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Nyx - Chapitre VII

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Message  Saisei Mer 17 Nov - 14:06

Les rêves sont le reflet de l'inconscience de l'être. Les miens ne sont que le reflet d'une folie contractée au contact de Dworkin et de sa Marelle. Je me lève et m'étire, mes poils s'hérissent. Plusieurs heures sont passées depuis la visite de Fiona et Dworkin n'a pas réapparu. Je ne m'inquiète pas, ses absences sont souvent prolongées. Je passe le temps par le jeu et la lecture. J'essai au mieux d'ignorer l'ennui et la lassitude de l'endroit mais de plus en plus cette tâche s'avère difficile. Les souvenirs remontent; les balades avec mon maître, les voyages inter ombres, les dangers, les joies et les peines. Tout cela a disparu et même la Marelle pourtant si somptueuse, si radieuse me parait de plus en plus fade. Je lui dois d'être en vie mais le coût, je m'en aperçois aujourd'hui, est cher payé.

Je sors de la caverne et c'est en corbeau que je viens me percher au dessus de l'entrée. Je la regarde et comme à chaque fois, j'ai l'impression qu'elle me salue en augmentant imperceptiblement sa clarté.
Suis-je surpris lorsque soudain je vois un autre corbeau émergé de l'Artefact et venir voleter jusqu'à moi ? Oui et non. Je vois, je sens le tramage de sa structure, les fils de fer qui composent sa silhouette le tout revêtu d'une belle illusion en plumage noir. Ce corbeau est moi, ou plutôt mon spectre. La vraie question est : que vient-il faire ici ?
Puis, comme s'il a deviné mon interrogation, il me dit :


"Ainsi tu t'ennuis.
- C'est peu dire.
- Tes lectures, ton nouveau savoir ne te suffise pas ?
- Un peu de variété serait la bienvenue.
-Je peux devenir ton maître, comme avant.
-Tu n'es pas lui, tu n'es pas moi, tu es une copie.

Il parait triste.
-Ce n'est pas juste. Certes je ne suis qu'une création mais je suis doté de ton esprit et je sais ce que tu ressens, ce qui te manque.
-Hum.
-Que dirais-tu d'une histoire pour passer le temps ? ou d'un jeu ?

Jamais mon moral n'a été si bas, même mon double me connait mal.
-Va pour l'histoire, dis-je en désespoir de cause.

- Il était une fois, commence-t-il, un être appelé Djum.

*Djum vivait un monde radieux, paisible et loin de toutes les guerres que connaissaient les mondes voisins. Djum, comme ses compatriotes était de la race des Gynoroptères, une espèce de géants aux huit bras, quatre jambes et au torse épais sans cou. Sa tête était plate ornée de nombreux tatouages, ses yeux, les quatorze, étaient d'un vert émeraude étincelant et regardaient dans toutes les directions. Chose que seuls ses trois cerveaux pouvaient rendre possible. Ses jambes se terminaient par une base plate sans pieds, juste une assise de peau rugueuse. Il marchait lentement mais ses enjambées étaient si grandes qu'il fallait courir à ses cotés pour ne pas le perdre. Ses bras musclés pouvaient porter à eux seuls chacun un rocher de plusieurs tonnes.

Il était fort heureux pour leur voisin que les Gynoroptères étaient pacifiques et que leur taux de natalité était proche du zéro. Hermaphrodite, chaque individu pouvait enfanter seul, sans accouplement mais il ne le faisait qu'une seule fois dans leur vie peu de temps avant leur mort. Le jeune né était suffisamment "équipé" pour vivre seul. Quelques exceptions avaient permis à ce peuple étrange de gagner en population au fil des siècles. Ces exceptions consistaient à chaque fois en la naissance de jumeaux.
Djum était l'enfant de Djim enfant de Djom enfant de Djam enfant de Djem enfant de Djum, ainsi de suite. Leur mémoire était ancestrale et héréditaire. Chaque enfant possédait la mémoire de son père et donc de son grand père, de son arrière grand père…

Djum connaissait tout ce qui s'était passé dans son pays depuis la naissance de celui-ci. Aucun détail ne lui échappait. Il connaissait chaque arbre par son nom, chaque fleur, chaque graine. Et leur père et mère, grand père et grand-mère etc.
Il avait un ami, un vieux saule. Ce saule était connu par le sobriquet de "vieille branche". Cela le faisait beaucoup rire. Lui et Djum passait des jours et des semaines à parler, à chanter au vent, à dormir au gré des étoiles. La vie était belle pour les Gynoroptères.

