte à côte, un dessin représente un lion d'une part, et un château encadrant une ligne brillante et enchevêtrée d'autre part. Je pose doucement ma main sur l'épaule douce et chaude de Darla, puis, je pointe du doigt mes différents dessins tout en lui transmettant les images mentales que j'associe à chacun:

- La Marelle des Cornouailles, créée par Corwin alors qu'il pensait que la Marelle d'Ambre s'était évanouie à cause des agissements de Brand. On l'a longtemps considérée comme une bizarrerie sans importance. Mais à présent que la Licorne et le Serpent ont à nouveau engagé une lutte à mort, elle pourrait devenir une troisième force essentielle. En particulier si Ambre tombe.

Le Lion, puissance endormie, placée en stase par le Serpent au début des temps, comme les autres Puissances... hormis la Licorne. Mon père est le gardien du Lion, et il m'a chargé de nouer une alliance avec les représentants de la Marelle des Cornouailles pour permettre à nouveau au Lion d'accéder à notre réalité, tout en renforçant les défenses de la Marelle contre des incursions extérieures.

*Les autres puissances ? Combien sont-elles ?*

Je regarde le dessin du lion avec intérêt et curiosité, longuement.

*Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Mais qui sait s'il en est de même pour lui ? Est-ce que ce genre de... créatures peuvent avoir des codes moraux ?*

Je me souviens du Serpent et frissonne.

*Serait-ce tomber de Charybde en Scylla ? C'est en tout cas une lourde responsabilité pour Sance... Mais Sance ne servirait pas une créature telle que le Serpent. S'il lui fait confiance, alors moi aussi - même si je me suis jurée de ne plus jamais servir une Puissance.*

Sance a écrit:
Outre ma propre personne interviennent trois rois et une reine dans ces discussions. Chacun étant évidemment entouré de ses soldats et des courtisans.

J'apparais à droite du Lion, semblable à tous les atouts de ma main, souriant, main tendue. Mais au-dessus et en-dessous de ma figure, Darla peut voir d'une part un homme au sourire avenant, une palette au poing:

- Rinaldo de Kashfa, un royaume du Cercle d'or. Fils de Brand, celui qui a voulu effacer la marelle d'Ambre... et a ainsi poussé Corwin à créer la sienne. Favorable à nos projets... probablement pour renforcer sa propre position dans le quatuor. J'ai trouvé auprès de lui un de nos compagnons de Voyager, Elron, qui est le général dirigeant l'armée d'un deuxième roi...

*Elron ?? Et Ian à Ambre... Général aussi. Le parallèle est juste trop gros... Comme si les pions du Voyager avait été posés sur un échiquier. Les deux anciens amis auront-ils à s'affronter ?*

Sance a écrit:
... d'autre part, un homme à l'aspect féroce, en habit guerrier, portant un bouclier avec un lion éventrant une licorne:

- Dalt des Cornouailles, bâtard d'Obéron, mon grand-père. Un redoutable guerrier qui a juré de faire tomber Ambre. Il souhaite utiliser la puissance du Lion pour faire progresser ses troupes vers la cité de Random.

Je regarde l'homme, curieuse, peut-être parce que c'est le seul en qui je reconnais une force comparable à la mienne - et une haine pareille, aussi. Je regarde le visage que Sance lui a dessiné et rougis. Me verrait-il avec le même air féroce s'il savait ce que je suis devenue ?

Sance a écrit:A gauche de la Marelle, apparaissent une femme à l'oeil bandé, les traits sévères, que je juge avec désapprobation...

- Corail des Cornouailles. Une femme redoutable, possédant des pouvoirs psychiques étendus, et dépositaire du joyau du Jugement. Elle contrôle la Marelle et comprend qu'elle a un rôle important à jouer dans les batailles qui s'annoncent. Elle craint que l'alliance du Lion et de la Marelle lui fasse perdre son contrôle de cette dernière, sans réaliser que sa Marelle est plus fragile qu'elle l'affirme.

Je regarde la femme. Le joyau du jugement : l'Oeil du Serpent !

Soudain je frissonne. Je comprends seulement que j'ai fait preuve de trop d'assurance. Je pensais avoir à faire à des ombriens, en Cornouailles, et réalise soudain les puissances en jeu. Des puissances contre laquelle la force brute sera d'un maigre recours. Il me faut être plus forte mentalement, si je veux vraiment pouvoir protéger Sance ! Ou bien je ne serai qu'une marionnette... Une marionnette dangereuse pour celui-là même que je souhaite protéger !

Sance a écrit:... et un homme que Darla ne peut manquer de reconnaître:

- Merlin, ton roi. Accompagné de ceux qui lui sont restés fidèles après la traîtrise du Serpent. Il veut évidemment retrouver son trône. Ami de Rinaldo. L'homme à convaincre, car il est encore indécis. Il craint que toutes les Puissances ne se comportent comme le Serpent, alors que ce dernier a toujours été bien à part parmi elles. Le Lion n'a aucune raison de traiter ses adeptes comme j'ai vu le Serpent agir. Au contraire même, le Lion peut l'aider à retrouver son royaume, s'il est redevable de Merlin. En particulier s'il lui donne accès aux ombres par l'intermédiaire de la Marelle des Cornouailles.

Je frissonne une nouvelle fois, mais cette fois mon coeur bondit d'excitation. Merlin, mon roi ! Puis se refroidit aussitôt. Sance est neutre - je dois l'être aussi. Si je rappelle mon allégeance à Merlin en étant garde du corps d'un homme de l'importance de Sance, cela ne pourra que poser des problèmes !

