Re: D'un amour à l'autre (Darla)

Darla Mer 10 Fév - 12:06

Croisant les bras sur ma poitrine, je lui lance un regard noir. Pourquoi ne m'a-t-il pas dit dès le départ son plan à lui ? C'est pronfondément ridicule...

- Ne pas l'utiliser ? C'est à voir. Que proposes-tu, à terme ? Te terrer toute ta vie ? Nous avons une occasion en or de nous débarasser de Shu et de faire réfléchir à deux fois ceux qui voudraient nous pourchasser, et toi tu préfères vivoter sur un acquis éphèmére ? Non, je ne peux imaginer que ton propre plan soit aussi mesquin. Qu'as-tu à proposer ?

**Maitre de Jeu** Jeu 11 Fév - 10:41

Son regard se fait plus dur à tes reproches.

"L'occasion de te débarasser de Shu ? Nous l'avons eue il y a quelques heures et nous n'en avons pas profité. Que crois-tu ? Que Tak va nous permettre à deux d'investir le repaire familial de Shu et que nous allons pouvoir l'éliminer tranquillement avant de repartir en sifflant ? Qu'après notre exploit, nous n'aurons pas trois fois plus de guerriers comme Shu prêts à venger l'honneur de la famille ? Ouvre un peu les yeux et arrête de ne penser plus loin que le bout de ton nez. Pense un peu aux implications géopolitiques de tes choix."

Zork se dresse face à toi, plus grand, impressionant.

Darla Jeu 11 Fév - 11:38

Instinctivement, je lève la tête et me tiens bien droite, pour paraître moins petite :

- Et te terrer pour l'éternité, c'est donc cela que tu proposes ? Tu trouves ça mieux ? Tu n'as même pas entendu mon plan que déjà tu me critiques. Qui t'a dit que je n'avais pas songé à la suite des évènements ?

Je plante mon regard plein de défi dans le sien. Les doux instants de la confidence ont, en quelques minutes à peine, totalement disparus...

**Maitre de Jeu** Ven 12 Fév - 10:38

Exaspéré, Zork tente de ne pas en rajouter une couche.

"Soit, je t'écoute !"

A-t-il déjà son avis bien avant que tu ne donnes ton plan ?

Darla Ven 12 Fév - 12:35

Boudeuse, j'ai envie de tourner les talons et de me poser dans un endroit en paix. Comme je le faisais à chaque dispute avec ma mère... Mais je ne suis plus une petite fille et il est temps, il semble, que je grandisse un peu. Je reste donc, et expose d'une voix calme mon plan :

- Donc, comme je le disais, on amadoue Tak. Ensuite, il me mène dans les passes de Shu, mais avec, pour sécurité, une extension de ton Logrus sur moi. En cas de souci, comme tu seras en contact psychique avec moi tout le long, tu n'auras qu'à me ramener... Bien sûr, pour le cas où il lui prendrait envie de me suivre, on aménagera un terrain empli de pièges. Mais il n'aura logiquement pas eu le temps de se préparer à la gravité d'ici... Donc cela ne devrait guère poser de souci.

Le plan est dangereux, mais il aura l'effet de la surprise. Certes, sa famille nous en voudra. Mais elle nous en veut déjà. A moins de l'exterminer, elle et tous les prêtres du serpent, on n'aura jamais la paix. Au moins, maintenant, ils nous craindront.

Soudain, je me tais. *A moins de l'exterminer, elle et tous les prêtres du serpent, on n'aura jamais la paix...*

Je lève les yeux sur Zork. Ce que je viens de dire me fait mal soudain. Comment pourra-t-on jamais tuer tous les prêtres ? Sommes-nous condamner à ne pouvoir jamais rentrer chez nous ? Dois-je comprendre que je ne reverrai jamais mes passes ? Ni tous ces lieux où j'ai grandi ? L'abysse restera-t-il pour jamais loin de mes yeux ?

Je ferme les yeux quelques instants, tentant de maitriser la boule d'émotions - rage, regrets, déréliction - qui me vrille le ventre et m'amène au bord d'un vertigineux précipice intérieur. Je continue, sur un ton tremblant cependant.

- Une fois ce petit ménage printanier fait, il sera peut-être bon que tu prennes contact avec ta mère. Si, comme tu dis, elle était liée avec Dara et Mandor, alors elle doit savoir où le roi.

