Ambre
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Nyx - Chapitre VI

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Nyx - Chapitre VI Empty Nyx - Chapitre VI

Message  Saisei Mar 2 Nov - 11:22

Lorsque nous repensons au passé, nous avons tendance à romancer nos actes, nos pensées et nos sentiments. Pour beaucoup, le contenu intégral de sa vie se résume à un volume, voire deux pour les plus actifs.
Voila pourquoi il est si important d'enrichir par des artifices le récit de son existence afin d'être fier de soi lors de l'ultime fin et de laisser à ses descendants une impression d'une vie bien remplie.
Il est quelques individus néanmoins pour lesquels toute une bibliothèque ne suffirait pas. J'ai côtoyés ces individus, en particulier un, qui fut mon maître.
Ils sont immortels et ont le pouvoir de voyager à travers une infinité de mondes. Même si l'oisiveté les prend parfois, ils sont au contraire très actifs. Ils voyagent, créent, détruisent, fomentent, complotent, guerroient, bref, ils s'occupent.
Comment alors écrire une biographie d'un tel individu sans tomber dans les descriptions lassantes des milliers d'endroits qu'il visite, sans se perdre dans les méandres de ses infinies pensées, sans être obligé de détailler la vie des centaines de personnes d'importance qu'il croise ?
Impossible et quant bien même, qui aurait le courage et le temps de lire une telle œuvre ?
Bref, c'est pourquoi je m'épargnerais la tâche d'expliquer comment elle est arrivée jusqu'à moi, ni n'extrapolerais sur ce qu'elle a fait depuis notre unique et dernière rencontre.
Son nom est Fiona, elle est princesse d'Ambre mais avant tout sorcière émérite.
J'ai beaucoup écouté Dworkyn parlant de la magie, les enchanteurs, les sortilèges et leur fragile existante. Car aussi puissante soit une magie dans une ombre, elle peut n'être qu'un gadget dans une autre, pire ne plus exister du tout.
Le voyage à travers ombre oblige le sorcier à revoir sa stratégie, ses sorts, s'adapter au changement au risque de tout perdre. Tâche longue et fastidieuse, l'adaptation du sorcier peut se révéler fatale s'il n'y prête pas la concentration nécessaire. Fiona fait partie de cette catégorie de personnes qui ont su mélanger et allier magie et pouvoir primordial s'épargnant ainsi tout ce travail. Sa magie, ses sorts et talents magiques s'auto adaptent au fur et à mesure des ombres. Tel est le pouvoir de la Marelle. Telle est la puissance de Fiona.
Je l'ai déjà croisé une fois, en fait deux mais la première ne compte pas étant donné mon état d'inconscience. Nous avons discuté, joué aux cartes, échangé des informations. Enfin, j'ai donné des informations, elle s'est contentée d'écouter. Puis le destin en la personne de Dworkin nous a séparés.
Je suis depuis Gardien de la Marelle primale d'Ambre. C'était ça ou la mort, autant dire que le choix s'imposait de lui même.
Donc, Fiona arriva sur une magnifique monture descendant la pente douce qui conduisait à la caverne, désormais ma maison. Je l'ai sentie bien avant qu'elle n'apparaisse et je me tenais tranquillement assis sur le perron de l'entrée. Je la reconnue rapidement drapée dans une superbe robe de velours vert arborant un décolleté qui n'aurait laissé aucun mâle indifférent. Mais aussi mâle sois-je, je suis surtout un chat et sa poitrine ne m'intéressait donc pas. Elle prit le soin de descendre de sa monture, l'attacha à un arbuste et d'un pas lent se dirigea vers la Marelle. Elle ne me vit pas de suite. Ce n'est qu'en passant devant la caverne qu'elle me jeta un regard, étonné en premier lieu, indifférent ensuite puis à nouveau étonné. Son premier réflexe fut de se demander ce qu'un chat faisait ici, puis elle n'y vit aucune importance jusqu'à ce qu'elle me reconnaisse pour ce que je suis, le chat qui lui avait rendu visite.


