Re: L'antichambre d'Ambre (Sance)

**Maitre de Jeu** Jeu 8 Avr - 16:37

Delwin essaie de progresser plus vite dans cette période qui suit un rugissement. Sans pouvoir leur donner une fréquence exacte, jusqu'ici, vous avez pu compter sur près d'une dizaine de minutes de tranquilité entre chaque déferlante. Les mains de Delwin qui caressent la paroi doivent être à même de reconnaître toutes ses imperfections et tu te dis qu'il n'a sans doute pris la torche que pour toi. La réponse à ta question se fait attendre, mais fini par arriver.

"Elles viennent de celui que nous protégeons, en punition des actes de ton grand-père. Il est en sommeil, ou ce qui s'en approche le plus, et ce sont les soubresauts de sa conscience surpuissante qui provoquent tes crises. Bientôt tu n'y seras plus sensible."

Une descente, ou plutôt une glissade dans un conduit perclus d'humidité, vous mène dans une partie manufacturée de la grotte. Rapidement, la pierre brute fait place à de la maçonnerie. Delwin plonge la torche dans une flasque d'huile qui enflamme des petits canaux situés sur les murs. C'est un temple ancien qui se révèle à toi par l'embrasement de l'huile. Un temple chaosien à n'en pas douter au vu des êtres représentés sur les fresques.

Sance Jeu 8 Avr - 23:14

Mon souffle est à nouveau court, et mes jambes vacillent légèrement. Mais cette fois, ce n'est pas l'effort ou la fatigue qui en sont responsables... mais les paroles de mon père. Car il n'a jamais été aussi près de répondre à toutes ces questions que je lui posais en vain quand je vivais ici...

* Les actes de mon grand-père, qui ont amené mon père d'Ambre jusqu'ici, et qui m'ont fait naître dans ce monde entre les mondes... *

J'observe les fresques au style antique, représentant des êtres fabuleux, tantôt hommes, tantôt démons, dans des attitudes de prières ou d'invocations. Je frémis en pensant au genre de sacrifices qui pouvaient être accomplis alors... Le tracé me semble bizarrement familier, sans que j'arrive à comprendre vraiment pourquoi. Aurais-je déjà vu ces peintures, ou des dessins similaires, au fil de mes voyages ?

Je finis par me tourner vers Delwin, espérant que cette fois, mes questions ne seront pas ignorées purement et simplement:

- Ce lieu était-il autrefois destiné à honorer celui dont je ressens la psyché malgré moi ? Qui est-il ? Et s'il est si puissant, pourquoi nous faut-il le protéger ?

**Maitre de Jeu** Ven 9 Avr - 9:59

Delwin continue d'avancer vers le coeur du temple, un large trou noir dans le sol. Une corde pend sur le côté.

"Nous allons attendre son prochain sursaut avant de descendre. Cela serait trop risqué autrement. Assieds-toi sur les marches."

Il t'indique des margèles situées à cinq mètres du trou béant. Delwin prend un tabouret fort ancien et s'assied près de la corde. Sa position n'est pas innocente, car le danger le plus grand qui puisse ariver lors d'une crise soit que tu te jettes dans le trou. L'huile en feu en est un autre.

"Plus qu'honnorer, il s'agissait de vivre, de communiquer, d'aimer. Les Shroudlings ont toujours vécu leur présence entre les Ombres comme une chance, un honneur. La Trinité, père de famille et esprit communiquant, transférait à sa Puissance ce qu'il voyait dans les Ombres par les miroirs. Ils attendaient patiemment les signes qui scelleraient leur réveil.

Jusqu'à ce que la folie et la haine de certains ne vienne tout gâcher."

Le sol vibre, juste avant que la vague psychique ne déferle du trou et ne t'emporte dans les limbes d'un esprit supérieur. Cette proximité devait sans doute plonger les initiés en transe et tu ne pourras plus tard t'interroger sur ce qui les maintenait en vie.

