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CYCLE D'EWAN - III. LA DAME

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CYCLE D'EWAN - III. LA DAME Empty CYCLE D'EWAN - III. LA DAME

Message  Darla Mer 10 Nov - 19:28

III. La dame

Mal au crâne. Terrible. La barre, juste là, qui vrille les tempes et écrase le front de l'intérieur, avec les cheveux qui poussent à l'envers. Mais putain qu'elle fut bonne la soirée ! Enfin, de ce dont je me souviens, en tout cas. Le bar plein à bonder, des gens venus de loin, des gonzesses surexcitées : le bonheur. On avait fait un tabac, beaucoup bu et avalé quelques pastilles du bonheur... Je ne me souvenais pas trop de la fin mais la forme allongée près de moi n'a pas l'air trop mal.

Ah ce Martin ! Mon doublon, mon ami, mon frère. On s'est rencontré il y a vingt ans, dans ce café de Féria où nous avons joué hier soir. Tout comme moi, il n'a pas pris une ride durant ces vingt années. Même s'il est plus jeune que moi, il est clairement plus vieux que ne le laisse penser son visage et son allure d'adolescent attardé. Il a beau faire du sport il reste aussi rachitique qu'un des mômes des bidon-planètes de la galaxie. Mais ça plait aux dames – allez chercher à comprendre.

Plus malin que moi, il a eu la chance de ne pas se faire remarquer par les services scientifiques. En même temps, quand je m'étais mis au service du conseil galactique en tant qu'inspecteur-enquêteur, je ne pouvais pas savoir que j'allais cesser de vieillir une fois passé trente ans, hein. Lui, avec ses petits boulots, il a pu changer assez souvent pour se la couler douce. Veinard. Il échappe aux rêves tordues et aux poitrines flétries.

Enfin bon, ce qui est sûr, c'est qu'on... non qu'il m'a bien trouvé. L'avantage de faire parfois la une des i-mag, finalement. En plus de n'être jamais trop sur sa faim les soirs de fête, côté femme. Et celle qui se lève a une superbe descente de reins... Pas le temps de savourer la vision que le télécom, hélas, se manifeste.

- C'est la troisième fois qu'il sonne, dit une voix délicieusement féminine, quoique pas très réveillée encore.

Je pousse un grognement et tends le bras pour entamer la discussion. C'est mon bleu, très alarmé – il est déjà très tard le matin, il a découvert un truc « énorme », une piste en fait : une arme de collection – une épée - a été volée à la famille Barme, un frère et une sœur qui réclament la pièce de collection qui leur a été subtilisée, ayant vu dans les i-com du matin qu'une arme de ce type avait été trouvée dans le corps d'un gus – et que c'était « notre inspecteur favori » qui s'occupait de cette étrange affaire.

- Eh bien parfait, fais-les venir au...

- Mais elle est déjà là, chef ! C'est pour ça que je vous appelle ! Mme Barne vous attend !

- Hmpf. J'arrive.

- Du travail ? demande celle qui remet une sublime petite robe rouge.

Elle ondule jusqu'à ce côté du lit où je suis encore allongé – elle s'est remis du parfum, c'est doux, agréable. J'aimerais bien qu'elle reste encore un peu, juste un peu... Ses cheveux sont doux sur mon torse.

- Merci pour cette nuit fort sympathique, monsieur la star du punckrockanar. Je ferai un bon article, je vous le promets.

Bisous sur le front, tout simple et adorable, et déjà elle disparaît de la pièce, puis bientôt de l'appart, je le devine... Je me demande soudain quel est son prénom. Trop tard pour le lui demander.
Une douche et un transport plus tard, me voilà au commissariat où m'attend le bleu et ses cernes. Le pauvre s'est coltiné tous les fichiers administratifs de déclaration de vols et les autorisations concernant les armes archaïques. Alors qu'il m'amène à mon bureau, il récite les informations obtenues, qui mènent toutes à cette dame dont les fesses, que j'espère jolies, sont posées sur une des chaises de mon bureau. Très limpide. Trop. Cela est étrange. Rien n'est jamais simple quand on enquête. C'est bizarre... Comme si on avait voulu que cette femme arrive dans mon bureau à un moment où un autre.

Devant la porte que je m'apprête à ouvrir par le sésame approprié, je donne mon gobelet de café vide au bleu.

- Faut dormir, hein ?

Puis, au moment où je me détourne déjà, qu'il reste là, un peu déçu de mon manque d'enthousiasme face à ce qu'il a trouvé, j'ajoute :

- Bon travail, au fait. Sésame !

Et soudain je ne vois plus le sourire content du bleu, ni les dossiers empilés sur ma table. Je ne vois plus les murs gris et les écrans qui clignotent déjà, m'alertant de messages à lire. Je ne vois que la chevelure flamboyante, les yeux pers, la bouche petite, magnifique qui me sourit alors que la petite dame, aux formes harmonieuses, se redresse.

- Monsieur l'inspecteur-enquêteur ?

- Pour les dames, je suis Ewan, dis-je simplement avec mon meilleur sourire, m'avançant vers elle, faussement détendu.