"Toi !
fit-elle.
- Moi. Répondis-je.
- Mais que fais-tu ici, que s'est-il passé lors de ta disparition ?
- Bien le bonjour, Princesse Fiona,
commençais-je, et bien je suis le Gardien de ces lieux et les raisons de ma disparition sont connues de ceux qui ont le besoin de les connaitre. Je vis des éclairs dans ses yeux. Je frissonnais.
- Hum, Gardien hein ? Et bien, petit gardien, saches que je suis ici pour Elle.
- Non.
- Non ? Et pourquoi donc ?
- Je vous l'ai dis, je suis le Gardien et en tant que tel, je dois empêcher quiconque de s'y aventurer.
- Et tu crois que tu pourras réussir cet exploit avec moi,
rétorqua-t-elle d'un air de défi.
- Je peux essayer.
- Tu peux mourir.
- Je peux survivre.
- Tu peux souffrir.
- Je peux m'en accommoder.
- Tu es bien déterminé pour ta taille.
- Je pensais que vous étiez particulièrement bien placée pour savoir que la taille ne compte pas.
Je vis à son regard qu'elle comprit ce que je voulais dire.
- Je crains de ne pas pouvoir faire demi-tour.
- Vous pouvez rester ici, mais pas plus loin.
Je sentis que la conversation l'exaspérait, à vrai dire moi aussi.
- Nous pouvons continuer longtemps ainsi, veux-tu jouer mon passage ?
- Non.
- Ce que tu peux être têtu. Mais j'ai une offre que tu ne pourras pas refuser.
- Je crains que si, aussi inutile de me la proposer.
- N'en sois pas si sûr, mais je m'en abstiendrais, pour le moment, le paiement me couterait plus que je ne saurais donner à l'heure actuelle.
Je me disais qu'elle bluffait sinon mon refus d'entendre ne l'aurait pas stoppée.
- Je vais devoir user de la force,
reprit-elle.
- S'il le faut.
Je sentis alors un sortilège fuser mais qui ne rencontra que le vide. Vous ne m'aurez pas ainsi, fis-je. Elle se retourna et je suis sûr avoir vu une certaine stupeur sur son visage mais elle se reprit très vite.
- Tu es rapide.
- Plus que vous ne l'imaginez.
- Je n'en doute pas.
Elle tenta divers sortilèges qu'elle avait en poche. Sort de zone ou ciblé sur ma personne, aucun ne fit mouche. Quoiqu'apeuré de m'opposer à une sorcière considérée comme maîtresse dans son art, je tirais une grande fierté de lui tenir ainsi tête. Je me téléportais, j'esquivais, je me camouflais si vite et si bien, parfois même avant qu'elle eu conscience de sa prochaine action, que je sentis son exaspération grandir. Mon action était purement défensive et je n'entreprenais aucune attaque. Si tel était le rôle du Gardien, Dworkin aurait à nouveau opter pour une peluche cracheuse de feu.
Elle enclencha une nouvelle clef, mais le sort ne m'étant pas destiné, je n'avais aucun moyen de l'empêcher. Je la vis briller un moment puis ce n'est plus une mais huit Fiona qui se tenaient devant moi. Je souris. Aisément peut-on imaginer la confusion chez un ennemi plus ordinaire. Les huit Fiona parlèrent d'une vois unique qui résonnait dans la clairière.

- Maintenant, comment vas-tu éviter mes attaques ? Je te laisse une chance, laisses moi passer.
Je fis non de la tête. Les huit silhouettes furent l'origine de huit sortilèges. Astucieusement Fiona décala d'une fraction de seconde chaque sortilège. Je ne sais si en vérité j'aurais pu tous les esquiver, mais j'ai su dés le départ que sept des huit n'étaient que des illusions et que par conséquent sept des sorts n'étaient évidemment que des illusions. Je me concentrais sur la vraie Fiona et évitait son attaque aussi aisément que les autres. Elle grogna.
- Tu es plein de surprise.
Elle annula ses illusions.
- Vous n'avez rien vu,
et je me transformais en corbeau et commençais à voleter au dessus d'elle.
- Mais après tout, je peux aussi bien passer de force et commencer ma traversée. Que ferais-tu pour m'en empêcher ?
Elle comprit que je ne tenterais rien contre elle.
- Physiquement, je ne peux rien, c'est vrai. Psychiquement, vous êtes bien plus forte, c'est également vrai. Mais une fois un pied sur la Marelle, que vous vaudrait la distraction d'un sale volatile tournoyant autour de votre tête ?
Elle fit la moue, réfléchit une seconde puis ajouta :
- Nul ne peut survoler la Marelle sans être détruit.
- Nul autre hormis dans ma position, croyez vous qu'elle détruirait son propre gardien ?
L'argument fit mouche et elle entra dans une profonde réflexion.
- Tu dois me laisser la traverser,
dit-elle en désespoir de cause, c'est une question de v…
- de vie ou de mort, je sais, toujours la même rengaine.
Elle se rendit compte de la maigreur de son argumentation.
- Je vais devoir alors user de ma proposition, je le crains.
- Dites toujours mais ne soyez pas trop déçu.
Je savais qu'elle n'avait rien à me proposer et qu'elle souhaitait gagner du temps. Grand bien lui fasse, j'ai l'éternité devant moi.
Elle hésita, ouvrit la bouche, la referma, réfléchit un moment. Je commençais à douter. Avait-elle vraiment une chose à troquer contre son droit de passage ?
Elle marmonna, j'entendis un "stupide animal", puis un "pas le choix" suivit d'un "le temps est compté". Je ne saurais dire si elle se parlait à elle même ou était en contact avec quelqu'un d'autre. Je ne percevais cependant rien en ce sens et elle n'avait pas d'atout en main.