Cette fois, c'est la douleur qui te ramène à toi. Celle de la torche éteinte que ton père applique sur ton épaule. Tu en garderas sans doute une marque de brûlure pendant plusieurs semaines.

"Ne traînons pas, tu es resté longtemps en transe."

Longtemps ? La prochaine vague pourrait-elle arriver durant la descente ?

Le temps que tu te remettes sur pied, Delwin a déjà fait tourné la corde autour de son fessier, afin de descendre dans le puits avec un minimum de sécurité. Il t'attendra en bas.

Sance Sam 10 Avr - 0:52

Puissance, Trinité... des mots que j'avais espéré entendre de la bouche de mon père, sans vraiment oser le croire. Me voici donc si proche de ces énigmes qui m'ont tant agité, et dont j'ai cherché la solution jusqu'au bout de l'Univers...

* Au point de demander à Darla de m'aider dans mon enquête ! *

Mais à ces mots tant attendus s'ajoutent d'autres, inconnus. Shroudlings ? Des êtres liés au Chaos ? En tout cas, la description de mon père m'a donné envie de les rencontrer... s'ils existent encore.

* Vivre, communiquer, aimer... Une belle philosophie. Que s'est-il passé ? *

Mon épaule me brûle. Delwin m'inflige le sable, l'eau, le feu. Dans quel état vais-je finir ce voyage, si seule une souffrance croissante peut m'éviter d'être submergé par cette conscience supérieure ? Alors que mon père descend dans ce puits étrange, je tente de comprendre comment cet esprit pénètre en moi. Ne pourrais-je sentir la vague d'images lorsqu'elle gronde et s'approche de moi pour mieux laisser ma conscience nager à sa surface, plutôt que de me retrouver noyé sous le déluge de sensations ?

Quand la corde se détend, libérée du poids de mon père, je constate que je ne peux pas descendre aussi simplement que Delwin. Si jamais j'étais touché par l'esprit pendant ma descente, je lâcherais immédiatement la corde. Et après la chute, que resterait-il de moi ?

- Je descends, Père.

Je passe la corde autour de mon épaule selon un noeud élaboré que j'ai appris sur les vaisseaux de Knockany. Puis je passe la corde sous mon corps selon la technique de Delwin avant d'entreprendre ma lente descente selon un rythme à trois temps : desserrer l'étreinte du noeud autour de mon épaule, laisser mon corps s'abandonner à la gravité, s'arrêter quand la corde emprisonne à nouveau mon bras.

Si jamais je perdais conscience, le noeud se resserrerait autour de mon épaule et m'immobiliserait. Une manière certes douloureuse d'arrêter ma chute -- mais n'est-ce pas la douleur justement qui me libérerait d'une transe éternelle ?

**Maitre de Jeu** Lun 12 Avr - 9:22

Tu glisses dans les profondeurs d'un puit fait de sable solidifié par une forte chaleur, au point de refléter de manière chaotique la lumière venant du temple. Il n'y fait pas assez clair pour y voir correctement, mais pas assez noir pour s'y sentir aveugle. En bas, la lumière d'une torche éclaire le visage de ton père.

Il te laisse prendre pied sur un sol vitrifié, lâchant la corde lorsque tu te trouves trop près de lui. La grande pièce, sorte de grotte de silice, où vous vous trouvez baigne d'une énergie qui te fait dresser les poils sur tout le corps. Une respiration lente, feulement contenu, fait battre ton coeur à l'inverse de son rythme respiratoire. Est-ce dû à l'excitation ou à l'énergie dégagée par l'être ici présent, tu ne saurais le dire.

Delwin s'avance vers le fond de la grotte, éclairant mieux la masse ocre qui s'y trouve. Tu distingues alors seulement les pattes puissantes posées à plat, sur lesquelles reposent une tête couchée à la crinière de la couleur d'un feu de braise. La vue de ses muscles saillants feraient reculer n'importe quel guerrier habitué des champs de bataille, mais Delwin s'en approche, passant presque sa main dans sa crinière.

