In Vinna Veritas (Darla, Sance)

Alors que ses mains et ses lèvres dénudent et parcourent ma peau je ne suis que frisson et surprise. Un frisson long, continu, et agréable pourtant - bien plus agréable que celui du vent parcourant mes feuilles.

Je me laisse faire, ardente pourtant, imaginant déjà parcourir à mon tour les terres charnelles de l'autre, un peu peureuse tout de même, déjà reconnaissante de ces sensations nouvelles que je ne comprends pas trop : me donnait du plaisir - un plaisir inconnu et savoureux - tout en me donnant envie de plus encore...

Quand soudain il gémit. C'est un gémissement que je connais : c'est un gémissement de douleur. Aussitôt je sors de ma transe, inquiète, me redressant quand ma taille se ployait déjà sous son étreinte.

- Sance !

Je passe mes mains dans sa chevelure, sens sa mâchoire crispée, me souviens, culpabilise.

- Ta blessure ! Nous sommes fous !

Dans un geste tendre je caresse ses tempes, ses cheveux, attends que la douleur se calme, soucieuse.

- Nous avons tout le temps maintenant, puisque tu ne partiras plus, dis-je dans un souffle.

Une fois que je le sens moins crispé, je m'allonge contre lui, prenant sa main et la posant juste sur mon sein découvert, pour ne pas perdre cette douceur nouvelle et agréable,écoutant son souffle avec attention, calmant ainsi le mien, attendant qu'il s'endorme avant de m'endormir moi aussi d'un sommeil un peu trouble et inquiet.

Spoiler:

Lorsque je me réveille, je suis d'abord surprise d'être si confortablement installée, me demandant vaguement depuis combien de temps j'avais oublié ce que pouvait être un matelas ou une couverture... Ce qui me tire un peu plus de mon sommeil, c'est la sensation qu'il me manque quelque chose - sensation un peu vaporeuse encore, pas bien nette dans tous les cas, jusqu'à ce que ma main s'égare sur le côté et que je me rende compte plus nettement d'une absence.

- Sance !

Je me redresse, soudain très éveillée, déjà coupable d'avoir dormi et de n'avoir su veiller sur lui. On l'a kidnappé !

...

Je prends le temps de mieux me réveiller, réalisant que je me serais sans doute rendue compte si une tierce personne était entrée dans la pièce. Sans doute Sance est-il tout simplement réveillé. Je me rassieds et, avec un sourire vague, me recoiffe comme je peux avec mes doigts pour me rendre présentable, après m'être reboutonnée en rougissant. Je me dis qu'un peigne ne serait pas du luxe, ainsi qu'une bonne douche, et un habit nouveau. Celui-ci ne me...

Je m'arrête toute seule. Que suis-je en train de penser ? Je rougis de nouveau toute seule et descends du lit, partant en quête de Sance, sans doute dans la maison, ouvrant les pièces une par une pour enfin tomber sur lui. Je n'ose pas trop entrer dans la pièce - il a l'air occupé à quelque chose, ça le regarde - et dit simplement avec un irrépressible sourire :

- Bonjour ! Tu as faim ? Tu veux que je réchauffe un peu de viande ? Ta blessure va mieux ?

Je rougis une troisième fois en pensant à ce que nous faisions quand la-dite blessure nous a interrompus. Et si j'avais rêvé tout ça ? Ce sentiment de quiétude est-il bien fondé ? Je me sens si bien... c'est si étrange... si agréable !

Plusieurs heures, un repas et quelques préparatifs plus tard, j'ai enfin fini mon travail. Dans ma main, je tiens un nouvel atout, que je regarde pensivement avant d'appeler Darla dans mon bureau:

- J'ai terminé. Nous allons peut-être partir pour les Cornouailles... Tout dépendra de la conversation que je vais avoir maintenant. Reste à mes côtés, et prends ma main quand je te l'indiquerai.

Nous nous installons face à l'un des murs de ma bibliothèque, de sorte que Darla apparaisse clairement à côté de moi et soit prête à me prêter main forte. Puis, regrettant déjà le bonheur suspendu des quelques heures passées à Vinna, j'initie le contact d'atout.