Bien sûr cela ne pouvait pas durer et un pays voisin plus entreprenant, fier de sa technologie se mit en tête d'annexer le pays de Djum et soumettre les Gynoroptères. La guerre éclata et les rochers firent face aux canons, les troncs aux explosifs, la peau rugueuse au métal. Aussi grands et forts soient les Gynoroptères, ils ne firent pas le poids et furent décimés. Leur faible nombre ne leur laissa hélas aucune chance de survie et tous furent traqués et tués à l'exception de Djum.
Ce dernier était en fuite, poursuivi par des engins monstrueux pilotés par des êtres encore plus monstrueux. Il courrait aussi vite que ses membres rigides le permettaient. Il lançait par désespoir et au hasard tout ce qui lui tombait sous les mains, rochers, troncs d'arbre, terre, sable. Ses poursuivants n'avaient aucun mal à éviter ses projectiles si imprécis et ne tardèrent pas à l'acculer dans sa petite vallée.
Djum se réfugia derrière vieille branche et lui chuchota :


"C'en est fini de moi et de mon peuple.
- Pas encore, fit l'arbre, mes racines vont bien plus loin que le sous sol de ce monde, elles vont et viennent à travers des milliers de sols, elles parlent à d'autres racines, à d'autres arbres et je puis te faire échapper.
- Echapper mais par où ?
- Ais confiance mon ami.

Et l'écorce de l'arbre se fissura laissant apparaitre une ouverture. Les obus commencèrent à pleuvoir et atteignirent en plusieurs endroits vieille branche. Ce dernier gronda mais ne céda pas. Ses feuilles en feu, ses branches brisées donnèrent la nausée à Djum.
- Mais toi, fit-il ?
- Je repousserais, ici ou ailleurs, va maintenant.

Une dernière explosion toucha Djum, le blessant mais il put s'engouffrer dans l'ouverture alors assez large. L'écorce se referma et Djum ne sut jamais ce qu'il advint de son ami.
Son voyage fut étrange et il navigua le long des racines, traversant la terre, la glaise et l'argile sans mal. Il ne put dire combien de temps dura ce voyage mais il savait que c'était plus que trois vies de Gynoroptère. Cela faisait de lui non seulement le dernier de sa race mais aussi le plus vieux. Sa blessure se cicatrisa mais hélas elle avait endommagée sa matrice reproductrice. Il serait bien le dernier, définitivement.
Lorsqu'il ressorti de terre, sa peau avait pris la teinte du sol, il trouva cela joli. Il regarda autour de lui et ne vit rien qu'une large plaine et un arbre. Il se tourna vers lui et lui dit:


"Hello, ami, sais-tu ce qu'il est advenu de vieille branche ?
L'arbre s'ébroua et répondit.
- Il a survécu et a poussé ailleurs.
- Tant mieux, fit Djum, où est-on ?
- A la frontière des mondes, fit l'arbre, je suis Ygg, le gardien.
- Enchanté Ygg, mais de quels mondes parles-tu ?
- d'Ambre et des cours du chaos.

De sa mémoire ancestrale, Djum connaissait les cours du chaos, mais jamais il n'avait entendu parler d'Ambre.
- Et qu'est-ce qu'Ambre ?
- Si tu ne le sais pas, je ne peux te le dire, répondit Ygg. Mais si tu le souhaites, tu peux aller, c'est par là.


Et Djum prit la route après avoir saluer l'arbre.
Il arriva en Ambre et découvrit avec joie l'ordre des choses qui y régnait. La montagne était splendide, la mer resplendissante et la grande forêt accueillante. Oui, se dit-il, c'est un bel endroit pour vivre. Et il s'installa. Mais il ne se passa pas une journée sans qu'il eu la visite d'un étrange individu. Petit, bossu, le menton en pointe et mal apprêté. Djum eu pitié pour cette bête si famélique.