"Sance, voici le Lion, l'une des onze puissances endormies à l'aube des temps."

Sance Lun 12 Avr - 10:46

Souffle coupé, j'observe mon père si calme auprès de l'être immobile, dont l'essence dépasse clairement ce que j'en perçois par mes simples sens. Son comportement me semble étonnamment naturel en présence de ce qu'il appelle une Puissance... une Puissance dont le nom-même me ramène à mon propre patronyme. Sance Lyonnesse. Je demande à voix basse :

- Père, quel lien avons-nous avec ce Lion ?

Le Lion... Dans la voix de Delwin, j'entends un respect qui me rappelle celui reservé à deux autres animaux, l'un en Ambre, et l'autre dans les Cours. Le feulement qui se réverbère dans la pièce rythme toujours mon coeur qui sinon s'affolerait, lorsque je continue :

- Ces onze Puissances, sont-elles semblables au Serpent, à la Licorne ? Et que s'est-il passé jadis pour qu'elles soient plongées dans le sommeil ?

**Maitre de Jeu** Lun 12 Avr - 11:45

Delwin sort de sa poche une cuillère de bois, s'agenouillant devant le Lion pour se mettre à la hauteur de sa gueule.

"Le Serpent à toujours été à part des autres puissances, mais Il est l'équivalent de la Licorne. Son histoire est trop longue pour être contée ici. J'en suis désormais sa Trinité, bien que je ne puisse réellement revendiquer ce nom. En tout les cas, je suis celui qui peut tenir ce rôle pour le garder en liaison avec les Mondes. Tu lui dois aussi une part de ta vie, lorsqu'il a s'agit de regénérer une famille de Shroudlings. Puissance Lion Est"

Il pose sa main sur le front de l'animal, semblant un instant en communication avec lui, avant de placer sa cuillère en bois dans sa gueule, récoltant la bave qui se trouve dans ses glandes endormies. Il sort ensuite l'objet avec précaution, un liquide gluant jaunâtre à l'odeur forte se tenant avec difficulté dessus. Il te le tend.

"Tiens, cela te sauvera."

L'avaler demandera une dose de concentration et d'abnégation importante. Delwin se relève tout en restant près de la Puissance endormie.

Sance Lun 12 Avr - 23:01

Je n'arrive pas à comprendre l'intégralité du discours de mon père. Il serait devenu... l'intermédiaire de cette Puissance ? Par quel moyen ? A-t-il ainsi des contacts avec ces Shroudlings, quels qu'ils soient ? En quoi ma vie est-elle liée exactement avec le destin d'êtres que je n'ai jamais rencontrés et qu'il fallait sauver ?

Trop de questions... et les actes qui ponctuent les paroles de Delwin ne font qu'augmenter mon incrédulité. Un remède universel, cette espèce de chose gluante ballottant dans une cuillère ?

* Sance, as-tu donc si peu confiance dans les hommes, que tu te méfies de ton père ? Rien ne l'obligeait à t'amener jusqu'ici, et à lever le voile sur des énigmes que tu pensais à jamais obscures à tes yeux. Alors, pourquoi mettre en doute sa parole à présent ? Qui sait depuis combien de siècles Delwin traite avec cette Puissance ? Qui penses-tu donc être pour mettre en doute ce qu'il t'affirme ?

Je me concentre sur le rythme régulier de mes inspirations et expirations, profitant de chacune d'entre elles pour prendre progressivement le contrôle conscient de ma bouche, de mon palais, de mon larynx... Lorsqu'enfin je sens mon corps soumis à ma volonté, je ferme les yeux et avale d'une bouchée le contenu de la cuillère, oubliant tout ce que j'ai vu ou éprouvé jusqu'ici pour en ne conserver en mémoire que les paroles de mon père.

* Cela te sauvera ! *

**Maitre de Jeu** Mar 13 Avr - 11:58

Malgré ta concentration, il te faut faire bien des efforts pour avaler ce qui ressemble à une huître chaude. Une pointe de citron n'aurait pas été de trop.