- Bien,
dit-elle, voilà ce que je te propose : laisses moi passer et je retrouve ton maître.
Je restais coi un long moment. Mon maître ? Méréas ? Impossible !

- Il est mort, et si vous avez l'intention de me présenter une de ses ombres, je saurais faire la différence.
- Non pas, mais je reformule : laisses moi passer et je retrouve le cadavre de ton maître.

Aussi tentante fut sa proposition, je ne pouvais m'en satisfaire et la Marelle sait pourtant que j'aurais aimé récupérer son corps. Aussi j'ajoutais :

- Son cadavre et son coupable !
- Tu exagère.
Elle réfléchit. Mais je suppose que je n'ai pas d'autres options. Topes-là.
- Il me faut plus que votre parole.
Elle s'énerva.
- La parole d'une fille d'Ambre est sans doute la chose la plus sûre que tu pourras jamais obtenir !

Je sus qu'elle disait vrai et je me demandais à ce moment quelle était son urgence au point d'accepter si facilement un prix si lourd.

- Tu peux passer.
Sans autre mot elle s'avança vers l'entrée et posa le premier pied sur la ligne étincelante.

Elle était déjà bien engagée quant j'entendis un raclement de gorge venant de la caverne. Une voix murmura :

- Quel piètre gardien, d'abord Ian puis Fiona.
- Le premier fut une erreur de faiblesse de sentiments, cela n'arrivera plus, la seconde offre un prix qui vaut bien un passage.
- Et qui te dis qu'elle ne fait que passer ?
- Que peut-on faire d'autre ?
- Beaucoup. Et tout cela sur sa simple parole.
- Elle a promit, mais après tout je ne suis qu'un chat, que puis-je demander de plus qu'une promesse.
- Je lui ferais la tenir alors.
Et Dworkin disparu.

Je reportais mon regard sur la Marelle. Fiona était quasiment au centre. Je ne pouvais bien sur pas imaginer les difficultés qu'elle avait rencontrées. Une fois en son centre, je m'attendais à la voir disparaitre mais elle resta un moment sans bouger.
Elle prenait du repos ce qui voulait dire que là où elle irait, l'action ne manquerait pas. N'ayant plus rien à faire, je retournais dans ma grotte pour n'en ressortir que bien plus tard. A ma grande stupeur Fiona était toujours au centre de la Marelle, irradiée de lumière. On aurait dit qu'elle puisait de l'énergie de l'Artefact. Je ne pensais pas cela possible et une fois de plus Dworkin eut raison.
Je ne savais quoi penser. Je m'assis aux abords des traits de lumières qui pulsaient à l'unisson avec l'énergie de Fiona. Puis tout s'éteignit et la Marelle retrouva sa luminosité normale. Fiona était en sueur, elle haletait.

- Que faites-vous ?
criais-je.
- Rien que tu ne dois savoir,
fit elle, un léger sourire aux lèvres. Mais je serais ravie si tu voulais bien me faire la conversation.
Je fus surpris de la demande.

- Mon repos risque de durer,
expliqua-t-elle.
- Soit. Et de quoi voulez vous parler ?
- Comme tu le sens.
- Bien, comment allez vous vous y prendre pour retrouver le corps de mon maître ?

Elle paru offusquée.

- Ecoutes je t'ai dis que je le retrouverais, inutile de me le rappeler ni même de tenter de me culpabiliser.
- C'est vous qui m'avez offert le choix de la discussion.
Elle souffla.
- Dworkin déteint trop sur toi. Parlons famille. As-tu croisé récemment de mes frères et soeurs ?
- Flora est passée, mais elle n'a pas traversée.
- Flora ? Curieux, personne d'autre ?
- Non, aucun de vos frères et pas une autre de vos soeurs.
Ce qui n'était pas totalement vrai, ni totalement faux, Ian n'étant ni son frère, encore moins sa soeur.
- Bien, comment va Dworkin ?
- Il va, il vient. Des nouvelles de l'épidémie ?
Je souhaitais changer de sujet, si Dworkin voulait qu'on parle de lui, il aurait fait surface à la cours.
- Elle se répand, nos médecins sont dépassés et personne ne semble entrevoir une solution viable.
- Mon maître était un biologiste de talent et un alchimiste hors pair, il aurait trouvé une solution.
- J'avoue que son aide nous aurait été précieuse. Excuses moi, veux-tu.