Mon coeur se serre. Je l'ai tant cherché, et il va m'être à la fois plus proche et plus inaccessible que jamais !

Je lance un regard à Sance. Je n'ai pas de regret. Les seules chaines que je veux, au fond, sont celles de sa main sur mon épaule. Je me reconcentre de nouveau.

Sance a écrit:
Non loin de Corail se tient une jeune femme à la beauté classique et un peu froide:

- Saïseï, fille de Dalt, visiblement proche de Corail en ce qui concerne sa maîtrise de la Marelle... et sa suspicion à l'égard du Lion, et donc de la mienne. Une femme sûr d'elle et de sa valeur, difficile à convaincre.

Je regarde Saisei, curieuse. Je n'aime pas les blondes, celle-ci n'a pas l'air très amicale. Je me demande pourquoi Sance en parle, alors qu'elle ne fait pas partie des plus puissantes. Il a dû avoir des problèmes avec elle. Tss tss... Peut-être que c'est elle qui a commandité le coup de poignard ? Après tout il ne s'agit ni de Rinaldo, ni de Dalt. Corail est la personne à convaincre, apparemment, mais pourquoi irait-elle tuer quelqu'un alors qu'il lui suffit de dire "ma réponse est non" ? Mais bon, il ne faut pas juger trop vite, et éviter de faire l'éléphant dans une boutique de porcelaine - ce qui va me changer.

Sance a écrit:
- Ici, Balt Vernon, duc du Chaors qui voudrait profiter des évènements actuels pour faire table rase de toutes les puissances, et de leurs adeptes. Un suspect de choix pour l'attaque dont j'ai fait l'objet.

Je réfléchis. En ai-je déjà entendu parlé ?
Je me dis que les chaosiens sont du genre à faire le boulot par eux-mêmes, en particulier un comme ça. Et puis il en serait fier, sans doute, il ne ferait pas ça anonymement.

Hum. En commettant un tel acte il s'opposerait à Merlin, qui est not... son seul recours pour retrouver ses terres et sa puissance. Alors peut-être ?

Pff ! Tout ça a l'air si compliqué à comprendre !

Sance a écrit: Là, Terny Austan, conseiller de Merlin, très écouté de ton roi. Je voulais le rencontrer lorsqu'on a... interrompu mes projets.

Je le regarde, plonge dans mes souvenirs. Rien à faire, j'ai été absente trop longtemps, et n'ai jamais rien écouté aux diners mondains. C'est le vide.

Sance a écrit:
Enfin, au-dessus de l'ensemble, un enfant de dix ans un peu perdu semble hésiter entre les quatre monarques, la Marelle et le Lion, se demandant de quoi l'avenir sera fait:

- Archibald, reconnu comme héritier légitime par Rinaldo, Dalt, Merlin et Corail, et élevé en cachette de la cour des Cornouailles. On a tenté de l'assassiner quelques heures avant moi. Je ne sais s'il a survécu, s'il est toujours là-bas... Mais il peut constituer une autre manière de gagner la confiance de Corail.

*Comment peut-on avoir 3 pères ??? Est-ce un bâtard ? Pff ! C'est honteux ! Corail fait une reine de piètre figure, avec des moeurs si dissolues !*

Sance a écrit:
Ma main est toujours posée sur l'épaule de Darla lorsque je conclus:

- Pour affronter tout cela, mon Père m'a retenu de longs mois auprès de lui, afin d'apprendre des arts de l'esprit capables de m'aider dans ma mission. Mais tous les sortilèges du monde ne m'auraient guère servi face à au couteau de ce garde à l'esprit perturbé... Je soupire. Et dire que par mon silence, j'ai failli te perdre...

Une nouvelle fois mon coeur bondit, mais de joie sans mélange. J'ai chaud, soudain.

Sance a écrit:
Dans mes yeux passe un instant l'inquiétude suscitée par nos dernières discussions, mais bien vite, je souris et constate:

- Mais j'ai été bien rapide, et je ne suis même pas sûr moi-même de tout avoir compris pendant le peu de temps que j'ai passé aux Cornouailles. As-tu des questions ?

Je pousse un soupir. Des questions ? Oui, sans doute. Mais quelque chose me parait plus urgent.

- Je ne pourrais pas vraiment te protéger contre tous ceux-là, dis-je en désignant de la main les dessins accumulés. Je me suis sur-évaluée. Oh, je n'ai pas peur pour moi, mais j'ai peur pour toi. Imagine qu'ils arrivent à me manipuler... Que pourrais-tu faire contre ma force ?

*Sans doute as-tu tes bottes secrètes, mais oserais-tu les utiliser contre moi ?*

- Il faut que tu m'aides à renforcer mon esprit, qu'on ne puisse pas y pénétrer comme dans un moulin. Sinon mes précautions ne serviront à rien ! Peux-tu m'enseigner cela ?

Sance Ven 5 Nov - 1:34

Étudiant à nouveau mon propre dessin, je constate à quel point Darla a raison. Nous sommes au coeur d'une cour en fragile équilibre, bâtie sur le vent, sur le sable, sur l'apparence et le mensonge... Le moindre de nos mouvements là-bas peut créer une tempête d'espoir et de déception, comme celle qui a failli m'emporter, moi qui ai eu le seul tort de savoir parler, et peut-être convaincre...