Lorsque la bave de Lion descend dans ton oesophage, tu réprimes une envie de vomir, juste avant de sentir une chaleur commencer à iradier de ton ventre. C'est une chaleur bienfaisante, qui réchauffe et rassure, qui te fait rapidement oublier la difficulté avec laquelle tu viens de déglutir.

Mais ce moment de plénitude est fugace, car rapidement la chaleur devient brûlure et douleur. Tu as l'impression que tu fonds de l'intérieur, mais tes mains posées sur ton ventre, cherchant les traces de ton auto-combustion, ne trouvent rien. Tu voudrais crier, appeler ton père à l'aide, mais seule de la fumée sort de ta bouche.

Delwin reste à bonne distance, avec un regard désolé.

Tu as l'impresion que toute l'eau que contient ton corps s'évapore, perlant de toi pour ne laisser qu'une coquille vide et sèche. Mais les gouttes que tu expulses sont toutes d'un vert sombre. La bave du Lion fait le ménage de ta maladie, chassant le venin du Serpent.

La tête te tourne et tu finis d'attendre ta mort ou ta renaissance prostré au sol en position foetale.

Tu perçois de loin un nouveau soubresaut du Lion, mais cette fois tu n'es plus investi par son esprit, simplement rassuré par sa présence, comme un enfant aime savoir que sa mère se trouve près de lui dans son sommeil.

Une éternité plus tard, la douleur a disparue, après avoir brûlé chaque parcelle de ton corps. Ta respiration se fait plus régulière et Delwin vient te soutenir afin de te remettre debout. Il te propose de boire dans sa flasque, ce que tu fais avec empressement avant de remarquer qu'il s'agit d'un alcool fort. Quelques gorgées et quintes de toux plus tard, tu sens une énergie nouvelle circuler en toi, cette eau de vie porte bien son nom.

Delwin te laisse marcher seul, te proposant cette fois une outre d'eau simplement désaltérante.

"Viens, nous allons le laisser se reposer. Il est encore trop tôt pour son réveil, tout n'est pas encore prêt."

Ton père se dirige vers la corde et la maintient droite afin que tu puisses y grimper plus facilement.

Sance Mar 13 Avr - 15:46

Je secoue la tête, incrédule, tout en marchant à pas lents. Je passe ma main sur mon visage, dans mes cheveux, le long de mon épaule, comme pour me convaincre de l'existence de mon corps.

* Vivant ? Non, mieux que cela ! Guéri ! *

Je souris tout en me sentant à la fois fatigué et régénéré... Une sensation étrange. Mais y a-t-il une seule sensation ici qui n'ait pas défié le sens commun, depuis que je suis revenu dans cet univers que je croyais familier et qui ne cesse de me surprendre ?

Alors que je m'approche de Delwin, je m'incline, en joignant les paumes de main devant le visage. Ma voix est légèrement rauque, enrouée par le sable du désert, abîmée par les affres de ma guérison, mais surtout nouée par l'émotion, lorsque j'énonce simplement:

- Merci, Père.

* Merci de m'avoir sauvé... Merci d'avoir été là, encore une fois, comme si souvent, auprès de votre fils. *

Un silence, solennel, émouvant, règne pendant quelques instants. Puis je me décide à remonter le long de la corde. En étudiant attentivement les parois luisantes du puits et le trou obscur au-dessus de nos têtes, j'interroge mon père:

- Quand le réveil du Lion aura-t-il lieu ? Et que se passera-t-il alors ?

**Maitre de Jeu** Mer 14 Avr - 11:22

Delwin tient la corde fermement pour te faciliter la tâche.

"Il aurait dû attendre la fin des temps, mais il y a longtemps que cela n'a plus de sens.

Il faut d'abord constituer sa défense avant son arrivée et trouver un moyen de le lier à une source de pouvoir. Sans cela, il risque d'être chassé et de ne trouver personne pour le défendre.

