Ambre
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Un et deux - Chapitre V

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Un et deux - Chapitre V Empty Un et deux - Chapitre V

Message  Méréas Jeu 23 Juin - 13:17

Jack était debout, nu, ses pieds à moitié enseveli dans le sable. La mer brassait les vagues et un étrange oiseau au plumage arc en ciel fendait le ciel. Il savait qu'il rêvait mais bon dieu que ce rêve avait l'air réel. Il pouvait sentir les embruns, la brise sur sa joue, le sable glisser entre ses doigts. Il se sentait bien comme si il sortait indemne d'une longue convalescence qui aurait du le conduire à la mort. Il tourna la tête à droite puis à gauche. Le paysage était singulier, d'un coté une cité accrochée à une montagne comme une moule à un rocher et de l'autre la même chose mais sous l'eau. Il ne bougea pas de peur de mettre fin prématurément à cette illusion onirique. Sa langue humecta ses lèvres desséchées par le sel marin.
Ce n'est qu'à la perception d'une odeur de putréfaction que ses narines se retroussèrent. L'odeur ne cadrait pas avec le paysage et Jack sut qu'il allait se réveiller.
Il lui fallut plusieurs minutes pour se rendre à la réalité.
Couché à même le sol, contre une benne à ordure, il se frappa les yeux avec des doigts crasseux. Il puait. Comme tous les matins depuis bien des mois il se demandait comment il avait pu en arriver là. La même réponse vint lui rappeler les plaisirs amers de la vie.
Une vie débonnaire où rien ne manque. L'amour, le succès, puis la folie, la drogue, la tromperie, la déchéance.
Erin l'avait quitté tout comme ses amis et ses investisseurs. Ses œuvres furent dénigrées, jetées à la poubelle par simple esprit de déni. Il ne trouva plus aucune main tendue à L.A. et enfin la ville pu le vomir comme elle aurait du le faire dès son arrivé.
Il fut un incident pour les rues dorées de la ville et Erin. Il l'avait aimé, sincèrement et avait regretté de lui avoir fait du mal. Il s'était cru, l'espace d'un moment, intouchable, inviolable. Mais en y réfléchissant bien, Erin et L.A. n'avaient fait partie de sa vie qu'une année, ce qui n'était pas grand-chose. On se réconforte comme on peut.
Erin trouva meilleur parti et fonda la famille dont elle avait rêvée. Elle oublia Jack, complètement, et mourut à l'âge honorable de quatre vingt huit ans. Pourtant à la dernière minute de sa vie, elle se souvient de lui. Elle était seule dans sa chambre obscure, les yeux contemplant le plafond sur lequel se reflétait la lumière des étoiles – elle ne fermait jamais ses fenêtres-.
Elle se demanda alors pourquoi elle ne l'avait pas soutenu, aidé. Après tout, elle aussi lui avait été infidèle à cette époque. Elle l'avait aimé et pourtant quelque chose en elle lui avait ordonné de le fuir. Et comment avait-elle pu l'oublier aussi longtemps. Une larme coula sur sa joue rigolant le long de ses profondes rides. Pourquoi ?


"Parce qu'il fallait qu'il en soit ainsi." fit une douce voix dans le coin de la pièce.

Erin aurait du sursauter, être effrayée, mais à son âge quant on sait que la fin est proche, on a que faire de ce genre de considération. Elle se contenta d'un :


"Qui ?

- Connaître mon nom n'adoucira pas plus votre fin.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas, peut être parce qu'il m'a un jour parlé de vous. Je ne pensais pas que vous l'aviez autant marqué, votre séparation fut si facile à orchestrer.

- Je vois."
Sans même s'en rendre compte, elle ne parlait plus mais pensait, simplement. La folie s'était-elle emparé d'elle à ce dernier instant ?

- Vous avez droit encore à une question puis je vous accompagnerais dans votre dernier souffle.

- Va-t-il bien ?

- Il n'est plus le même mais oui."


Et son cœur s'arrêta de battre. Elle sentit une présence à coté d'elle alors que les brides de son âme s'étiolaient. Elle put contempler celle qui était là alors que ses enfants et ses petits enfants dormaient tranquillement chez eux. Elle ne la connaissait pas et pourtant elle reconnue cette présence.
Elle l'avait déjà ressentie lorsqu'elle succomba au charme d'un bel italien. Elle l'avait réveillé la nuit où Jack contemplait le cadre qu'elle avait dépoussiérée.
Oui, le cadre. A cette pensée, l'autre présence s'engouffra dans ses souvenirs. Elle était là pour ca, pour récupérer le cadre, savoir où elle l'avait rangé.
Elle s'en souvenait. Longtemps conservé dans une malle de grenier, elle avait fini par le jeter au feu lors d'un grand ménage de printemps il y a quelques années.
Détruit !
L'esprit intrus parut s'en offenser, s'énerver, elle commença à torturer l'esprit de la vieille femme avant de s'apercevoir qu'il n'en restait rien.
Sa silhouette se détacha de l'obscurité de la pièce. Elle se dirigea vers le corps sans vie d'Erin et d'un geste doux lui ferma les yeux.