Je reste silencieux pendant quelques instants, pondérant la proposition de Darla avant de répondre avec bienveillance:

- Je peux effectivement t'apprendre à renforcer les barrières de ton esprit, pour combattre des incursions extérieures entre autres. Mais c'est un apprentissage difficile, qui nécessitera du temps.

Devant mes yeux passent les semaines d'étude dans le bureau de mon père, les mois de méditation dans les monastères de Vishan... Ces années à façonner mon esprit pour le modeler et l'aguerrir, d'une façon moins visible mais toute aussi harassante que le guerrier qui éprouve et développe ses muscles par un entraînement quotidien.

- Mais d'ici là, il faut pouvoir agir. Il doit être possible de recourir à des sortilèges qui te protégeront pendant une longue période -- pourvu que les Cornouailles soient assez perméables à la magie. Il faudra que je procède à quelques essais une fois sur place.

Je laisse planer un sourire optimiste sur mes lèvres, en dépit de la tension inquiète que je sens parcourir l'épaule si douce de Darla.

Darla Ven 5 Nov - 10:42

Je lève les yeux vers Sance, dis d'une vois tremblante :

- Un sortilège ?

Les sortilèges, seuls les mages en font... La crainte se lit dans mon regard. La magie... cette inconnue terrifiante par laquelle tout est permis, y compris détruire le cœur d'une personne par un clignement d'œil... Traitresse aussi. On ne peut lutter contre la magie au corps à corps, on ne peut lutter contre elle, seulement se faire écraser. C'est une arme déloyale, qui me terrifie.

Pourtant, je n'ai pas peur de Sance. Je connais sa bienveillance. Je crois à sa tendresse. Mais je sens un fossé se creuser entre nous, qui nous sépare. Nous n'évoluons pas dans les mêmes sphères. Il a toujours suscité en moi des émotions fortes : admiration, désir, amour, colère... maintenant il me fait un peu peur et, sans le vouloir vraiment, je m'écarte juste assez pour ne plus avoir à sentir sa main sur mon épaule.

Sance Dim 7 Nov - 16:44

L'espace entre ma paume et l'épaule de Darla, rien qu'un petit centimètre, rien de plus... et pourtant en faut-il plus pour que la peur, pour que le doute s'insinuent ? Le recul de Darla, si discret soit-il, est sans équivoque. L'amertume qui pénètre mon coeur en cet instant ne l'est pas moins.

Je continue pourtant, d'une voix toujours tranquille -- une tranquillité un peu forcée, tant j'ignore de choses sur ceux que nous affronterons dans les Cornouailles:

- Oui, Darla. Face au danger, les guerriers ont leurs armes, des boucliers pour protéger leur corps, des épées pour rendre les coups qu'on leur porte. Mais pour ceux qui n'ont pas ta force, il reste d'autres ressources pour se protéger et, s'il le faut, pour attaquer. Sans ces pouvoirs, que serais-je donc, sinon un peintre oisif et sans défense ?

* Le peintre des années de Vinna, tout entier absorbé par ses toiles et ses sculptures, oublieux du Pays des Miroirs, d'Ambre et de son propre héritage. *

Je brise ma réflexion muette en reprenant avec une tendresse profonde, mes yeux plongés dans le regard inquiet de Darla:

- Et après tout, si tu gardes mon corps à la force de tes poings, n'est-il pas juste que je protège ton esprit par mes propres armes ?

Darla Dim 7 Nov - 16:56

- Oui, Darla. Face au danger, les guerriers ont leurs armes, des boucliers pour protéger leur corps, des épées pour rendre les coups qu'on leur porte. Mais pour ceux qui n'ont pas ta force, il reste d'autres ressources pour se protéger et, s'il le faut, pour attaquer. Sans ces pouvoirs, que serais-je donc, sinon un peintre oisif et sans défense ?

*Tu étais le Sance que je connaissais. Le Sance fort, réfléchi, gagnant par sa raison et son charisme. Cela ne suffisait-il pas ?*

Puis je me rends compte que c'est peut-être la magie qui l'a sauvé alors qu'il se faisait attaquer. Et n'est-il pas toujours le même Sance, malgré tout ?

Je me détends un peu, même si je garde cette impression, absolument irraisonnée, de distance. D'une manière instinctive, je ne me sens pas "à la hauteur". Comme un animal face à l'homme qui ne comprendrait pas comment cet être peut manier le feu.

Cependant, je hoche la tête.

- Oui, tu as raison. Ça va faire mal ? Je veux dire... ça va me faire quoi exactement ?

Je suis visiblement un peu mal à l'aise à l'idée qu'on va employer de la magie sur moi, et sans doute ne suis en train d'accepter cette idée que parce qu'elle vient de Sance.

Sance Lun 8 Nov - 1:07

L'innocence sous cette dernière question me ferait presque sourire, si je ne sentais toujours l'inquiétude et la crainte que j'inspire à Darla. Et après tout, j'avais les mêmes interrogations lors de mes propres expériences avec Malak. Simple coïncidence ? Je ressens à nouveau un élancement douloureux au côté en repensant à mon ancien maître. Quand enfin la douleur se calme, je réponds à Darla:

- Si le sort est lancé avec suffisamment d'adresse, par un mage de talent, et s'il n'a pas d'effet immédiat, il est difficile de remarquer quoi que ce soit. En particulier si l'on a pas l'habitude de ce genre de manipulations...