Par la suite, cela dépendra plus de lui que de nous. Mais ses aspirations de liberté sont, je l'espère, plus grandes que celles de revanche."

Sance Mer 14 Avr - 13:57

Je monte à la corde tout en pensant aux paroles de mon père. Des puissances attendant l'éternité, Delwin devenu l'un de leurs intermédiaires, et moi impliqué sans que je comprenne vraiment mon rôle dans tout cela... J'attends de m'être rétabli au sommet du puits pour demander:

- Mais sur qui voudrait-il prendre sa revanche ? Etait-il si dangereux pour qu'on l'ait plongé dans cet état ?

Toujours plongé dans mes réflexions, j'ajoute :

" Vous voudriez donc le lier à une source de pouvoir, comme la Licorne à la Marelle, ou le Serpent au Logrus... Mais ce ne peut être ni l'un, ni l'autre."

* Toujours à chercher une troisième force... ou à la devenir. *

Effaré par la pensée qui me traverse, je m'exclame:

" Les atouts ? Cela pourrait-il avoir un lien avec les atouts ? Votre soeur Sand m'est apparue récemment pour me parler d'objets de grande pouvoir, liés aux atouts... D'ailleurs, l'un d'entre eux a été subtilisé récemment."

**Maitre de Jeu** Mer 14 Avr - 15:31

Delwin se hisse à la corde tout en te répondant, sans même avoir le souffle coupé par son exercice physique.

"Sa revanche contre le Serpent et ses séïdes, qui a forcé les Puissances à choisir entre la stase et l'exil. Toutes les Puissances étaient potentiellement dangereuses pour lui, regarde le résultat avec la Licorne, pour ne parler que d'elle."

Il s'extrait du puit, remonte la corde et la replace comme elle se trouvait à votre arrivée.

"Aucune des sources de pouvoir déjà liée ne peut l'être à nouveau. Mais pour créer une source d'énergie totalement nouvelle, il nous faudrait le Joyau du Jugement, qui n'est pour l'instant pas à portée. Je dois contacter son gardien actuel afin d'envisager un usage volontaire de ce dernier pour notre cause. Mais pour cela, il me faut attendre le bon moment."

Vous retournez vers l'entrée du temple où Delwin tire sur une corde pour souffler les lumières dans les canaux d'huile.

"Les atouts sont l'émanation d'artefacts créés pour lier les Ombres lorsque les Onze Puissances furent désignées. Qu'un Aiguiller change de main n'est pas choquant, même si cela reste délicat selon l'usage que son nouveau porteur en fait. Peu son réveillés et certains sont pour l'instant perdus."

Il fait le trajet inverse vers la grotte, alors que tu sens une nouvelle vague d'énergie du Lion passer dans ton corps sans plus te terrasser.

Sance Jeu 15 Avr - 9:06

Je suis mon père à travers le dédale de couloirs souterrains, soudain bien moins hostiles. Etrange de constater à quel point leur aspect a changé pour moi... Même ma réaction aux vagues d'énergie psychique est différente.

* Me serais-je accoutumé à la présence du Lion ? Ou me serais-je accordé à cette Puissance en absorbant ce remède ? *

Mon père ne semble pas partager l'inquiétude de Sand au sujet des Aiguilliers... et je connais le ton de mon père quand il ne souhaite pas de réponse de ma part. J'ajoute toutefois:

- Sand pensait que les atouts dans le jeu de bâtons pourraient cesser de fonctionner. Cela aurait un effet désastreux sur mes propres pouvoirs...

L'esprit assombri par cette pensée tout comme par les dangers qui nous guettent au dehors, je suis mon Père jusqu'à la sortie de la grotte. Alors que nous sommes sur le seuil, prêts à traverser les gorges de sable, je retrouve d'anciennes émotions quand je pose à nouveau cette question -- une question si souvent adressée à Delwin durant mon adolescence:

- Que faut-il faire à présent ?