"Les voix de la Marelle sont impénétrables. Toi simple mortelle, tu as possédé la clef de la plus terrible des prisons. Et tu l'as détruite."Elle partit d'un rire nerveux.
Puis elle tomba genoux à terre et pleura.


"Libres, marmonna-t-elle, ils sont libres.

- En es-tu vraiment sûr ?"
la voix était sifflante, un peu chantante, rauque et croassante mais aucunement humaine. Elle avait parlé en Thari avec un fort accent.

La silhouette se releva et regarda à la fenêtre.


"Ils n'ont pas pu laissé cette opportunité s'échapper.

- Et alors ? Sont-ils si puissants ? Depuis les millénaires qu'ils ont passé la dedans, ils ont du finir par devenir complètement gâteaux.

- Tu m'énerves !"
Elle claqua des mains et un vent soudain les fit disparaître.

Mais cette scène se passa bien des années après que Jack ne se réveille à ordureland.
Il se releva tant bien que mal. Sale, sous alimenté et repère à vermines, il était devenu un déchet de la société. Même les autres SDFs ne voulaient pas de lui, il était seul.
Il avait bien tenté de regagner sa vie grâce à ses dessins mais le talent l'avait fuit et il n'avait plus touché un crayon depuis des mois.

***

Un et Deux, comme prévu, débattirent du précédent incident durant des mois sans se lasser. La pile de bouteilles avait encore gagné en hauteur. Souvent ils tendaient leur sens à la recherche d'un nouveau bruit, d'un nouvel indice et ce pendant des heures mais rien ne se reproduisit.


"Dis moi, crois tu qu'il faille que nous nous préparions ?

-Mais nous sommes prêt, à moins que tu ne veuilles emporter les bouteilles, ce qui je ne te le cache pas risque prendre du temps."
Un avait commencé à développer un curieux sans de l'humour que Deux, pour le moment, ne comprenait pas.

"Je pense que nous en trouverons dehors, si nous sortons."
fut sa réponse qui fit sourire intérieurement Un.

***

Jack squattait une ville du nom de Juxtown. Pitoyable, elle n'était qu'un bidon ville de la grande banlieue de L.A. dont la principale activité était le recyclage des déchets ménagers ce qui lui valait les honneurs de toute la racaille trop faible pour pratiquer le vol ou le racket.
Les malheureux s'étaient organisé en bandes et gangs afin de gagner quelques années de plus dans leur existence.
Jack devint le bouc émissaire de ses bandes qui le maltraitaient volontiers. Il n'avait ni la force, ni la motivation pour partir de là et semblait accepter son sort.
Le dernier incident survint un soir. Plus imbibés que jamais, ils, peu importe leurs noms, tabassèrent Jack jusqu'à la mort, enfin presque.
Son état était critique et l'endroit peu enclin à accueillir les secours. Il rampa le long d'un caniveau certain qu'il allait crever comme un chien. En quoi il avait tort, des chiens meurent plus honorablement que cela.
Il entendit des pas et leva les yeux meurtris pour contempler une paire d'escarpins rouge écarlate que la boue ne parvenait pas à souiller.


"Ainsi dont, voilà notre accident. Bordel, dans quel état tu es."


La mâchoire brisée, il ne peut prononcer un seul mot. La femme s'agenouilla, il la reconnu. Elle était dans le train qui l'avait mystérieusement amené jusqu'à L.A.
Il sut que ce ne pouvait être un hasard, il prit peur. Il toussa, cracha du sang, une côte avait transpercé le poumon droit qui se remplissait de sang.
La femme parut réfléchir quelques minutes. Mais nom de dieu, qu'attend-elle pour appeler les secours, l'aider !
Elle tendit la main puis se rétracta. Elle enfila un gant puis à nouveau tandis la main pour effleurer la tempe de Jack. Il sentit qu'elle pénétra son esprit et la peur céda la place à la panique.

"Calme-toi, je ne voudrais pas te perdre tout de suite.

- Qui êtes vous ? Que voulez vous ?

- Tu ne comprendrais pas, je t'ai longtemps cherché tu sais.

- Je ne comprends pas.

- Je sais, je viens de te le dire. Humpf, soit, je vais tâcher de t'expliquer rapidement. Tu as de la chance je suis dans un de mes bons jours."