* L'habitude... ou un esprit assez fort pour le remarquer. *

En discutant avec Darla de cette idée, je me sens de plus en plus anxieux. Je n'ai guère envie d'utiliser celle que j'aime comme cobaye pour mes tours d'apprenti-sorcier. Mais si je ne le fais pas, d'autres pourraient fort bien s'en charger... et avec des intentions bien plus noires.

- De toute façon, il ne faudra tenter cela qu'une fois en Cornouailles. Rien ne garantit qu'un sort jeté à Vinna puisse encore fonctionner, une fois que nous serons passés dans une ombre qui possède des harmoniques magiques très différentes.

Darla Lun 8 Nov - 10:58

- Ah, dis-je sobrement qui pourrait tout aussi bien vouloir dire "si tu le dis".

Je me lève de ma chaise, contemple une dernière fois les visages : Dalt, Rinaldo, Corail, Merlin, Saisei et compagnie. Puis le lion, et la marelle. Bon bon. Rien que ça. Je regarde de nouveau Merlin et quelque chose dans mon cerveau fait "clic".

- Par contre, j'ai appris récemment que j'étais fiancée officiellement à Mandor. Il y a eu une fête et tout le tralala, d'après ce qu'on m'a dit.

Je fais une moue avec mes lèvres tandis je lève mes yeux vers Sance :

- J'espère que ça ne va pas poser problème, là-bas. Après tout, moi je suis neutre, mais s'ils me pensent du côté de Merlin et famille, ça ne va pas te porter préjudice ?

Je soupire.

- Quelle plaie ce Mandor !

Je ressens en moi ce malaise devenu presque familier, qui accompagne toujours mes réflexions sur ces fichues fiançailles : pourquoi a-t-il voulu s'unir à moi ? Quel intérêt ?

Sance Mar 9 Nov - 2:37

Ma mâchoire se crispe et j'entends mes dents grincer lorsque Darla prononce le nom de Mandor. Un des rares noms, une des rares pensées qui me font perdre mon calme et ma logique. Darla, déspérée au bras de Mandor en tenue d'apparat, sous l'Arbre de la Matière, le mariage célébré par Merlin -- qui d'autre ? -- devant les Cours toutes entières assemblées, et ensuite, probablement, certainement, la nuit de noces où il pourrait...

- Non !

Ma voix, dure, brutale, métallique, casse le fil odieux de mes pensées. Furieux et livide, je dois m'asseoir. Le souffle court, je constate:

- Pardonne-moi, Darla. Mais penser que ce Mandor pourrait ... Je laisse flotter la fin de la phrase entre nous sans chercher à la retenir ... Mais comment cette cérémonie a-t-elle pu avoir lieu en ton absence ? N'as-tu pas ton mot à dire... en tant que Duchesse ?

* Il ne sert à rien d'insister, mais Darla est-elle vraiment tenue de suivre les arrangements de sa mère. Elle est morte avec une bonne part de la cour, et du réseau d'influence de Bérice, qui justifiaient cette alliance... *

En tout cas, pour ce qui est d'être suspect, ne t'inquiète pas, je le suis déjà assez pour deux. Voyons le bon côté des choses. Tu as au moins des liens avec une des factions en présence. Alors que moi, je viens de nulle part, et pire encore, je suis lié à l'ennemi. Le sang d'Ambre coule dans mes veines. Difficile de trouver un allié plus suspect pour les quatre monarques des Cornouailles...

* Voilà curieusement un reproche que personne ne m'a d'ailleurs lancé durant mon bref passage dans les Cornouailles. Même Saïseï, si soupçonneuse, n'a pas relevé mon ascendance... *

Darla Mar 9 Nov - 9:25

Un peu surprise par la réaction de Sance, je le regarde avec étonnement puis mes yeux se mettent à briller intensément. Serait-il jaloux ? Alors c'est qu'il tiendrait à moi ? Vraiment ? Que la vie est belle, soudain... Je sens un sourire s'esquisser malgré moi sur mes lèvres.

- Bah je verrai ça avec lui si je le rencontre un jour. Mais bon, on ne peut pas dire que monsieur m'a beaucoup cherchée pour mettre à jour nos fiançailles, donc pour ma part je ne m'en inquiète pas trop.

*Même si on a pu venir me chercher pour me demander de tuer ledit Mandor le soir de la nuit de noces. Brr ! Maintenant que j'ai retrouvé Sance je n'ai plus du tout envie de jouer cette comédie ! Ne lui en parlons pas, le pauvre à déjà assez de soucis comme ça.*

- Après, eux aussi ils viennent d'Ambre - je veux dire, même Merlin est de ta famille. Ils seraient bien culottés de te reprocher ton ascendance, tout de même !

Je fais la moue.

- A croire que c'est votre manière à vous de faire la révolution. On pourrait croire à une insurrection des secondes générations mais Ian est général de l'autre côté, et Mhyn, fille de Julian, est en Arden.

Je fais une grimace. Nous, au moins, on ne se battait pas entre cousins... Du moins, pas entre cousins germains. On aura beau dire ce qu'on voudra, les Ambriens ne sont pas si propres que ça dans leurs coutumes.

- Au fait, tu n'as pas parlé de Corwin ? Pourtant, c'est sa marelle, non ?