**Maitre de Jeu** Jeu 15 Avr - 9:19

Arrêté devant la gorge qu'il reste à traverser, il sort son bout de tissu qu'il place sur sa bouche et son nez. Ce n'est pas parceque les rêves du Lion ne sont plus un obstacle que la nature en est moins hostile.

"Pour toi, nous allons profiter de ta présence pour te donner des armes nouvelles dans la lutte qui s'engagera bientôt. Pour ma part, j'ai des contacts à prendre pour préparer son réveil."

Il s'engage alors dans le défilé, avançant d'un bon pas. Ton état revigoré te permet plus facilement de le suivre jusqu'en haut du ravin. Une fois revenu dans les plaines plus tranquilles, vous vous dirigez vers le manoir familial.

Sance Lun 19 Avr - 18:24

J'accepte l'affirmation de mon père, réjoui à l'idée de séjourner dans ce qui, malgré tout, se rapproche le plus de ma patrie. Souriant doucement, je suis la silhouette de Delwin, animée de cette démarche, à la fois mesurée et incroyablement rapide, que je reconnaîtrais entre mille. Je hume l'air empli d'une odeur de sable sec, admirant encore et toujours la limpidité cristalline du ciel au-dessus de nos têtes.

Alors que nous cheminons à travers les hautes plaines, le profil tourmenté des Collines d'Obsidienne surgit à l'horizon. Et je retrouve les mirages dont notre monde est coutumier. Je sais que les Collines sont situées à une bonne journée de marche -- je m'y suis rendu de nombreuses fois adolescent -- et pourtant, tandis que nous les longeons, les Collines semblent tantôt s'approcher pour n'être situées à deux pas, tantôt s'éloigner tant qu'elles en sont réduites à un infime point. La sensation vertigineuse reste pourtant toujours étrangement familière. Et je constate avec amusement la curieuse sensation de réconfort qu'elle m'apporte.

- Je suis heureux de pouvoir passer quelque temps ici...

* ... en votre compagnie, Père. Mon voyage parmi les Ombres a duré si longtemps... *

Maintenant que mon esprit est moins inquiet, et mon coeur plus léger, j'aimerais parler avec mon père de tout ce temps passé loin de lui... Mais est-ce vraiment utile ? Ne m'a-t-il pas suivi tout ce temps, comme je le pressentais et comme l'affirmait Sand ? L'image de ma tante et le retour dans la maison de mon enfance ramènent à mon esprit des souvenirs plus sombres.

- Lorsque j'ai parlé avec Sand, votre soeur m'a donné des nouvelles inquiétantes au sujet de notre monde, qui avait eu sa part de problèmes récemment... Des problèmes que le roi Merlin du Chaos aurait involontairement résolus. Est-ce bien le cas ?

* Samadhi m'a prouvé à quel point on peut être déçu en retournant dans les lieux de son passé... Est-ce le cas une nouvelle fois ? *

**Maitre de Jeu** Mar 20 Avr - 9:59

"Il paraît qu'il a su éliminer un des derniers Guisel qui ont ravagé ce côté-ci des miroirs. C'est un exploît pour un homme seul, sachant combien de Shroudlings sont tombés pour en éliminé un seul. Le Chant des Résonnances était pratiquement leur seule arme contre eux."

Par bonds successifs dans le paysage, vous rejoignez le Manoir, où le majordome, Jasper, a le regard pétillant en te voyant rentrer. Son salut est chaleureux, tout en gardant sa place de domestique.

Alors que tu retrouves les lieux de ta jeunesse, l'annonce de ton retour se propage comme une traînée de poudre. Bon nombre de gens de maison trouvent une raison pour aller vaquer à leurs occupations dans le coin où tu te trouves. Tu en reconnais la plupart, même si le poids des ans ne les ont pas ratés, contrairement à toi.