Puis elle se rechargea d'énergie. Elle paraissait tel un soleil. J'avais envie de retourner à la grotte afin de prévenir Dworkin mais je savais qu'il s'était absenté, je ne sentais plus sa présence.
Avait-il deviné les réels intentions de Fiona ? Il la connaissait bien pour l'avoir formée.
L'opération dura quelques minutes et Fiona me réadressa la parole.

- Il faudra songer à installer une chaise et une table,
plaisanta-t-elle. Je comprends mieux les cartes.
- Hu ?
- Quant je t'ai tiré le tarot, je n'obtenais aucun résultat et j'en était la première surprise. Mais j'ai ma réponse, la Marelle avait déjà jeté son dévolu sur toi, aussi prêt de la source de réalité, les atouts n'ont plus leur pouvoir de divination.
- Je crains de ne pas comprendre mais peu importe, ce que vos faites n'endommage pas la Marelle au moins ?
- Et même si c'était le cas, pourrais-tu y faire quelque chose ?
- Certes non mais ma conscience serait soulagée de savoir.
- Non.
- Tant mieux, merci.
Je commençais à me dégourdir les jambes en faisant le tour de la Marelle. Fiona retourna dans une phase lumineuse. Pour tout avouer, je ne savais même comment définir le phénomène.
Cette fois cela dura plusieurs dizaines de minutes, un peu plus de vingt. Fiona était exténuée, j'ai crains alors pour sa vie. Elle était pâle et à bout de force.

- Vous devriez cesser,
fis-je.
- Ne t'inquiètes pas pour moi, j'ai encore des ressources.
Sa voix était menue et sifflante. Elle se tenait les genoux, courbait le dos et respirait avec peine. Ses cheveux si parfaitement coiffés à son arrivée n'étaient qu'un champs de bataille capillaire.
- Je me demandais, les habitants d'Ombre ont-ils une réelle existence ?
Elle leva la tête et un large sourire se dessina. Elle s'assit. Manifestement je l'avais lancé sur un sujet qu'elle devait considérer comme passionnant.
- Et bien,
commença-t-elle, il est clairement définit qu'ils ont une existence sur l'ombre où ils vivent, mais je sens que ta question est plus profonde. Si l'on considère que Ambre est le siège de la réalité et que les ombres n'en sont que le reflet, alors les habitants d'Ombre ne sont que les reflets des habitants d'Ambre. Mais un reflet peut il avoir une existence propre ? Je dirais que cela dépend du point de vue philosophique adopté. Quoiqu'il en soit, on peut les toucher, les tuer, les aimer ou les faire souffrir, donc oui, ils sont aussi réels que possible.
- Nombreux princes les considèrent comme moins que rien, de la chair à canon, des éléments jetables. Et vous ?
Elle resta pensive un moment.
- Je dirais qu'en tout lieu, on peut déceler une perle. Certes elle ne vaudra jamais celles d'Ambre mais certaines méritent que l'on s'y intéresse.

Nous débattîmes un long moment sur l'importance des ombriens. J'avais des arguments solides pour avoir étudier longuement le sujet et je crois avoir lancé plusieurs pistes de réflexions pour l'experte. Sa voix se fit plus gaie et elle prenait plaisir à discuter avec moi. Je songeais à tout le chemin que j'avais parcouru depuis ma renaissance sur la Marelle. Fiona se releva et une fois de plus elle s'irradia de l'énergie la Marelle. Je me questionnais sur ses objectifs qui dépassaient certainement ceux d'un simple chat. Etais-je un si mauvais gardien ? Deux princes viennent ici et je les laisse passer. Mais n'ont-ils pas reçu comme héritage le droit de passage justement ? Après tout, aucun étranger n'est venu tenter la traversée.
J'attendis quelques minutes avant de me décider à rentrer dans la grotte. Je ne pouvais rien pour Fiona, ni l'aider, ni l'empêcher d'aller au bout de son entreprise. Certes elle était une des rares personnes avec qui je souhaitais réellement discuter mais dans sa position, la conversation était fort limitée. Je la remettais donc à plus tard.
C'est l'esprit troublé que je m'endormis sur un coussin de lin qui était à force devenu mon coussin de lin.



Dernière édition par Saisei le Mar 2 Nov - 18:00, édité 1 fois
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