Sance Mer 10 Nov - 2:18

- Corwin ? Personne n'en parle aux Cornouailles. Comme si son absence et son silence ne posaient aucun problème. D'ailleurs, "sa" Marelle n'est pas comme celle d'Ambre, selon celles qui la défendent.

Je lève mon bras pour désigner au loin les portraits de Corail et de Saïseï.

Elle n'a pas été tracée avec le sang de son créateur, et il n'est pas nécessaire d'être un enfant de Corwin pour la traverser. On a essayé de me faire croire que le fait d'être ainsi ouverte aux quatre vents constituait un avantage supplémentaire pour cette Marelle et ses utilisateurs...

Enfant de Corwin. Enfant d'Obéron. Enfant de Vishan sait qui encore... Une part de nos pouvoirs -- et nos problèmes -- vient de notre héritage commun. Et pourtant, quand Darla critiquait mes cousins et cousines d'Ambre, je n'ai pas cherché à les défendre. Hormis le sang, je ne partage pas grand-chose avec ceux qui vivent auprès du Kolvir et de Garnath. Ils ne se sont pas préoccupés de mon père après l'avoir envoyé en exil par-delà les miroirs... et d'ailleurs, mon retour parmi eux était vu avec inquiétude -- peut-être même hostilité -- par Random.

Autant pour l'esprit de famille. Qui sait... Peut-être Ambre aurait-elle connu une histoire un peu moins agitée, si Obéron avait pensé à organiser plus souvent des pique-nique à la campagne avec tous ses petits-enfants ?

Ses petits-enfants... mais au fait, Darla n'a-t-elle pas parlé de...

- Ian ? Tu as croisé le lieutenant Ian du Voyager ?

Darla Mer 10 Nov - 6:15

- N'importe qui peut traverser la Marelle ? Et il gagne les pouvoirs qui vont avec ?

Je me rappelle de Méréas, et de ce qu'il m'en avait dit, soudain. Ce serait si bon, de pouvoir voyager entre les Ombres librement, enfin !

...

Je rejette la pensée avec une rigueur spartiate. J'ai vu ce que que pouvait faire le serpent. Jamais je ne me lierai à une puissance, quelle que soit la puissance du cadeau qu'ils offrent en retour. Le prix est trop élevé pour moi.

- Je pense en effet qu'il s'agissait du lieutenant Ian. Je voulais le rencontrer, et avec un peu de chance j'aurais pu le faire bientôt. Mais tu ne l'as pas vu, toi qui as été en Ambre ? J'avoue que j'aurais eu quelques questions à lui poser concernant le Voyager, et sur Méréas, qui semble avoir disparu, selon son amie Mhyn. Aux dernières nouvelles il allait... à la marelle de son père !

Je lève les yeux vers Sance.

- Tu ne l'as pas vu, là-bas ?

Sance Ven 12 Nov - 16:30

Je hoche la tête pensivement, en repensant à l'entrevue avec le garde d'Arden et son ignorance de l'existence de Méréas :

- Je n'ai pas revu Méréas, et personne ne m'a parlé de lui dans les Cornouailles. Je dois avouer que je n'ai pas non plus indiqué que je le connaissais. Corail ou Saïseï pourraient probablement te dire qui a franchi la Marelle de Corwin... si elles y voyaient un intérêt quelconque.

Je regarde le coucher de soleil qui embrase à présent le ciel ennuagé de Vinna, et reprends, concentré, tentant de retranscrire fidèlement les paroles d'Elron:

- Tu n'es pas la seule à te poser des questions sur le Voyager, Darla. Lorsque j'ai retrouvé Elron, nous avons évidemment abordé la "coïncidence" qui nous a amenés tous là-bas. Il m'a donné de nombreuses informations à ce sujet...

Elron a été recruté sur le Voyager par Q, qui était un sorcier, peut-être chaosien, à la solde de Janeway. C'est d'ailleurs à leur instigation qu'Elron a traversé la Marelle, avant de le laisser s'enfuir du Voyager. Mais juste avant de le laisser partir, Janeway lui a expliqué uque le Star Fleet Command a jadis été en contact avec un voyageur d'ombre -- une femme. Cela les avait incités à étudier comment se déplacer en ombre, à des fins militaires probablement. Selon Elron, ils avaient donné pour mission au Voyager de collecter des personnes capables de se déplacer de la sorte pour étudier leur sang et leur patrimoine génétique. Une mission sous le nom de protocole 0.

Elron a aussi été témoin d'expériences menées sur le Voyager à notre insu, sur des cobayes qui mourraient d'asphyxie. Etaient-elles liées à ce protocole 0 ? En tout cas, pendant son temps sur le Voyager, Elron s'est rendu sur des planètes pour des missions où il a lui-même subi des changements d'ombre. Il aurait au moins une fois rencontré un voyageur d'ombre pendant une mission de surveillance.

Il a revu Ian après notre départ du Voyager, qui lui a affirmé ne pas être lié à Janeway, mais qui a amené la fameuse plante-marqueur, car il était conscient de la présence d'autres Ambriens parmi l'équipage et voulait comprendre ce qui se passait et qui faisait quoi sur le Voyager.

* Il faudra d'ailleurs que je demande à l'occasion à Rinaldo son lien avec tout cela... et il a visiblement choisi un camp différent de celui de Ian. *

Je reprends d'une voix plus faible:

- Comme tu le vois, tu n'es pas la seule à t'interroger sur ce qui nous a rassemblés sur le Voyager. Mais qui que ce soit, et quels que soient ses objectifs, je dois au moins le remercier d'une chose... c'est d'avoir croisé ton chemin."