- Que viens tu faire ici, lui lança le vieillard.
- Vivre, répondit simplement Djum.
- Tu ne peux pas t'installer ici, ce n'est pas chez toi, retournes auprès des tiens.
- Mon monde n'est plus, je suis le dernier, laisses moi mourir ici, je ne dérangerais rien.
- Non, les temps sont troublés et la guerre va éclater, tu ne seras pas tranquille ici.
- Encore une guerre ? Quant cela cessera-t-il ? Les pensants ne peuvent-ils s'accommoder de ce qu'ils ont sans jalouser les terres voisines ?
- Ce ne sont pas les terres qui posent problèmes mais ma création. Ils veulent la détruire.
- Une création ? Je serais curieux de voir cela.


Djum et son peuple ont toujours vécu simplement au contact de la nature. L'artisanat n'était pas dans leurs mœurs et les seules créations qu'il ait vues furent les engins de mort qui l'ont chassé. Voir une création sans devoir fuir, l'étudier, la contempler l'interpellait plus que la prudence ne saurait l'admettre.

- Soit, mais après tu partiras.
Et le vieil homme conduisit le géant. Ils arrivèrent sur une petite plaine, surplombée d'une colline sur laquelle poussait un bosquet. Derrière le bosquet paissait une licorne. Djum s'arrêta et contempla l'animal. Il avait souvenir d'une licorne dans les mythes et légendes sur les origines des mondes et se demandait si elle en était une lointaine cousine.
Mais l'interrogation s'évanouit lorsqu'il aperçu, tracée sur le sol, la Marelle. Elle avait naquit il y a seulement quelques heures mais déjà ses ondes avaient propagé leurs reflets à travers le tissus d'Ombre. Stupéfait, il se laissa choir et se retint de justesse en s'appuyant sur la caverne qui jouxtait l'artefact.
Djum tomba immédiatement amoureux de la puissance.
Il se jura de la protéger jusqu'à sa mort et fit part de sa décision au nain.
Ce dernier voyant qu'il ne pourrait se défaire du géant si facilement accepta et Djum devint ainsi le premier gardien de la Marelle.*


Je regarde mon autre moi avec suspicion. Chaque légende a son lot de vérité mais je considère son histoire comme abracadabrante et pleine d'incohérences. Toutefois je devine facilement la morale à en tirer et ne suis qu'à moitié d'accord avec celle-ci.
Je dois à la Marelle ma vie, mon existence mais de là à en tomber amoureux !
Mon miroir devine ma pensée et dit :


- Djum tomba amoureux de la Marelle mais pas de manière charnelle, sa nature ne le permettait pas. Mais un lien très fort les unissait. Il ne faut pas concevoir l'amour tel que les humains, ces ombriens que nous avons longtemps fréquenté, le conçoivent.
- Laisses tomber, je sais très bien ce que je lui dois. Je me suis promis de la protéger car tel est le prix mais ca s'arrête là.
- Je suppose qu'elle va devoir faire avec.
- Comme si ca la dérangeait tant que ça. Après tout, des gardiens, c'est pas ça qui manque. Et puis Djum, si réellement il a existé, n'a sans doute pas eu les mêmes sentiments en retour. Un amour a sens unique. En psychologie cela s'appelle du masochisme.


Et mon double pose sa patte sur la roche et l'en retire. Je constate à cet endroit une marque profonde, comme si quelque chose avait enfoncé la roche. Je prends un peu d'altitude et sans être franc, on peut deviner le contour d'une main gigantesque à trois doigts. Mais cela peut tout aussi bien être une formation naturelle tant l'érosion dissipe le tracé.
Je trouve cela un peu facile.

Mon regard se perd dans l'horizon et j'écoute d'une oreille distraite mon spectre déblatérer sur l'intérêt et l'importance de mon rôle. Il me conte une nouvelle fable que je ne retiens pas, m'en explique la morale que je ne comprends du coup pas. Mes pensées vagabondent et comme d'habitude retombent sur mes aventures avec Méréas.

Mais c'est toujours notre séparation qui finit par l'emporter. Ce souvenir me hantera jusqu'à la fin de mes jours. Dois-je me maudire de l'avoir ainsi laissé, abandonné ? Nous ne pouvions pas prévoir et étions sur nos gardes, l'ennemi était seulement trop fort pour nous.
Je ne regrette rien mais la douleur est bien là.