Je regarde encore pendant quelques instants la carte de Rinaldo, pensif, avant de regarder à nouveau Darla, sentinelle immobile. J'aimerais chasser la ride d'inquiétude à mon front... mais c'est impossible.

* Ne suis-je pas sur le point d'entraîner Darla dans un piège encore plus dangereux pour elle que pour moi ? *

Caressant un instant l'idée d'appeler mon père en présence de Darla, je finis par constater:

-Je vais devoir contacter mon père. Il ne parlera pas librement si je ne suis pas seul...

Je vais suivre la recommandation de Rinaldo et préparer notre arrivée. Y a-t-il des objets, des armes ou des protections dont tu auras besoin, et que tu n'as pas trouvés ici ?

* Après tout, un croquis d'atout suffit pour tirer du néant ce que Darla peut désirer dans ce domaine. *

Puis je me dirige vers mon étude pour tirer l'atout de Delwin.

Voyant que Sance ne revient pas, je décide qu'il faut peut-être refaire à manger. Une fois cela fait, je joue aux mikados contre moi-même.

* Cette combinaison lui va à ravir. Si seulement je n'avais pas cette maudite blessure ! *

Mais mes regrets s'envolent devant la spontanéité et l'énergie de Darla. Une part de moi est en accord avec son impatience, l'autre regrette déjà le retour dans les tourments des Cornouailles.

- Oui. Mais avant de reprendre contact avec Rinaldo, j'ai encore une chose à te montrer. Je t'ai dit que je te protégerai des incursions magiques en Cornouailles, tout comme tu me protégeras des attaques contre moi. Mais ceci pourrait t'être utile.

Je prends l'atout posé sur mon bureau et le tend à Darla. On peut y distinguer un bouclier traversé de trois bandes verticales, rouge, or, brun, qui repose sur un mur de pierre moussues.

- Ceci est un atout d'un type un peu particulier. Il ne mène nulle part et n'appelle personne. Il contient un sort capable de te protéger de tentatives de manipulations par le biais de la magie, du Logrus ou de la Marelle. Je vais jeter ce sort sur toi lorsque nous serons dans les Cornouailles -- je sens Darla se crisper à cette idée, et donne à mes paroles un ton plus apaisant -- mais la résistance de l'Ombre finira par le faire disparaître... et je ne serai peut-être pas à tes côtés pour relancer un sort similaire immédiatement. Considère cela comme une sauvegarde en mon absence : si tu penses que la protection contre la magie s'est érodée, concentre-toi sur l'atout... Mais attention, il ne fonctionnera qu'une seule fois -- tu devras me le ramener ensuite.

Une ride soucieuse se marque à mon front.

- Et méfie toi de tout sur place. Atouts, armes, soldats, rois... rien n'est sans danger a priori. Il ne faut avoir confiance en rien ni personne. Encore moins dans les Cornouailles qu'ailleurs.

Je sens la tension qui électrise mon bras, puis tout mon corps alors que je reprends l'atout de Rinaldo.

- Tu es prête ?

La pièce d'arrivée est sobrement décorée, dans ce qui doit être un château fort, des tapis suspendus visant à limiter le froid des murs. L'âtre est froid, comme le lieu, même si vous avez connu bien pire.

Une fois tous deux présents, Rinaldo lâche la main de Darla et se déplace vers la porte afin de sonner un domestique.

"Je vais vous faire raccompagner dans votre chambre, émissaire. La Duchesse vous accompagne, si j'ai bien compris, jusque dans celle-ci. Doit-on fournir un quelconque aménagement adapté à son repos ?"

Ayant côtoyé des chaosiens, il sait qu'un lit ne représente pas nécessairement pour eux un endroit propice au sommeil.

Parlant d'elle sans le lui demander directement permet de la reconnaître comme un garde veillant à disparaître pour laisser l'objet de sa protection au premier plan. A moins que cela ne soit un retour de respect face à son attitude pour traverser l'atout !?