Darla Dim 14 Nov - 13:24

Alors que je m'apprêtais à répondre à ce que disait Sance, je marque un temps d'arrêt à sa dernière phrase. Mon premier sentiment est un sentiment de rejet - la dernière fois qu'il a voulu me faire croire qu'il avait des sentiments pour moi, je ne l'ai pas vu pendant un an... Puis je me rappelle ma décision dans la cuisine: même si ce doit être pour me prendre un mur, y croire, profiter de ce qu'on appelle "bonheur".

Je glisse ma main dans la sienne sans répondre cependant, souriant juste de façon un peu rêveuse - un peu triste peut-être aussi, triste de ne pouvoir y croire absolument, même si j'en crève d'envie.

Soudain j'ai envie de pleurer. J'ai toujours été seule. Zork, parfois, m'a aidée... mais pour me tromper si superbement ensuite. Puis Sance... et là il est là, juste à côté, il a besoin de moi et me prouve sa tendresse... Et je bloque. Malgré ma résolution une part, au fond, se méfie. J'aurais tellement aimé vivre tout cela sereinement.

Le silence se prolonge, pesant, tandis que ma main est toujours dans celle de Sance et mon regard fixé sur un point qui n'existe pas.

Sance Mar 16 Nov - 1:27

Le profil de Darla dans la clarté ambrée du crépuscule, sa main au creux de ma paume, et à travers elle, toutes les émotions qui agitent son coeur, contradictoires et confuses. Je peux suivre sans peine dans ses pensées les fils d'espoir et de peurs, tissés si étroitement qu'il semble impossible d'en démêler l'écheveau.

En tout cas, si j'y parviens, ce ne sera pas avec des paroles, le sourire presque incrédule posé sur les lèvres de Darla ne me le montre que trop bien. Je constate d'une voix plus sèche:

- Je parle trop. Je t'ennuie.

Darla Mar 16 Nov - 10:03

Tirée de la fluctuation de mes sentiments par cette parole dont je ne perçois réellement que le ton, je réponds un :

- Ah ?

Qui ne veut pas dire grand chose. Mais comme sa phrase, après tout, que je ne comprends pas dans le contexte. J'ôte ma main de la sienne, percevant la dureté du ton comme un rejet que je ne comprends pas, et qui me peine.

- Peut-être devrais-tu prévenir Corail de ton retour accompagné ? dis-je simplement.

Sance Mer 17 Nov - 1:36

Je hoche la tête doucement, réfléchissant moins aux paroles de Darla qu'à son absence de réaction à mes dernières paroles.

* M'aime-t-elle encore ? M'aime-t-elle encore ? M'aime-t-elle encore ? M'aime-t-elle... *

La question rebondit douloureusement à travers mon crâne. Je me sens soudain fatigué, bien plus que je ne le croyais jusqu'à présent. J'ai froid aux jambes, et mes mains me semblent glacées. Livide, je reprends:

- Demain matin... je tracerai... l'atout... Corail... Rinaldo... peut-être...

Darla Mer 17 Nov - 7:55

Entendant la voix balbutiante de Sance je me redresse, inquiète - peut-être allait-il mal et ne l'ai-je pas remarqué ? Je suis tellement égoïste...

Sans trop réfléchir, par reste de tendresse trop difficile à contenir, je pose le dos de ma main sur son front, sur son cou, avec le même visage qu'une mère penché sur son enfant malade.

- Tu es fatigué ?

Sans trop lui demander la permission je passe une main dans son dos puis une autre sous ses genoux et le prends dans mes bras.

- Tu seras mieux dans ton lit mais les escaliers te fatigueront.

C'est ainsi que je le porte dans le-dit lit, défais les couvertures, le pose entre celles-ci et le borde.

- Tu as besoin de quelque chose ? Je vais chercher un verre d'eau !

Je redescends chercher carafe et verre, ainsi que quelques trucs à grignoter - quand on est malade il parait qu'il faut manger - que je pose sur la table de chevet.

- Dors, dis-je simplement.

Moi-même me pose sur les couvertures, à ses côtés, sans le toucher cependant, bien que tout prêt. Je me couche en chien de fusil, perturbée par sa phrase douce, suivie de ce rejet que je ne comprends pas, inquiète de son malaise, perdue au fond et angoissée pas seulement en apparence. Bien que j'aurais fort envie de plonger dans le sommeil le plus profond pour oublier tout cela, je m'astreins à un sommeil léger, comme je peux le faire quand je suis seule dans la nature, au cas où quelqu'un saurait retrouver Sance ici.

Sance Jeu 18 Nov - 1:29

Je ne sens que de façon confuse les bras puissants de Darla qui m'enlacent, et sa voix douce et inquiète n'est qu'un murmure lointain alors que je plonge dans un sommeil insondable.

- Pourquoi m'as tu abandonnée, mon fils ?

La voix de ma mère transperce l'obscurité. Devant moi apparaît la phosphorescence bleutée du cercueil de cristal, avec en son coeur une silhouette que je reconnais trop bien. J'avance à regret jusqu'à la cage de verre et trouve finalement la force de répondre:

- C'est vous qui m'avez...
- Tu mens.

Dans un bruit de verre brisé, une main s'agrippe à mon poignet. Un bras puissant vient de pulvériser la paroi de cristal.