Malgré tout, je ne peux empêcher les larmes de rouler sur mes joues ni mes lèvres de trembler. Je regarde Zork soudain fragile, vulnérable. Redevenant soudain la petite fille que je fuyais il y a une minute.

- Zork... On ne pourra jamais rentrer chez nous, n'est-ce pas ?

**Maitre de Jeu** Lun 15 Fév - 10:44

Son regard se fait moins dur quand l'affreuse vérité fait enfin jour dans ton esprit.

"Pas dans les prochaines années, non. Tu l'as enfin compris."

Le reste de ton discours n'importe peu, car il vous est impossible de tuer tous les Hendrake, tous les prêtres du Serpent et leurs fidèles, pour enfin goûter à la paix et retrouver votre héritage. Cette vie est finie et une autre commence, remplie d'ennemis modérés et d'un adversaire farouche.

"Il nous faut laisser passer un peu de temps, avant de retrouver Merlin. Il doit préparer sa revanche et nous saurons sans doute quand le vent changera pour le rejoindre."

Darla Lun 15 Fév - 11:31

J'aurais voulu un pas, un geste de consolation. Une caresse dans mes branches ou une épaule sous ma tête. Mais Zork ne fait rien, restant immobile devant moi.

J'essuie mes larmes. Je suis seule, sans passé pour me servir d'espoir.

Je suis seule, avec un dieu qui ne veut plus de moi. Certes, je n'avais jamais voulu de lui, mais au fond j'étais rassurée de savoir que je faisais partie de sa patrie. Maintenant il m'a reniée comme je l'ai renié. Ce faisant, il est devenu pour moi une entité autre. M'élever contre lui n'est même plus blasphémer. La coupure est faite, définitive. Douloureuse, me laissant dans un vide métaphysique oppressant.

Je suis seule.

Je regarde le paysage plat autour de moi. Pas un arbre qui s'élève contre la gravité. A chaque univers sa fatalité.

Mais je refuse de me laisser coucher par une force qui me dépasserait. Je m'élèverai toujours. Sans doute je n'ai pas les idées, je n'ai pas la vaste compréhension des choses comme Ygg. Je ne suis rien qu'un être balloté par les évènements... Je paye pour une faute que moi et ma mère avons commises dans l'innocence de la bêtise. Nous avons été les personnages burlesques d'une tragédie historique.

Employer ce "nous" pour parler de ma mère et de moi m'apaise un peu. Non, rien ne pourra jamais effacer mon passé. Il sera là, avec moi, dressé fièrement contre ce monde qui veut nous écraser.

Je suis seule, mais s'il faut détruire le monde pour qu'il ne me détruise pas, alors je le ferai.

Je regarde Zork d'un regard dur - car dur je veux que désormais soit mon cœur, que je ne peux plus autoriser à être fragile. Un long silence vient d'avoir lieu, que je brise d'une voix grave :

- Et bien soit. Restons ici alors.

Je pose mon regard sur le plat univers. Il doit y avoir, au loin, une montagne dont la matière est assez forte pour résister à la gravité. Je veux trouver la force, physique et morale, pour l'escalader. Je veux me prouver à moi-même que les limites sont faites pour être dépassées. A commencer par les miennes.

- Je reviendrai.

J'avance. Je suis prête à utiliser ma dent de requin pour trouver cette montagne dans cette gravité.

**Maitre de Jeu** Lun 15 Fév - 12:54

Darla n'a nul besoin de changer d'Ombre pour atteindre la montagne sacrée, celle que nul ne peut escalader car les Dieux attirent leurs fidèles vers le bas. De plus, le manque d'oxygène dans les hauteurs doit rendre encore l'exercice plus périlleux.

Zork laisse Darla exprimer sa frustration. Il sait que quoi qu'il fasse, son geste pourra être mal interprété. Il en est toujours ainsi de son amie lorsqu'elle est soumise à l'énervement. Darla ne voit donc pas, alors qu'elle s'éloigne sur un coup de tête sans même emporter de quoi survivre, le regard de Zork posé sur elle, comme celui d'un frère à défaut d'un amant.

Le voyage est long et ne pouvant changer d'Ombre pour trouver de quoi se nourrir, Darla est forcée de faire avec ce que la nature ingrate de la région lui apporte. Heureusement, les rivières sont foisonneuses et les poissons gras. Mais qu'en sera-t-il lorsqu'elle sera sur son rocher, à braver le vent, le froid et l'aridité des lieux ?

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