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Un et deux - Chapitre VI

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Un et deux - Chapitre VI Empty Un et deux - Chapitre VI

Message  Méréas Jeu 1 Sep - 12:51

Un regardait Deux du fond de ses orbites. Voilà des heures qu'ils ne s'étaient pas adressés un mot, un silence qui habituellement pouvait durer des jours mais pas cette fois. Lors de ces moments de calme chacun en profitait pour faire le vide dans son esprit. A cet instant, au contraire, leur intellect fulminait. Ils étaient tellement accaparés que la simple idée d'émettre un son n'existait plus.
Si Deux élaborait des plans en tout sens, dont certains pouvaient paraitre machiavéliques, Un ne cessait de s'interroger sur les derniers événements.
Il a fort longtemps, il était épris de liberté et de vengeance. Mais ces années, ces siècles, à rester là, tapis dans l'ombre, à boire un vin qui n'avait plus de saveur et à discuter sans fin autour des mêmes sujets, tout cela l'avait lassé.
Il n'avait plus goût à rien si ce n'est pour un humour particulier qu'il avait développé ces derniers temps. Humour qui tombait à l'eau car son seul auditoire, Deux, était très loin de ces considérations.
Deux restait immobile, pas un de ses os ne tremblait et il n'avait pas touché son verre depuis des jours. Il sentait que la fin approchait et il voulait être près. Un l'inquiétait. Les derniers débats qu'ils avaient eu n'avaient plus la passion du début, comme si Un baissait les bras. Peu importe, se disait-il. Après tout, ils ne se connaissaient à peine avant d'être emprisonnés ensemble. Et même si aujourd'hui ils se ressemblaient plus que des jumeaux en leur corps et âmes, la différence et le naturel reviendraient d'eux même une fois dehors.
Et pour la première fois depuis tout ce temps, Deux n'avait pas envie de parler.

Un tenta de percer les pensées de Deux. Il le connaissait assez pour savoir que son compère n'était pas, comme lui, avachi dans sa mélancolie.
Deux avait toujours été le plus vindicatif dans leur conversation, surtout au début. Il prit son verre et constata qu'il était vide. D'une main automatique, il tendit le bras et saisit la nouvelle bouteille qui apparut, une fois de plus.

C'est alors que survient les deux derniers événements qui allaient marquer la fin.

Loin, très loin, dans une ombre appelée Terre, une femme jeta un tableau dans les flammes.

Un regarda versa la bouteille pour remplir son verre mais rien. Pas de vin, pas d'eau, rien. La bouteille était vide. Extraordinaire. Il contempla l'objet, tentant de comprendre.
La source mystérieuse s'était-elle tarie enfin ?
C'est ce qu'il pensa quant un reflet vint taper le fond de son orbite gauche. De la couleur !
Il avait perçu de la couleur, ou plutôt l'avait senti. Un sensation de chaleur, de douceur l'envahi immédiatement. Il allait rire, hurler, mais se retint. Il fallait en informer Deux.


"Deux ?!"

- Chuutt,
fit se dernier. tu ne sens donc pas ?"

Intrigué, Un oublia un instant la bouteille qu'il tenait toujours et aiguisa ses sens. En effet, quelques secondes plus tard, il sentit quelque chose. Une chose volatile, grise, chaude mais désagréable. Cela est imperceptible mais grandissait.

"Qu'est-ce ? demanda-t-il ?

- De la fumée je crois,
hypothéqua Deux.
A peine avait-il prononcé ce mot, qu'une immense gerbe de feu envahit les lieux.
La panique s'empara des deux êtres.
Ce n'est pas la peur des flammes qui les terrorisait mais bien la soudaineté de l'événement.
Depuis des siècles où rien ne s'est passé, hormis quelques incidents récents mais mineurs, une telle manifestation avait de quoi effrayer quiconque.