- Tu mens, Archibald. Tu m'as trahie, comme tous les autres.

Dans le cercueil, la femme à l'oeil bandé qui me foudroie du regard n'a rien de ma mère. Alors que je me débats en tout sens pour faire lâcher prise à Corail, elle continue, de la voix glacée et inexorable des oracles:

- Tu veux le pouvoir, comme les autres, comme les hommes, comme les puissances. Pourquoi est-ce que je te laisserais la Marelle, à toi plutôt qu'aux autres ?
- Je veux vous aider. Vous allez la perdre en vous obstinant. Et puis elle n'est pas à vous de toute façon. C'est Corwin qui l'a tracée. De quel droit... ?

Au nom de Corwin, la main de Corail faiblit un instant, assez pour que je me libére enfin de cette poigne qui me broie les os.

* Vite, partir d'ici ! *

Je quitte la grotte en courant, sans vraiment reconnaître le couloir qui bientôt débouche sur d'autres couloirs, et d'autres couloirs encore. Je continue pourtant à avancer à l'aveuglette à travers le dédale des couloirs.

Je finis par m'arrêter dans une autre caverne, tout aussi sombre que celle où j'ai rencontrée Corail. Je tente de reprendre mon souffle un instant, et aussi de retrouver mes esprits. Que se passe-t-il donc pour que...

Un éclair argenté déchire l'obscurité. Je hurle de douleur. A nouveau la brûlure qui parcourt ma poitrine, à nouveau une lame qui transperce mon corps et va se ficher dans la paroi de la grotte. Qui a donc... ? Epinglé comme un vulgaire papillon, je fais face à Rinaldo, qui me lance sur un ton de reproche:

- Vous devriez mieux choisir votre entourage, Émissaire Sance. Vous allez finir par avoir des problèmes. Et moi aussi, par voie de conséquence.
- Comment pouvais-je deviner que... ?
- Si vous ne maîtrisez même pas votre propre destin, Émissaire, espérez-vous vraiment que nous allons vous laisser décider du nôtre ?

Sans m'accorder le temps de répondre, Rinaldo retourne à l'obscurité, me laissant seul, pleurant et grimaçant, plaqué contre la paroi de pierre froide, une longue lame en travers du corps.

Des bruits de pas. Surgissant du néant, Delwin et Sand, côte à côte, avancent en grande discussion, sans me voir.

* Mon père, ma tante, aidez-moi ! *

Je veux crier, attirer leur attention, mais pas un son ne sort de ma bouche, tandis qu'ils poursuivent leur discussion, d'un rythme lent et résolu:

- Crois-tu qu'il réussira ?
- Tu en doutes, ma soeur ?
- Les prophéties affirment que...
- Je sais ce que les prophéties racontent. Je sais aussi ce qu'elles oublient de préciser.
- Tu penses qu'il échouera, alors ?
- Pour te dire la vérité, ma soeur...

Sand et Delwin disparaissent dans l'obscurité sans avoir jeté un regard dans ma direction. Un cri rauque et grave finit, mais trop tard, par s'échapper de ma gorge, un cri que je ne reconnais pas, comme un rugissement... le rugissement d'un lion ?

Darla Jeu 18 Nov - 9:28

Au premier cri de Sance je me réveille en sursaut, prête à frapper, regardant autour de moi d'un air menaçant. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il n'y a pas d'ennemi et que Sance est en parfaite sécurité, qu'il fait juste un cauchemar. Je le regarde s'agiter dans le lit, les traits déformés par l'angoisse. Le pauvre. Quelle frousse il m'a faite !

Je le saisis doucement par les épaules et le secoue tout doucement en murmurant son nom mais rien n'y fait, il a l'air bien profondément enfoncé dans le sommeil et, quand il crie pour la seconde fois, j'ai soudain peur. Pour être sûre qu'il se réveille je lui donne quelques gifles mesurées.

- Sance ! Sance ! Réveille-toi !

Sance Ven 19 Nov - 22:54

Mon rugissement se répercute impuissant dans la nuit infinie. Le moindre mouvement est douleur pour mon corps cloué sur la grotte. Enfin, au loin, devant moi, le frottement de pas pressés sur le sol rocheux, le rythme syncopé d'une femme essoufflée. Et devant moi apparaît enfin celle que j'attendais, celle que j'espérais...

- Darla !

La voici qui s'approche de moi à grandes enjambées dans sa combinaison de cuir noir, avec une mine douloureuse. Souffre-t-elle tant de me voir dans cet état ? Elle finit par poser ses mains sur mes épaules dans une douce étreinte en murmurant:

- Sance, Sance...

- Darla, heureusement, tu es là !

La femme aux longs cheveux noirs me jette un regard triste, presque nostalgique. Mais sa voix est amère quand elle constate:

- Non, Sance. Je ne t'aiderai pas. Tu es seul maintenant. Comme moi, je l'ai été, pendant si longtemps...

Un soupir chargé de souvenirs que je ne pourrai jamais partager. Le visage de Darla se fait pierre. Froide, dure, inhumaine. Elle finit par lancer:

- Tu n'es pas venu quand j'avais le plus besoin de toi.

- Mais je devais aider les miens ! Et je ne suis pas Zork ! Je suis revenu ! Je suis là !

Je pousse un cri de stupeur alors que les doigts s'enfoncent sans hésitation dans ma chair. Darla hurle, furieuse:

- C'est trop tard ! Je ne crois plus tes mensonges !