- Eh Ho ! Mon double me sort de ma rêverie. Tu m'écoutes ou je parle pour des prunes ?
- Un peu des deux, marmonné-je.
- Pas très flatteur. Répond-il.
- Tu es bien placé pour savoir que tout flatteur …
- …vit au dépend de ceux qui l'écoutent, ha ha ha, très drôle,
ironise-t-il.
Surtout pour un corbeau pensais-je.

- Je disais donc, reprent-il, qu'il est l'heure pour moi de te laisser. J'espère, Elle espère, que notre moment t'a distrait.
- Moui, fis-je non convaincu, remercie la pour moi.
- Déjà fait,
émet-il alors que sa structure s'évanouissait. L'instant d'après il ne reste rien de lui.

Les jours, que dis-je, les semaines qui passent sont aussi mornes et lassantes qu'il est humainement possible de l'être. Je sais que Dworkin passa deux fois durant mon sommeil, il dérangea quelques affaires, en prit quelques autres et laissa un dessin étrange sur la table ainsi qu'une petite bouteille. Loin d'être un atout, le parchemin ne recèle aucune magie, aucune énergie. Le dessin est magnifique, les détails infimes innombrables, les couleurs chatoyantes, et pourtant ca ne ressemble à rien. Mais je l'aime. Je ne sais si Dworkin m'en tiendra rigueur mais je cache son œuvre, pour moi.
La bouteille contient un liquide rose pâle et porte une petite étiquette écrite en thari : "Chose promise, chose due."
Ne sachant si elle m'est destinée, j'estime que oui et après l'avoir téléportée à coté de mon écuelle, j'en renverse le liquide et le bu. Cela ne me fait ni chaud ni froid et ne comprends pas l'utilité du produit. Je me suis surement trompé quant au destinataire de la bouteille et risque donc une réprimande.

J'oublie l'incident assez vite mais pas le dessin sur lequel je reviens chaque soir. Il est fascinant. Plus je le contemple plus je découvre des détails, des traits nouveaux, des formes inédites. Il ne change pourtant pas, mais je comprends que c'est là un chef d'œuvre. Il prend une nouvelle signification selon l'heure, selon votre humeur, selon le bruit. Il ne représente pas une chose mais des milliers à la fois. Dworkin a du y passer des mois. Honteux, je finis par le remettre sur la table.
Frisson dans le cou, quelqu'un arrive.
Je sors de la caverne et ne vois personne. Je concentre mes sens ainsi que ma perception extrasensorielle et perçois que la personne est déjà dans la grotte.
Je m'y rue et vois Fiona assise sur une chaise.


"Décidemment on ne peut vraiment pas te surprendre Nyx.
- Bonjour Princesse Fiona, encore là pour la Marelle ?
- Non pas cette fois. Dworkin est là ?
- Non, je ne l'ai pas vu ces derniers jours et suis bien incapable de te dire quant il sera de retour.
- Dommage, tant pis, bien je n'ai plus rien à faire ici alors.


Elle me regarde d'un air étrange avant d'ajouter.
- Tu as quelque chose de changer. Il te manque … un organe.
- Quoi ?
Je me regarde attentivement et ne constate rien de tel.
- C'est une image Nyx, mais on t'a retiré quelque chose.
Je décide de passer outre, après tout je n'avais subis aucune intervention chirurgicale et me sens en pleine possession de mes moyens.
- Vous avez réussi votre entreprise, la dernière fois ?
- Plus ou moins mais avec un penchant pour le plus.

Je ne lui fais pas l'affront de lui répéter sa promesse.
- Bien, content que vous en soyez sortie saine et sauve.
- Et moi dont ! Je dois te laisser, le temps est précieux pour Ambre.
- Et ennuyeux ici…

Elle rit et disparait grâce à un atout qu'elle a sorti de son bustier. Je ne peux m'empêcher de songer à sa remarque à propos de mon organe manquant. La bouteille, le liquide ! Il y avait bien eu réaction mais quoi ? J'entreprends de tester tous mes pouvoirs mais aucun ne manque à l'appel. La question me taraude l'esprit jusqu'à mon sommeil.
Saisei
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