Ton père te laisse retrouver tes pénates, qui n'ont pas changées depuis ton départ, alors qu'il s'occupe de régler la gestion de ton retour. Il a laissé entendre que vous vous attaqueriez rapidement au développement de tes talents, afin de poursuivre des objectifs où tu interviendras.

Sance Mer 21 Avr - 9:42

Le ballet des domestiques m'amuse et me touche. Après toutes ces années, ils sont encore là, se souviennent de moi, veulent me revoir...

En circulant parmi les couloirs de pierre claire et les salles à la décoration sobre et élégante, je suis frappé par une évidence : j'ai choisi mes demeures à travers les ombres en y cherchant toujours à retrouver cette demeure. J'ai noté quelques changements -- un vase manquant, une porte repeinte, un fauteuil remplacé -- comme les marques évidentes d'un lieu qui a vécu en mon absence. Tout comme j'ai vécu moi-même, loin de lui.

Mais lorsque j'entre dans ma chambre, une fois les domestiques partis, je constate que rien, littéralement rien, n'a changé depuis mon départ. Je retrouve avec plaisir l'austérité des murs blancs, dépourvus de tout dessin, et le sol lisse de marbre gris. Dans le coin le plus clair de la pièce, le chevalet attend patiemment que je reprenne mes dessins, le bureau de pierre grise est toujours couvert de livres tirés de la bibliothèque familiale, et sur les étagères, je retrouve, indulgent et condescendant à la fois, mes premières tentatives de sculpture -- des bustes bien peu ressemblants, je le remarque à présent. Je m'approche d'une fenêtre pour goûter au spectacle hypnotique des nuages caressant avec délicatesse les contreforts du Mont des Sept Couleurs. Si je devais compter le nombre de fois où, enivré de ce paysage affolant, j'ai peint, dessiné...

* Mais si tout est encore là, il y a aussi... *

Soudain dégrisé, je vais dans la partie la plus obscure de la pièce et tire le rideau derrière lequel se trouvait mon lit dissimulé dans une alcôve. Je m'assois lentement sur le bord du lit avant de prendre dans mes mains légèrement tremblantes un petit cadre de bois placé à son chevet. Mes yeux sont luisants quand mes doigts effleurent le cadre autour d'un portrait ancien, un peu maladroit, signé de ma main. Le visage d'une jeune femme blonde au teint pâle, souriante, heureuse. Je souris moi aussi, mais ce sourire est bien triste. Ma mère. Le dernier portrait avant que...

Les nuages courent toujours le long des pentes minérales aux couleurs insensées, alors que le jour progresse. Je finis par secouer la tête pour quitter ma nostalgie adolescente.

* Allons, Sance... Il ne sert à rien de s'apitoyer sur ce qui est perdu à jamais. Mieux vaut penser à ce que le futur peut t'apporter. *

Après avoir changé de vêtements -- mon équipement de voyageur est décidément trop lourd pour la chaleur un peu sèche de ces lieux -- je redescends pour retrouver l'un de ceux qui souhaitaient visiblement me parler, mais qui ne l'a pas fait... Jasper.

**Maitre de Jeu** Mer 21 Avr - 10:02

Jasper est occupé à organiser un repas qui, tu n'en doutes pas, disposeras de tous tes plats préférés. Te voyant arriver, il laisse la jeune femme de cuisine qui t'est inconnue et se dirige vers toi.

"Si Monsieur me permet, je souhaite faire savoir à Monsieur que je suis très heureux de revoir Monsieur dans le manoir familial. Nous nous sommes inquiétés pour Monsieur durant tout ce temps."

Il te sourit avec chaleur, puis, cet intermède hors protocole étant clos, reprend son ton et sa place.

"Monsieur a-t-il besoin de quelque chose ?"