Elle m'impressionne. Il se dégage d'elle, plus qu'une aura de féminité, une aura de puissance. Soudain, les informations du bleu me paraissent importantes, et je me les récapitule tout en observant le gobelet, encore plein et chaud, posé devant elle, et ceux, vides, dans la poubelle. Cette dame qui me fait l'honneur de m'attendre vit avec son frère sur une planète dont le bio-organisme est très proche de la planète-terre – une planète où les loyers sont donc exorbitants. La dame vit dans une sorte de manoir avec des domestiques. Le frère et la sœur ont acheté ce manoir récemment, suite à la mort d'un vieil homme dont le fils vivait fort loin de là et ne savait que faire d'une telle demeure – sinon la vendre pour combler ses dettes de jeu. Depuis, frère et sœur ne cessaient de déclarer la possession d'armes archaïques, expliquant qu'ils s'adonnaient à des reconstitutions historiques – quels que soient leur motif ils ne sont jamais vu refuser la moindre autorisation, ce qui est étrange. On ignore aussi comment ces armes ont été obtenues – les Barnes ne sont déclarés sur aucune fouille archéologiques, et leurs noms – ni les armes déclarées – ne sont répertoriés sur aucunes ventes de ce type sur les dix dernières années. Par ailleurs, il semble que le couple fraternel n'aie jamais fait de vagues nulle part, pas même dans les services de santé : aucune opération, aucune maladie, rien qui ait permis, à un moment où à un autre, de faire un relevé biométrique.

- Fiona Barne, dit-elle en me tendant une main gantée que, sans trop savoir pourquoi, je me surprends à baiser plutôt qu'à serrer.

Peut-être parce s'impose à moi la certitude que c'est une dame qu'il faut respecter. Quoiqu'il en soit, elle ne semble pas être surprise de ce geste qu'elle accueille avec une grâce toute naturelle.

De ce qu'elle dit ensuite, je ne retiens pas grand chose au final. Elle apporte les papiers qui certifient qu'elle est propriétaire de cette arme, légitimement, qu'elle est même assurée, elle montre aussi la déclaration de vol que je lis les sourcils froncés. Enfin, elle termine en disant qu'elle aimerait récupérer cette arme de collection d'une rare valeur.

- Il y a quelque chose que je ne comprends pas, dis-je après un long silence.

J'évite de me noyer dans son regard vert et pianote sur mon écran pour me donner une contenance – si ce n'est une consistance, tant je crains, bien malgré moi, de la contrarier, de prendre le risque qu'elle quitte ce bureau sans avoir l'envie d'y revenir.

- Oui ? dit-elle de sa voix feutrée.

- Dans votre déclaration de vol... Vous dîtes que rien d'autre n'a été volé.

- Parce que c'est vrai.

- S'agit-il de la pièce la plus précieuse de votre collection ?

- Oui, je viens de vous le dire.

Quand elle parle, on imagine de longues robes glissant doucement sur un tapis dans un bruit de tissu froissé, et l'éclat que l'or fait sous les reflets d'une bougie.

- C'était donc un connaisseur, pour n'avoir volé que la pièce la plus précieuse de la collection. Sans doute quelqu'un à qui vous en avez parlé...

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça, inspecteur-enquêteur ?

- Le fait qu'il n'y ait eu que la porte de fracturée. Il devait connaître les codes de désactivation d'alarmes, n'est-ce pas, pour qu'elles ne révèlent pas sa présence ?

- Mais nous n'avons pas de système d'alarme, inspecteur-enquêteur.

-Vous... ?

Cette fois, je lève les yeux sur ce visage radieux, à la parfaite sensualité, au regard acéré et malicieux.

- Vous voulez dire que vous possédez pour une fortune de biens – à tel point que vous avez dû souscrire à plusieurs assurances pour couvrir la totalité de votre collection, et vous n'avez pas de système d'alarme, même pas un tout petit, du genre de celui que même les mineurs de Graig mettent à la porte de leurs chambres à vivre ?

- Mais, c'est que nous n'en avons pas besoin, voyez-vous, dit-elle, amusée.

- Pas besoin ? Hum. Et les assurances sont d'accord avec ça ?

- Bien sûr. (comme s'il ne pouvait en être autrement, dit le ton employé). Vous savez, mon frère et moi quittons rarement la demeure en même temps, au pire les domestiques sont là pour surveiller le tout. Ainsi que mes chiens. Il faudrait être fou pour vouloir entrer dans la demeure sans notre autorisation.

- Ce jour-là, pourtant, la maison était vide.

- Ce jour-là, en effet, la maison était vide, inspecteur-enquêteur.

Elle lit dans mon regard ma méfiance – mais aussi mon admiration. Elle se lève, mettant fin à l'entretien sans que, étrangement, je n'y trouve rien à y redire, alors que j'ai encore beaucoup de questions à poser.

- Vous n'aurez qu'à venir chez nous pour voir de ce dont il s'agit. Je compte sur vous pour nous ramener notre meilleure pièce dans les plus brefs délais, n'est-ce pas ? Ce sera l'occasion de boire un thé – celui-ci est infect, dit-elle en désignant le gobelet auquel elle n'a pas touché durant la discussion.

Je la regarde quitter les lieux, balançant légèrement des hanches mettant ainsi en valeur un fessier qu'elle a, mieux encore que je n'avais pu l'espérer, fort joli. Soudain elle se retourne, m'obligeant à relever mon regard.

- Au fait, enquêteur-inspecteur, est-ce vrai ce qu'on raconte sur vous ?

- Hum ? Quoi donc, madame ?

- Que vous êtes plus vieux qu'il n'y paraît ?

- Cela est-il important, pour vous, de le savoir ?

- Oh, je ne demandais ça que par curiosité, n'est-ce pas ?

Trois battements de cil – trois battements d'aile de papillon – et je réponds :

- Oui, cela est vrai.

Elle sourit.

- Vous n'oublierez pas de venir, n'est-ce pas, monsieur Ewan ?

Son regard fait bouillir en moi la lave de mon désir. Je déglutis difficilement.

- Bien sûr. Au revoir, Madame Barne.

- Au fait.. c'est mademoiselle.

Puis elle passe la porte et disparaît de mon champ de vision. J'ai très, mais alors très, très chaud.
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