Puis elle lui révéla l'existence d'Ambre, des princes, de la Marelle et du chaos. Les images s'enchaînèrent et Jack eu l'impression d'un lavage de cerveau. Les ombres, les démons, la sorcellerie, la femme lui survola l'essentiel. Il voulu ne pas y croire mais fut bien forcé.

"Mais alors je suis un prince ou quelque chose comme ça ?

-C'est ce que j'ai cru lorsque je t'ais vu la première fois, aussi je t'ai fais suivre, le plus étrange furent tes créations. Elles avaient quelques choses, une empreinte. On aurait presque dit des Atouts.

-Et ?"
Elle lui expliqua sommairement ce que les atouts représentaient pour elle et Jack commença à percevoir une bride de ce qui l'attendait.

"Et rien. Tu es un cas exceptionnel Jack. Vois-tu lorsque les ombres se croisent, se chevauchent, pour faire simple, elles forment ce que l'on appelle un nœud d'ombre. C'est un endroit dangereux où de nombreuses choses peuvent se produire. Généralement occulté par la plupart, elles peuvent être source de pouvoir pour celui qui s'y intéresse et en prend le risque.
Tu es un de ces nœuds. Je ne serais trop l'expliquer mais tu es une anomalie, un ombrien emprunt de pouvoirs, un croisement entre plusieurs facettes d'une même ombre, un pontage. N'as-tu jamais rien ressenti de particulier lorsque tu dessinais ?"


Jack lui raconta l'épisode du bar et de son dessin sous cadre.


"Oui je sais. Comme je te l'ais dis, je te surveille depuis longtemps. Je suis celle qui a réveillé ton amie pour te couper de ton attention mais je dois avouer que je n'avais pas prêté attention à ce qui t'avait capté alors. Ou est-il ?

- Je suppose qu'elle l'a toujours en sa possession. Erin. Je l'aimais.

-Alors il va me falloir le récupérer. Tu l'aimais vraiment ?

-Oui. De nombreuses fois j'ai tenté de la recontacté en vain. Je ne la blâme pas. Elle a sans doute eu raison.

-J'ai fais en sorte qu'elle t'oublie. C'était plus facile pour te surveiller mais je n'avais pas prévu que tu manquerais à ce point de combativité. Comment aurais-je pu deviner que tu disparaitrais ainsi ?

- Disparaitre ?

- J'ai le don de pouvoir retrouver qui je le souhaite mais dans ton cas, ce fut plus compliqué de part ta nature. Les fausses pistes furent nombreuses et je n'avais pas que toi à gérer.

- Et maintenant ?

- Je te l'ais dis Jack, tu es exceptionnel. Mais hélas pas important. Adieu."


La femme lâcha son emprise mentale et le visage de Jack s'effondra dans la boue. Moura-t-il étouffé ou d'une hémorragie, aucune autopsie ne fut faite. Il n'était qu'un vagabond qui avait été agressé. Ce fut le dernier incident concernant Jack.

La femme s'interrogea sur les dernières paroles de Jack. Elle trouva curieux qu'un homme après avoir été trahi, abandonné put encore ressentir de l'amour pour son ex. Elle haussa les épaules et s'en fut.
Elle mentira à une vieille dame dans bien des années sur l'état de santé de Jack.
Sa longue vie eut son lot d'expérience mais jamais elle n'avait rencontré quelqu'un comme Jack. Prit plus jeune elle aurait pu en faire un aide appréciable, il avait les facultés pour, un amant occasionnel, il avait été plutôt bel homme.
Avait-elle lors du voyage en train influé non seulement sur leur trajet mais aussi sur la destinée de Jack ou avait-il eu son potentiel bien avant ? Elle se rendit compte que malgré sa masse de connaissances, les ombres révélaient encore bien des secrets.
Elle oubliera Jack jusqu'à ce qu'un élément le ramène à ses bons souvenirs. Elle fera alors le lien entre un terrible danger et lui, plus particulièrement à un de ses dessins. Elle se rendra compte, trop tard, que Jack n'était pas un accident des ombres mais bien une création volontaire d'un esprit retors qui insidieusement mit en place un plan pour faire évader deux créatures qui vaudrait mieux qu'elles restent emprisonnées. Jack, instrument discret, quasi indétectable, hormis au hasard d'une rencontre dans un train. Jack qui rencontra Erin et qui l'aima. Erin qui pendant des années conserva un dessin aux étranges propriétés avant de le détruire par le feu ouvrant potentiellement une porte dans une prison sans fenêtre.
Elle se maudit. Elle avait sur le coup pourtant bien songé à récupérer le dessin, dans l'unique but alors de satisfaire sa curiosité. Mais qu'est ce qu'un dessin au main d'une simple humaine ? Une chose qu'on oublie dans la minute.


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