Sance Mer 21 Avr - 15:53

La joie de Jasper est contenue mais communicative. Après tout ce temps, je n'étais pas sur de retrouver auprès de moi cette silhouette frêle en apparence mais si énergique. Les tempes ont grisé, les rides se sont creusées, mais Jasper est toujours le même, un homme plein d'humour subtilement dissimulé, à mi-chemin entre le serviteur et l'ami de la famille. Je réponds sur un ton complice:

- Ma chambre est dans un état impeccable, je te félicite, Jasper. Mais je n'ai retrouvé aucune de mes affaires de dessin ou de peinture. Pourras-tu me procurer de quoi barbouiller une toile ou deux ?

Après un bref instant de réflexion, je continue avec une voix plus grave:

- Oui, je suis resté au loin bien longtemps. Mon périple s'est bien passé, n'aie crainte. Mais il faut parfois s'éloigner pour comprendre à quel point on est attaché à certains lieux et certains êtres.

L'image de Darla jaillit devant mes yeux en m'emplissant d'appréhension -- où est-elle à présent ? Il faut que je la contacte rapidement...

- Au fait, s'est-il passé beaucoup de choses en mon absence ? Je veux dire... des choses qui ont affecté mon père ?

**Maitre de Jeu** Mer 21 Avr - 18:39

Il prend la pose alors qu'il réfléchit, se remémorant les moments d'importance de ces dernières années.

"Monsieur Delwin n'est pas homme à être affecté par des broutilles, ni à m'en faire part lorsqu'une chose le tracasse outre mesure. Je crois que les divers moments de ces dernières années où il fut contrarié par quelque chose furent liés à Madame Sand ou vous-même."

Cela ne fait que te conforter dans l'idée que ton père suivait de loin et discrètement tes mésaventures. Tu imagines fort bien certains passages de ceux-ci où il avait des raisons de s'inquiéter.

Somme toute, rien n'a directement touché les membres de ce monde, ce qui est rassurant.

Sance Jeu 22 Avr - 0:10

Apaisé par les paroles de Jasper, je conclus:

- Merci. N'oublie pas mes affaires de peinture, lorsque tu en auras l'occasion. D'ici à ce que tout soit prêt... -- je fais un geste en direction des fournaux -- je serai certainement dans ma chambre ou dans la bibliothèque.

Puis je retourne à l'étage... il y a bien longtemps que je n'ai pas effleuré la surface d'un certain atout, en dépit de mes désirs.

**Maitre de Jeu** Jeu 22 Avr - 13:51

"Bien sûr Monsieur. Tout sera prêt d'ici peu."

Il se courbe et se retire, te laissant rejoindre ta chambre de jeunesse.

Entre tes doigts, l'atout de Darla est froid et il manquerait peu de chose pour initier un contact. Mais la voir alors que tu ne pourras ni l'amener ici, ni la rejoindre est-il une bonne chose ? Depuis que vos lèvres se sont jointes, ce manque sur ta bouche ne voudra-t-il pas être comblé en la voyant, la touchant presque ?

Sance Jeu 22 Avr - 20:59

Je contemple le visage enchanteur de Darla tout en promenant mon index sur la tranche de l'atout.

* Impossible pour moi de partir, impossible pour elle de venir. La voir ne sera que frustration pour moi. Mais suis-je le seul qui importe ? Combien de mois se sont-ils écoulés pour elle tandis que je me consumais lentement en Ambre ? Que peut-elle penser de mon silence ? *

Darla a été tellement méprisée, tellement ignorée dans son enfance qu'elle doute toujours des sentiments qu'elle peut inspirer... Mon silence ne ferait que renforcer ses craintes, et les transformer en certitudes.

Le coeur décidé en dépit de mes propres doutes, j'initie le contact.

**Maitre de Jeu** Lun 26 Avr - 10:08

Concentré sur l'image de ta bien aimée, tu sens son essence être captée, en attente de réponse de sa part.

Soudain, c'est comme si l'appel était subitement coupé, alors qu'une image se fait en surbrillance de l'atout dans ta main. Le visage de Sand se fait dans ton esprit.

"N'appelle pas de chez ton père, tu risques de lui causer préjudice maintenant que le Sceptre est en balade."

Et le contact se brise.

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