Darla n'est plus que rage et colère, indifférente à ma souffrance. Une première
gifle, une deuxième...

- Mais je t'aime, Darla !

Et pourtant les coups pleuvent, toujours plus forts, toujours plus rapides. Je baisse la tête, incapable de supporter le visage de Darla en cet instant. Qui est cette femme implacable et meurtrière ? Où a-t-elle donc disparu, la jeune fille frémissante que j'enlaçais des forêts heureuse d'Arden ?

- Sance ! Sance ! Reveille-toi !

* Réveil ? *

La grotte de mes cauchemars et les fantasmes de mes rencontres vacillent autour de moi avant de s'évanouir en un tourbillon vertigineux.

* Un rêve, ce n'était rien qu'un rêve ! *

J'ouvre enfin les yeux... et reçois en retour une gifle magistrale. Désemparé face à Darla prête à me frapper à nouveau, je ne parviens qu'à répéter la dernière phrase de mon rêve interrompu:

- Mais je t'aime, Darla !

Darla Sam 20 Nov - 12:45

Le voyant ouvrir les yeux je souris rassurée qu'il n'ait pas été empoisonné par un quelconque sortilège. Puis ses mots me viennent, touchent en mille mon cœur. Le temps suspend son vol, je reste figée, incrédule. Il rêvait de moi ? Et au réveil... Je cherche son regard, le trouve, et trouve l'amour.

Je bats des cils, une, deux, trois fois, tentant de retenir les larmes de joie qui inondent soudain mes yeux.

Je demande, toute tendre soudain, petite chose fragile qu'un souffle pourrait briser.

- Tu ne me quitteras plus alors ?

Sance Lun 22 Nov - 2:14

Penchée au-dessus de moi, Darla me contemple d'un regard que je ne lui connaissais plus. Le regard de ceux qui n'ont pas abandonné l'espoir de connaître le bonheur, en dépit de la cruauté de la vie et de la faiblesse des hommes. Et sa question de suffit à faire bondir dans ma poitrine mon coeur devenu fou. Car ce regard, cette question, ils me montrent bien qu'il existe encore cette femme que je croyais perdue... La Darla de mon désir, la Darla de mon amour !

Est-ce encore un rêve ? Ou suis-je bel et bien réveillé ? Encore hésitant à croire ce que je vois, ce que j'entends, j'étudie le visage de Darla et dessine de ma main l'ovale de sa joue. Puis j'approche mes lèvres des siennes pour avouer dans un murmure:

- Non, Darla, je ne te quitterai plus !

Darla Lun 22 Nov - 11:57

Mes lèvres se pressent sur celles de Sance, furieuses, passionnées, sauvages, désespérées. Mes mains glissent sur les épaules, sur la nuque, s'accrochant à Sance comme à une bouée.

Tout est si clair, soudain.

Tellement limpide et simple.

Il m'aime !

En moi renaît un feu que je croyais éteint, il submerge tout comme la haine l'avait fait avant, et fait monter de plusieurs degrés la température de mon corps. Je me mets à rire - comme j'avais pu pleurer - dans ce baiser si intense, si inespéré, dans lequel je me donne toute entière, sans barrière, sans crainte.

J'ai grandi depuis Arden.

Je sais maintenant ce que je veux.

Et que le temps passe trop vite.

Oubliant la blessure de Sance, mes mains cherchent maladroitement la peau, la chaleur, la douceur de ce corps étranger qui m'a toujours attirée. La couverture est de trop, les vêtements aussi, mais mes lèvres, mes doigts, se contentent de ce qu'ils peuvent trouver, dans la frénésie d'un désir que je libère enfin après l'avoir brimé depuis ce soir-là où je trouvai Zork dans le lit de ma mère.

Mais cette nuit, dans l'ivresse d'un moment où m'est révélé - enfin ! - l'existence du bonheur, je ne pense pas à tout cela. Je ne pense plus du tout, en fait. Je ne suis que passion. Je pleure, je ris, j'embrasse, le tout en même temps, gardant juste assez de raison pour maitriser ma force, toujours séparée de lui par les tissus encombrants.

Puis, enfin, je réponds, dans un souffle, dans un rire étouffé de désirs :

- Moi aussi je t'aime !

Sance Jeu 25 Nov - 1:37

* Enfin ! *

Ma bouche retrouve les lèvres de Darla, fruit exotique au goût rare et précieux. Mes oreilles entendent son rire, pur et bondissant comme une cascade. Mon corps sent contre lui la chaleur de ce corps palpitant contre le mien.

Darla folle de joie comme je le suis, tous deux incapables de penser au-delà d'une seule certitude : nous nous aimons !

Alors que notre baiser n'en finit pas de s'achever, je sens les mains tendres et affolées qui courent sur mon cou, mes épaules, ma poitrine, animées par la fougue, la passion, et l'inquiétude. Et sans rien ajouter, je laisse mes mains, moins rapides, mais plus sûres, descendre en une lente caresse le long du cou de Darla jusqu'à sa poitrine, les yeux fiévreux, la gorge asséchée par le désir...

Darla Jeu 25 Nov - 9:15

Frisson.

Alors que pour la première fois des mains se posent sur moi, je reste en suspend, curieuse, calmant mes gestes, émue par cette sensation nouvelle qui m'envahit.

Si l'obscurité ne posait son ombre sur toute chose, Sance pourrait me voir rougir jusqu'à la pointe de mes cheveux.

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