Le feu semblait s'attaquer aux parois de leur prison comme des flammes sur des rideaux. Le sol tremblait, les bouteilles commencèrent à s'effondrer menaçant leur précaire plateforme. Ils se levèrent. Un ne savait que faire, son esprit était en proie au chaos, à la confusion.
Deux se remit de sa panique et examina la manifestation. Il était près, il savait que cela allait arriver. Sa maitrise de soi était bien supérieure à celle de son ami.
Il chercha l'origine des flammes, elle ne fut pas dure à repérer.

"Viens Un !"

Glissant sur le lit de bouteille, il se précipita vers la sortie ignorant les flammes qui l'entouraient. Ses habits partirent en fumée, le laissant nu de tous tissus.
Le long et fin squelette enjamba rapidement des vagues de verre qui commencèrent à se former. La montagne allait s'écrouler.
Il se retourna et vit plus loin Un immobile. Il n'avait pas bougé.
Il secoua la tête et murmura un adieu à son ami avant de disparaitre dans les flammes.

Quelque part sur l'ombre Terre, brulait un tas de détritus, de vieilleries. Quelqu'un se débarrassait des toutes ces choses inutiles qu'on entrepose dans un grenier.
Un tableau finissait de se consumer quant une main, sans chair ni peau en sorti. Elle s'appuya sur le rebord du cadre et fut suivi d'un long cubitus, d'une articulation, d'un humérus pour finir par un squelette tout entier.
Heureusement pour le cœur des habitants de la maison, ils n'étaient pas là pour voir ça.
Le squelette tourna la tête deux ou trois fois avant se s'enfuir dans un sous bois en bout de propriété.
Deux était libre et ivre de vengeance.

Un avait peine à tenir debout tant le sol tanguait. Les flammes l'entouraient maintenant à quelques centimètres. L'Ombre s'effondrait sur elle-même et il n'y pouvait rien.
Deux l'avait laissé mais il ne lui en voulait pas. Depuis toujours il suivait la doctrine de la loi du plus fort. Deux avait su rester mettre de lui, lui seul méritait la liberté.
Il se dit qu'il boirait bien un dernier verre. Mais les verres étaient perdus et il se décida de boire directement à la bouteille.
Il se souvint alors de l'absence totale de liquide dans la bouteille, la dernière qu'il avait sortit du néant. Dommage, se dit-il.
Il la laissa tomber au sol et elle se brisa en plusieurs morceaux.
Il contempla les morceaux tentant de déterminer machinalement les angles des brisures. Il y parvint aisément. Les flammes fleuretaient avec sa bure qui s'enflamma le faisant apparaître comme une torche morte-vivante.

Le dernier incident n'eu pas Deux comme témoin mais seulement Un. Alors que l'ombre s'effritait et menaçait dans la seconde de disparaitre, la bouteille brisée se reforma. Interloqué, Un la saisit et chercha l'éclat qu'il avait perçu. Au lieu de cela, il vit et il n'y croyait pas ses orbites, une image en suspension. Il connaissait cette image.
La Marelle !
Une marelle lui tenait face. L'Ombre n'existait plus et Un flottait désormais dans l'abysse.
Il tenta de percevoir quelque chose mais rien ne vint à lui.
Après quelques instants, une voix se fit entendre au plus profond de son âme.


"Tu aurais du disparaitre dans les flammes.
Tu es ici au plus profond de l'abysse, là où même le plus puissant des puissants ne pourrait survivre.
La magie de la bouteille ne te protégera pas plus d'un espace du temps qui s'écoule ici, à peine le temps d'une pensée.
Ton frère d'emprisonnement s'est échappé, cela n'aurait pas du être.
Vas, trouve le, détruis le et j'oublierais tes fautes."


Un reconnu cette voix, celle de leur geôlier. Oh, comme sa rage fut grande à cette instant, mais elle sombra dans l'abysse pour laisser la place à autre chose.

"Je le trouverais mais ne le détruirais point, je laisse désormais ces choses à d'autres."

La voix du trouver cela suffisant car l'instant d'après, Un fut ramener ailleurs bien loin.
Un était libre et ivre de compassion.

Méréas
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